DOSSIER PORC
Défendre le revenu des producteurs
Interview : Gérard Bourcier, responsable régional porc évoque la crise traversée par les éleveurs et leur mobilisation pour l’action du 7 novembre.
Les cours du porc replongent et les éleveurs se trouvent une nouvelle fois en crise. Comment expliquez-vous cette situation ?
Gérard Bourcier : Cette nouvelle crise est assez surprenante en effet, car, parallèlement à la baisse de la consommation en Europe, la production baisse aussi en Allemagne, en Espagne, au Danemark. Globalement,
le cheptel reproducteur recule de 6 % et la production totale de plus de 2 % pour les 27 pays de l’Union européenne.
Logiquement, ce réajustement devrait jouer en faveur d’une remontée des cours, mais cela ne se vérifie sur aucune place européenne. Et cela nous inquiète car les entreprises entrent dans la phase de négociation des contrats avec la grande distribution et cette baisse risque de donner le ton pour toute l’année à venir.
Pourquoi cette baisse de la production ?
Les éleveurs allemands, par exemple, ont renouvelé leurs bâtiments et sont donc surendettés. Beaucoup ont arrêté. Par contre, en France, les éleveurs n’ont pas investi dans les bâtiments car la succession des crises ne leur a pas permis d’investir.
Crise, surendettement, retard dans la modernisation… n’est-ce pas dommageable pour cette production ?
Absolument. Avoir des bâtiments anciens ou vieillissants constitue un réel danger pour l’avenir car il est synonyme de perte en indice de consommation. On sait bien qu’investir dans un nouveau bâtiment est rapidement compensé par l’amélioration des résultats. Mais encore faut-il en avoir les moyens. D’où le constat de l’Ifip (Institut du porc) du vieillissement du parc de bâti français, ce qui équivaut à une perte de résultat technique.
C’est l’un des objectifs du plan bâtiment ?
Absolument. Mais ce plan ne concerne que la mise aux normes des bâtiments pour le bien-être des truies gestantes. Il faut bien constater que l’enveloppe 2008 n’a pas été beaucoup sollicitée pour les raisons que j’évoque plus haut. C’est dommage, d’autant que les éleveurs ont trois ans pour réaliser les travaux. Je les encourage donc à faire appel à cette enveloppe d’ici la fin de l’année.
Faut-il craindre que les aides ne soient pas renouvelées ?
Le risque de ne pas solliciter les aides, c’est de les voir disparaître. À la FNP, nous avons d’ores et déjà demandé que l’enveloppe soit reconduite sur les mêmes montants, afin que les éleveurs puissent faire face aux obligations réglementaires.
Pour en revenir à la crise, des actions sont-elles envisagées par les éleveurs ?
Ce qui est sûr, c’est que les éleveurs ne supporteront pas une baisse telle qu’elle s’amorce depuis deux semaines. Le fonds d’allègement des charges a affecté une somme de 100 millions d’euros. Ces aides non seulement augmentent le taux d’endettement, empêchant ainsi les éleveurs d’investir, mais comme elles sont à court terme, elles sont remboursables actuellement, alors que les cours baissent. La situation n’est plus tenable.
C’est pourquoi les éleveurs de porcs s’associent à l’action mise en place par la FNSEA ce vendredi 7 novembre.
Vous allez donc manifester devant les GMS et à la préfecture ?
Tout à fait. Les entreprises subissent la pression de la GMS et baissent le prix payé aux producteurs qui sont la variable d’ajustement. Comment les producteurs peuvent-ils répercuter leur coûts de production et converser dans ces conditions une capacité de renouvellement de leur outil de travail ? Le président de la République s’est trompé de collaborateur pour améliorer le pouvoir d’achat des Français. Il a pactisé avec la grande distribution. En réalité, c’est elle qui crée le chômage car elle compresse les entreprises qui n’ont alors d’autre alternative que de licencier.
M.L.-R.
La suite dans l'Anjou Agricole du 7 novembre 2008 :
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