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Environnement
Se parler et échanger pour une meilleure compréhension

Une rencontre a eu lieu le 16 mars dernier entre la Draaf, la Dreal, la Chambre régionale d’agriculture, la FDSEA et JA sur les dossiers environnementaux.

“Reconnaître les efforts et faire preuve de compréhension entre agriculteurs et administration”. Ce souhait exprimé par Christiane Lambert (FDSEA49) résume l’esprit de la réunion qui s’est déroulée vendredi dernier à Nantes. Sur l’invitation du préfet de Région, le débat présidé par Vincent Favrichon (Draaf) et Hubert Ferry Wiclzeck (Dreal), en présence de la Chambre régionale d’agriculture et du syndicalisme  (FRSEA/JA), a porté sur les principaux sujets environnementaux d’actualité. À une période où le cumul de réglementations environnementales et de schémas d’orientations, parfois contradictoires, provoque l’exaspération de nombreux agriculteurs, les professionnels ont insisté sur la nécessité de pragmatisme, de concertation et de communication claire auprès des agriculteurs.
Le manque de concertation a notamment été démontré par Claude Charon (CA53) sur l’exemple du projet de ligne à grande vitesse Le Mans - Rennes, qui cumule plusieurs dysfonctionnements. Un travail en concertation avec la Chambre d’agriculture 44 et la Dreal est en cours sur les compensations écologiques pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui pourrait faire exemple pour les prochains grands aménagements.
Brice Guyau (CA85) a réaffirmé le besoin de sécuriser les exploitations par l’irrigation, dans une approche globale d’adaptation du système et de techniques économes. L’administration se montre prête à étudier les projets de réserves. Une modélisation en cours permettra d’objectiver le potentiel de stockage sur les bassins versants. Les préfets ont mission de créer des cellules régionales et départementales pour mettre en œuvre le plan national de gestion de l’eau.
Concernant la directive nitrates, Arnaud Jeanson (FDSEA72) a soulevé le manque de lisibilité des prochaines modifications, et les conséquences sur les plans d’épandage et stockages d’effluents. L’administration prévoit une phase de contrôles progressive qui tient compte des nouvelles mesures, notamment pendant la phase de transition. Elle a répondu favorablement à la demande de consultation professionnelle avant la signature du 4e programme régional. Les professionnels ont insisté pour que la Dreal réexplique aux services instructeurs la doctrine régionale sur la fertilisation phosphorée, qui date de mai 2011 et est, pour l’instant mal appliquée.
Enfin, les problèmes liés à la préservation des zones humides et à l’entretien des cours d’eau ont été présentés par François Beaupère (CA49) et Vincent Février (FNSEA44) : lourdeur des dossiers, coût des études, manque de lisibilité sur le terrain.
“Les agriculteurs sont au travail sur tous ces sujets”, a conclu Christiane Lambert “mais nous avons besoin de règles claires et cohérentes, et de temps pour nous adapter”. Message reçu par la Draaf et la Dreal, avec qui de nouvelles rencontres sur les dossiers les plus difficiles sont prévues.

Marie Calmejane - FRSEA

Michel Griffon*

“Près de 20 % des agriculteurs sur la voie de l’écologiquement intensif”

Quel écho rencontre l’AEI (Agriculture écologiquement intensive) dans le monde agricole ?
Michel Griffon : le mouvement est en route. Des coopératives, les Chambres d’agriculture, des GVA sont intéressés. Du côté de la recherche, le Cirad, l’Inra y consacrent de plus en plus de moyens. L’Agence nationale de la recherche est sur cette ligne depuis son origine, il y a sept ans. Enfin, sur le plan politique, il y a une ouverture favorable du ministère de l’Agriculture, et naturellement favorable du ministère de l’Écologie. J’estime qu’il y a entre 15 et 20 % d’agriculteurs, tous métiers confondus, qui sont en transition vers de l’écologiquement intensif.

Certains leviers politiques, notamment, peuvent-ils encourager cette agriculture ?
En France, cette transition vers l’AEI est activée par deux facteurs. D’une part l’obligation d’avoir des cultures de couverture en automne, ce qui intensifie le cycle du carbone et le processus de photosynthèse. D’autre part, le plan Écophyto 2018 car la réduction des produits phytosanitaires oblige à recourir à des méthodes nouvelles. Ensuite, plusieurs variables lourdes poussent les producteurs à aller dans ce sens. L’augmentation du prix du gazole conduit à réduire le labour et à opter pour les TCS, voire le semis direct. La hausse du prix des engrais oblige à réfléchir à une fertilité alternative fondée notamment sur la matière organique et le stockage du carbone dans les sols. On note aussi la pression inéluctable et durable de la société pour réduire les phytosanitaires ou encore la nécessité de s’adapter au changement climatique, qui va amener à installer des infrastructures écologiques pour conserver l’eau dans les sols et recharger des nappes phréatiques. Enfin, il y aura aussi la future Pac et son contenu environnemental. D’une manière générale les politiques agricoles ont de plus en plus, et de façon durable, un caractère d’amélioration de la qualité de l’environnement. Ces tendances longues vont se poursuivre, et l’écologie intensive est pour le moment la seule hypothèse de réponse à cette équation qui concilie la productivité, donc d’une certaine manière la compétitivité, une bonne gestion de l’environnement et des économies d’intrants.

Attendez-vous beaucoup de la prochaine Pac pour encourager l’agriculture écologiquement intensive ? Quels outils imaginez-vous ?
L’agriculture produit des biens agricoles et environnementaux. Il n’y a aucune raison que ces services environnementaux, positifs, soient rendus de manière gratuite. Ils doivent être financés. Pour cela, je crois en une formule contractuelle, pour concilier l’intérêt général de la société et celui du revenu des agriculteurs. Ce contrat devrait être vérifiable, par exemple sous forme de certification, et permettre le versement de subventions. Cette philosophie s’oppose à une philosophie contraignante, faite de nombreuses directives s’imposant aux agriculteurs et reposant sur des contrôles à moindre coût. Ce qu’il faut, ce sont des contrats types par régions ou par systèmes de production. Mais au niveau de chaque exploitation agricole, le contrat doit aboutir à la formule
écologique optimale de qualité de l’environnement et de revenu.

L’agriculture écologiquement intensive pourra-t-elle rapprocher agriculture et environnement ?
Réconcilier l’agriculture et l’environnement est l’un des principes et l’un des objectifs même de l’AEI. Mieux, elle devrait être un élément d’un nouveau pacte social entre l’agriculture et la société. L’expérience m’a convaincu que ce pacte social est nécessaire et possible. Il soulève même parfois de l’enthousiasme. Car on ne pourra pas toujours rester dans l’opposition entre ces deux mondes que sont celui des agriculteurs et celui des environnementalistes. L’Agriculture doit se saisir de la question environnementale et en faire son affaire, simplement parce que c’est sa destinée. L’Agriculture écologiquement intensive contribue à aller dans cette direction.


Propos recueillis par Mahaut Launay -
Agrapresse
* Inventeur de la notion d’Agriculture écologiquement intensive.
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