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AEI
Objectif : avoir une terre auto fertile pour passer au bio

Laurent Farcy, éleveur laitier à Bousse, multiplie les cultures pour sécuriser son système fourrager.

L’atelier  “L’innovation en élevage bovin lait” s’est déroulé à Angers.
L’atelier “L’innovation en élevage bovin lait” s’est déroulé à Angers.
© AA

L’Agriculture écologiquement intensive (AEI) n’est pas réservée aux producteurs céréaliers. Les éleveurs peuvent aussi y voir leur avantage. La preuve en est, avec les ateliers présentés au cours des entretiens de l’AEI qui se sont déroulés mardi et mercredi, à l’Ésa à Angers. L’un d’entre eux avait pour thème : “L’innovation en élevage bovin lait”. Pour en parler, entre autres, Laurent Farcy, éleveur laitier à Bousse, dans la Sarthe.
Il y a sept ans, l’éleveur a un déclic : “il n’y avait plus de ver de terre dans mon sol”. L’éleveur se pose alors des questions et rejoint le réseau Base (Biodiversité, agriculture, sol et environnement). Aujourd’hui, avec une référence de 600 000 litres et 120 hectares, en association avec une autre personne, l’agriculteur use de techniques pour sécuriser son système fourrager sans irrigation.
Laurent Farcy a mis en place des rotations de cultures sur dix ans. Il cultive de la luzerne associée à du tournesol la première année. “Puis je récolte deux années consécutives la luzerne pure”. L’agriculteur fait, les deux années suivantes, du sur-semis avec, soit du triticale ou du seigle selon ses besoins. Pour ensuite implanter du méteil et, l’année d’après, des inter-cultures. D’ailleurs, pour lui, “l’inter-culture est aussi importante que la culture principale. Ma culture dépend de mon inter-culture”.
Dans son silo d’hiver, il intègre méteil, maïs, ensilage luzerne et sorgho. “Le sorgho permet la conservation”. Avec cette technique du “silo-sandwich, ma ratio est déjà prête pour les vaches : 50 % de maïs, 15 à 20 % de luzerne. J’ajoute juste du tourteau de colza”. Les compléments sont distribués au Dac en fonction des capacités des vaches.
Son système, il le qualifie “d’opportuniste” : “je m’adapte rapidement à la situation météorologique. Si je vois qu’il va pleuvoir dans peu de temps, je me dépêche d’aller semer”.  Un système qui oblige à avoir une grande zone de stockage de semences, reconnaît-il. 
L’agriculteur, loin d’être innovant, fait juste preuve de bon sens. “Plus l’alimentation des animaux est variée, plus l’animal est en bonne santé, plus l’animal produit du lait”. Dans son élevage, les vaches produisent 10 000 l. Et il n’y a plus de problème d’acidose. “Mon niveau de production a augmenté, mes vaches sont en bonne santé, j’ai diminué ma part de maïs dans mon alimentation”. Sa conclusion : “je me fais une bonne marge avec un système qui me plaît”.
L’objectif de l’éleveur : passer en bio. “Moi, je suis prêt, mais c’est ma terre qui ne l’est pas, elle n’est pas encore auto fertile. Mais, j’atteindrai mon objectif”.

H. R.

Christiane Lambert, vice-présidente d’AEI

“Des pratiques vertueuses” à promouvoir

Quelles sont les avantages de l’AEI  pour les agriculteurs?
Christiane Lambert : Les vidéos des témoignages que nous avons pu voir lors des entretiens AEI, (visibles sur www.aei-asso.org) nous montrent des agriculteurs qui ont su adapter, changer les pratiques dans leur système d’exploitation. Pour autant, on constate qu’il n’y a pas de dégradation des résultats économiques. Le non labour, la réduction des intrants, l’agroforesterie, le bio contrôle, le suivi sanitaire, les rotations des cultures… toutes ces techniques sont compatibles avec le maintien des performances sur les exploitations. Les résultats sont palpables. Les agriculteurs s’y retrouvent aujourd’hui économiquement.

Comment développer ce type d’agriculture ?
Le travail en groupe des agricultures est un bon moyen de découvrir l’AEI. Ainsi, les agriculteurs peuvent échanger sur les pratiques de chacun et ainsi démultiplier sur leurs exploitations des pratiques vertueuses. La participation à des formations est aussi un levier de progrès. Les Chambres d’agriculture permettent aussi aux agriculteurs d’appréhender les changements pour développer de nouvelles compétences et imaginer de nouvelles pratiques. Le syndicalisme a aussi comme mission de sensibiliser les agriculteurs à ces nouveaux enjeux grâce à l’innovation technique. Mais il a aussi un rôle de vigilance sur les évolutions réglementaires pour éviter que certains textes  ne nuisent pas à des raisonnements agronomiques. Des lois trop généralistes ne tiennent pas suffisamment compte des spécificités d’un territoire. Ce que dénonce le syndicalisme.

Propos recueillis par H. R.
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