ÉCONOMIE
Élevage : les raisons d’y croire
Ingénieur de recherche à l’Inra de Nantes, Vincent Chatellier était invité de l’assemblée générale d’Élevage Conseil Loire Anjou, le 6 juin.
“Avec, chaque jour sur terre, 200 000 habitants de plus, il est une évidence que l’agriculture, il y en aura toujours, même si elle prend diverses formes, même si des questions se posent quant à sa rentabilité”.Vincent Chatellier, économiste à l’Inra de Nantes, a commencé par rappeler l’ampleur du défi alimentaire mondial, en réponse aux doutes sur la pérennité de l’agriculture et surtout de l’élevage.Face à la croissance démographique en Asie et en Afrique, le défi pour l’agriculture et l’agroalimentaire français est de “passer le cap de la mondialisation”. L’économiste voit dans les actuelles restructurations un signe positif, citant la fusion d’Agrial et Eurial : “Le monde qui accompagne l’agriculture se modifie à une vitesse impressionnante”.
Autre défi, l’intensification : avec deux fois moins de terres arables par tête en 50 ans, “augmenter la production du facteur sol est essentielle, c’est l’esprit de l’AEI.” Au rythme où va la consommation mondiale, il faut produire 16% de viande bovine en plus, 16 % de viande de porc et 28% de viande volaille.
D’autres facteurs de réussite que le prix du lait
Sans sous-estimer les difficultés de l’élevage liées à la volatilité des prix des matières premières, Vincent Chatellier propose de “tonifier la relation entre agriculteurs et aval, par le biais des contrats”. Il invite aussi, en lait, les éleveurs à ne pas piloter leur exploitation à l’aune unique du prix.“Le prix du lait n’est pas l’alpha et l’oméga de la réussite. Il existe d’autres clés : la réduction des coûts de production, l’amélioration de la productivité du travail, de celle du sol...”
La tentation de l’abandon de l’élevage pour des céréales plus lucratives ? Le chercheur n’y voit pas, pour cette région de l’Ouest, une voie sérieuse d’avenir pour les futurs agriculteurs.
Et de rappeler, parmi une avalanche de chiffres : les primes Pac ont représenté sur les sept dernières années 83 % du revenu agricole français, avec 31 000 euros de moyenne par exploitation. Autre raison d’être optimiste : “le budget Pac n’a pas été sacrifié. Mais il faut maintenant que les politiques donnent le sens de la redistribution entre éleveurs et céréaliers”.
Relancer la productionde viande bovine
Quelles perspectives en viande et en lait ?“Il faut relancer la production de vaches allaitantes”, a martelé le chercheur. Notamment pour assurer l’indépendance en viande bovine et pour compenser la diminution continue du cheptel laitier, qui va encore s’accentuer avec les progrès de la génétique.“En France, la baisse de la production de viande bovine va plus vite que celle de la consommation.” Il encourage la filière à adapter l’offre aux jeunes consommateurs et à valoriser les produits.Le risque, sinon, est de connaître le même sort que la filière ovine.
En lait, la filière a de beaux jours devant elle, à condition d’investir sur l’export (déjà 35% de la production hexagonale). “Le défi mondial : trouver 16 milliards de litres de lait chaque année, soit quatre fois la production du Danemark”. La France, avec ses 24milliards annuels, peut faire mieux : “c’est le pays qui a le plus fort potentiel, si l’on structure le secteur laitier dans la perspective de la fin des quotas, souligne Vincent Chatellier.On passe à une régulation privée.Il faut des responsables agricoles capables d’avoir une vision”.
S.H.
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