Loup
Les éleveurs ovins s'interrogent
Une quarantaine d'éleveurs ont participé lundi à Chemillé à une réunion organisée par la FDSEA et les JA sur le thème du loup, en présence de Claude Font, le secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO), en charge du dossier prédation.
Une quarantaine d'éleveurs ont participé lundi à Chemillé à une réunion organisée par la FDSEA et les JA sur le thème du loup, en présence de Claude Font, le secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO), en charge du dossier prédation.

L'éleveur de Haute-Loire était invité à venir partager son expérience et ses conseils, alors que la Préfecture de Maine-et-Loire vient tout juste de confirmer le 7 janvier dernier le retour du loup sur notre territoire (cas de La Séguinière), et que 5 constats concernant 4 élevages différents sont en cours d'instruction en ce mois de janvier 2025 : "Le loup est là. Il ne faut pas s'affoler non plus, mais il faut prendre le taureau par les cornes pour ne pas favoriser son développement", introduit Claude Font. Le Maine-et-Loire se trouve déjà classé depuis le 1er janvier 2025 dans le cercle 3 du plan national loup, ce qui permet aux éleveurs ovins et caprins d'accéder à du financement pour l'acquisition et la formation de chiens de troupeaux. "Au vu de la situation, vous pourriez d'ailleurs demander à passer certaines communes (dont les communes limitrophes à la Séguinière, NDLR) en cercle 2", affirme le responsable de la FNO. Ce classement ouvrirait de nouveaux droits en matière d'aides à l'acquisition de filets de protection et de parcs électrifiés. "Nous allons le faire", promet Sylvain Piet, responsable du dossier chasse à la FDSEA.
Les mesures de protection sont en effet "la condition sine qua non à l'obtention éventuelle par l'éleveur de tirs de défense à proximité des troupeaux sur un loup en position d'attaque", à l'exception des bovins, considérés comme "non protégeables". Au total, 192 loups pourront être prélevés en 2025 sur le territoire national, pas un de plus. "C'est un plafond qui correspond à 19% de la population estimée", explique Claude Font.
Se former aux chiens
Le secrétaire général de la FNO insiste par ailleurs sur la nécessité de former les éleveurs à la gestion des chiens de protection "car nous avons affaire à de plus en plus de plaintes". Cela dit, dans la salle, tous les éleveurs ne semblent pas convaincus par l'utilité et la bonne adaptation de ces chiens dans notre contexte d'élevage de plaine. "On a beaucoup de petits lots d'animaux éparpillés contrairement à la montagne. On ne peut pas mettre un chien par lot. Et puis on a une densité de population incompatible. C'est ingérable !" s'agace l'un d'entre eux. "Il est possible d' échapper à cette obligation de protection. Pour cela, il faut en passer par une étude de vulnérabilité individuelle pour définir les critères de non protégeabilité de l'exploitation", lui répond le responsable syndical.
L'OFB accusée de trainer les pieds
Si l'administration n'a reconnu que très récemment la présence du loup dans le Maine-et-Loire, pour la plupart des éleveurs présents dans la salle, celle-ci ne fait guère de doutes depuis 3 ans. "Sur le terrain, on se demande plutôt sur qui ça va tomber le prochain coup !" témoigne l'un d'entre eux, n'hésitant pas à dénoncer le positionnement jugé très timoré de certains agents de l'OFB, accusés d'intervenir sur le terrain dans des délais beaucoup trop longs et d'ignorer carrément des indices flagrants de présence du grand prédateur. Certains éleveurs avouent même hésiter à solliciter l'OFB, échaudés par une première expérience non concluante. Plusieurs témoignages en ce sens ont émaillé la réunion, venant notamment d'éleveurs du Segréen, étonnés de constater qu'aucun dossier n'était en instruction sur leur territoire, alors que la prédation y est, selon eux, une réalité équivalente à celle des Mauges, notamment depuis 3 ans. "L'État n'a peut-être pas envie de voir les indemnisations se multiplier", lance un éleveur dans la salle.
En tout état de cause, tous ont convenu de l'intérêt de faire remonter collectivement, avec le plus de précisions possibles, les exemples qui concernent les éleveurs. "Si sur un cas précis, un agent de l'OFB n'a pas jugé utile de prélever des indices aussi probants que des fèces ou des poils, il faut absolument qu'on fasse remonter le cas" exhorte le secrétaire général de la FDSEA, Anthony Ménard. Tous sont également tombés d'accord sur la nécessité que des éleveurs référents se forment à la détection d'indices, non pas pour remplacer l'OFB, mais pour pouvoir être crédibles face aux agents, et ne rien laisser passer.