Loire-Bretagne
Les coopératives et le négoce impliqués dans la préservation de l’eau
Conseils, préconisations, évolution des pratiques agronomiques : les coops et le négoce s’engagent à plusieurs niveaux pour préserver la ressource en eau.
Sur le bassin Loire-Bretagne, il y a un tiers des coopératives françaises. Leur rôle, tout comme celui des entreprises de négoce, est essentiel dans les enjeux de qualité de l’eau et de gestion quantitative. Après une première rencontre à Clermont-Ferrand, l’agence de l’eau Loire-Bretagne a organisé, jeudi 15 décembre, une journée d’échanges à Angers, alors que se prépare le 10e programme d’action, qui prendra effet en 2013. Les prio-rités de ce programme seront l’application de la directive cadre sur l’eau traduite dans le Grenelle de l’environnement, la mise en œuvre du Sdage, la lutte contre les pollutions diffuses et l’amélioration de la qualité des milieux aquatiques, avec en ligne de mire, l’objectif de deux tiers des eaux de bonne qualité en 2015.
À plusieurs niveaux, celui de la parcelle, de l’exploitation ou du bassin versant, les coops et le négoce sensibilisent leurs adhérents, expérimentent, innovent. Avec un leitmotiv, répété lors de cette rencontre angevine par de nombreux intervenants : prendre les choses en main, sans attendre qu’une réglementation ne vienne s’imposer à tous. “Les démarches volontaires sont les plus efficaces”, a souligné François Poirson, directeur de Coop de France Poitou-Charentes.
Irrigation : le stockage hivernal, une vraie nécessité
Jean-Marie Gabillaud a choisi de débuter son intervention en évoquant la gestion quantitative de l’eau, remise en avant par la sécheresse. Et le président de Coop de France Ouest de réaffirmer fermement “le besoin de nouvelles aires de stockage”, nécessaires pour la gestion des fourrages, l’obtention de certains contrats de cultures, mais aussi pour la capacité àdévelopper de nouveaux systèmes agraires. “Sans maîtrise du facteur eau, il sera aléatoire d’être paysan demain”, juge-t-il. Ce développement de nouvelles réserves va de pair avec une gestion plus raisonnée de l’irrigation, grâce à l’agronomie et à l’innovation technologique, à l’instar de ce qui se réalise à la Cavac, par exemple (lire ci-dessous).
La coopération est impliquée dans la préservation de la qualité de l’eau et dans les programmes d’actions locaux, mais pour que ceux-ci aient une efficacité, a expliqué Jean-Marie Gabillaud, “deux conditions sont nécessaires : que les exploitations agricoles gardent des perspectives économiques, sans quoi aucune action n’est possible, et que chacun comprenne les enjeux et puisse sortir du syndrôme de “la tête dans le guidon”. Car un enjeu compris est un enjeu accepté”. Enfin, a insisté le président de Coop de France Ouest, c’est “un travail en partenariat qui permettra d’avancer vers un bon état des eaux”.
Qualité : privilégier les démarches volontaires
En matière qualitative, les résultats s’obtiennent grâce à un “engagement collectif”, a aussi souligné François Dubois de la Sablonière, de l’Agence de l’eau, rappelant le rôle des contrats territoriaux (près de 300 en cours à ce jour sur le territoire Loire-Bretagne). Leur objectif est bien d’amener le plus grand nombre d’acteurs à maîtriser les risques de pollution sur l’ensemble d’un bassin versant. Les coops et le négoce y ont leur rôle à jouer. L’exemple réussi du Bassin versant de la Bultière, en Vendée, a été mis en avant. Un travail de partenariat engageant la CA85, le Siaep, la coopération et le négoce a abouti à l’engagement de 99 % des exploitants dans des plans d’action individualisés et volontaires.
Un conseil homogène sur le terrain
Le réseau Re-Sources, en Poitou Charentes, a été également présenté. C’est un exemple d’une dynamique régionale mise en place pour la reconquête de la qualité de l’eau, à l’échelle des aires d’alimentation de captage. En Poitou-Charentes, beaucoup de captages ont été fermés ces dernières années. Les coopératives ont signé un partenariat avec les autres parties prenantes, Agence de l’eau, Région, Départements. Le négoce doit suivre en 2012. “Privilégier la négociation et les démarches volontaires, afin d’éviter que soient pris des arrêtés préfectoraux qui seront écrits en dehors des exigences de nos métiers”, c’est une priorité pour la fédération Négoce Centre-Atlantique, a expliqué son directeur Jean-Guy Valette. Il y va de la pérennité de l’activité : “Le partenariat sur l’eau est un élément essentiel pour continuer à travailler avec nos agriculteurs et pour répondre aux préoccupations de la société civile”. Il souligne également la nécessité d’un “conseil homogène” sur le terrain.
Du bio autour des captages ?
Partout, l’efficacité des actions est au cœur des préoccupations. La question d’un passage en bio autour des captages prioritaires désignés par le Grenelle de l’environnement a notamment été posée lors du colloque. “AEI (agriculture écologiquement intensive), bio, toutes les voies doivent être explorées, concluait Bernard Gousset, vice-président du comité de bassin. Les évolutions seront locales, multiples et continues.”
Soizick HÉLOURY
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Des initiatives concrètes
À la Cavac, des sondes pour mieux gérer l’irrigation
La Cavac utilise des sondes capacitives Sentek comme outil de pilotage de l’irrigation.
Ces outils permettent de mesurer la quantité d’eau à plusieurs profondeurs, d’analyser la
dynamique de l’eau dans le sol, et même d’identifier les problèmes de structures de sol comme les semelles de labour, puis de proposer un conseil personnalisé pour des tours d’eau plus performants. Un suivi avec une sonde mobile a été réalisé chez 85 irrigants en 2011. Vingt-cinq irrigants sont, eux, équipés de sondes fixes. “Ces outils ont permis des économies d’eau importantes en maïs, notamment au stade remplissage des grains, où l’eau était parfois apportée en excès”, a expliqué Adrien Medeau, de la Cavac. “En 2011, on est parvenu à économiser 600 000 m3 d’eau chez 80 producteurs, détaille-t-il. C’est
une réelle satisfaction”.
La Corab : des économies d’eau grâce au passage en bio
La coopérative Corab Centre Atlantique, spécialisée en agriculture biologique, a mis en place des rotations très diversifiées, sur des durées de neuf ans, avec une base de luzerne. Des cultures de lentille, de cameline ont été introduites. “Les agriculteurs irrigants qui sont passés en bio ont réduit de 50 à 70 % leurs besoins en eau, grâce à cette démarche sur les rotations”, explique Édouard Rousseau, président de la Corab.
Coopédom : la luzerne préserve la qualité des eaux
La coopérative bretonne propose à ses associés coopérateurs une prestation de déshydratation qui permet d’améliorer la durabilité des exploitations. La luzerne cultivée offre à la fois une autonomie fourragère des exploitations et représente des atouts pour la qualité de l’eau. “La luzerne agit comme nettoyant au niveau du sol”, a rappelé Samuel Maignant, responsable de la Coopédom.