Gestion de l’eau
Épée de Damoclès
Gestion de l’eau
En pleine démarche de concertation, la demande en référé de la Sauvegarde
de l’Anjou menace l’économie de toute la Vallée de l’Authion. Inquiétude et incompréhension.
Devant la centaine d’irrigants et d’élus réunis devant la salle des Plantagenêts, les responsables professionnels ont voulu insister sur l’importance de l’accès à l’eau pour l’activité de la Vallée.
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C’est le préfet qui est attaqué par la demande en référé de la Sauvegarde de l’Anjou pour la suspension de l’arrêté temporaire de pompage en Loire(1), mais c’est la profession qui est prise en otage », s’indigne Pascal Laizé, le président de la commission environnement à la FDSEA au nom des 150 agriculteurs réunis à Beaufort-en-Vallée, jeudi dernier, juste avant la tenue du Sage Authion. L’audience du Tribunal administratif s’est déroulée le
4 juillet et c’est le 5 que la décision du juge devrait normalement être connue.
L’inquiétude et l’incompréhension dominent suite à cette action en justice. Inquiétude d’abord parce qu’un arrêt du prélèvement dans l’Authion sonnerait la fin de l’activité d’une soixantaine d’exploitations irriguant à partir du nouveau réseau d’irrigation. Ce sont aussi de nombreuses
entreprises de la Vallée qui seraient indirectement touchées à terme par une mise en cause de l’accès à l’eau. Des pertes potentielles de contrats sont à prévoir avec des donneurs d’ordre qui misent sur la sécurité et la qualité des produits. Un comble alors que la spécificité même de ces entreprises a contribué à la reconnaissance du département comme pôle de compétitivité végétale à vocation mondiale. « L’activité maraîchère représente 70 % de mon chiffre d’affaires de production de fraises et d’asperges. Sans irrigation, je peux mettre la clé sous la porte », indique François Beaufils de Varennes. Son voisin, arboriculteur et producteur de petits fruits rouges, est tout aussi inquiet. « Pourtant, on ne gaspille pas l’eau avec le goutte à goutte », précise Jacques Gaignon. Ces deux producteurs sont adhérents de la coopérative Fleuron d’Anjou, qui compte 130 producteurs maraîchers et producteurs de légumes. Mais l’arrêté temporaire, visé par le recours de l’association environnementale devant le tribunal administratif ne concerne pas que les seuls 60 irrigants desservis. Ce sont près de 700 exploitations et entreprises de la vallée qui subiront les conséquences de cette suspension. Avec des retombées sur les quelque 3 200 emplois directs et indirects. « Six heures sans eau sont fatales aux plants de pépinières », relate Pascal Levavasseur, président de l’UHA (Union horticole de l’Anjou). « Sans débit, l’Authion est envahi par les lentilles », confirme Jean-Yves Thénier, pépiniéristes à Brain-sur-l’Authion. Autant dire que l’irrigation est alors très difficile.
Outre cette épée de Damoclès sur toute une économie régionale, c’est aussi l’incompréhension qui domine. « J’ai besoin de savoir ce que signifie la concertation », a demandé Marie-Pierre Martin, présidente de l’Entente départementale et Conseillère générale. L’instance départementale avait d’ailleurs largement soutenu ce projet d’irrigation. Car de nombreuses réunions de travail et de concertation sont en cours entre les différentes parties concernées sans jamais que ce recours n’ait été évoqué par l’association. Rappelons que cet arrêté provisoire avait été pris, en accord avec l’ensemble des partenaires (voir L’Anjou agricole du
16 février 2007) afin de ne pas compromettre la saison et en l’attente de l’élaboration, après concertation, d’un nouvel arrêté définitif. « On ne m’a pas démontré que les agriculteurs seraient lésés par l’arrêt du pompage », argumente de son côté Yves Lepage, le
président de l’association requérante.
Une intervention
auprès du tribunal
administratif
« Qu’il s’agisse des producteurs ou des entreprises, notre sort est lié », souligne Pascal Laizé, qui a de plus annoncé une intervention auprès du tribunal administratif afin de faire valoir les enjeux pour la Vallée. Le dossier présenté mettra aussi en avant les démarches de concertation mais aussi les efforts consentis par la profession, comme la Charte des bonnes pratiques, ou la réflexion sur le changement de tarification qui se fera, à terme, non plus à la surface mais en fonction des volumes. Pascal Laizé met également en avant les apports de la gestion de l’eau et cite la Fédération départementale de la pêche qui ne s’est pas associée à cette demande en référé, consciente des aspects bénéfiques d’une gestion de l’eau concertée sur l’Authion pour la faune aquatique. « L’eau, est une ressource que nous voulons partager », réaffirme Pascal Laizé. C’est ce qui était écrit sur la petite bouteille remise à tous les participants au Sage. Un seul l’a refusée ...
4 juillet et c’est le 5 que la décision du juge devrait normalement être connue.
L’inquiétude et l’incompréhension dominent suite à cette action en justice. Inquiétude d’abord parce qu’un arrêt du prélèvement dans l’Authion sonnerait la fin de l’activité d’une soixantaine d’exploitations irriguant à partir du nouveau réseau d’irrigation. Ce sont aussi de nombreuses
entreprises de la Vallée qui seraient indirectement touchées à terme par une mise en cause de l’accès à l’eau. Des pertes potentielles de contrats sont à prévoir avec des donneurs d’ordre qui misent sur la sécurité et la qualité des produits. Un comble alors que la spécificité même de ces entreprises a contribué à la reconnaissance du département comme pôle de compétitivité végétale à vocation mondiale. « L’activité maraîchère représente 70 % de mon chiffre d’affaires de production de fraises et d’asperges. Sans irrigation, je peux mettre la clé sous la porte », indique François Beaufils de Varennes. Son voisin, arboriculteur et producteur de petits fruits rouges, est tout aussi inquiet. « Pourtant, on ne gaspille pas l’eau avec le goutte à goutte », précise Jacques Gaignon. Ces deux producteurs sont adhérents de la coopérative Fleuron d’Anjou, qui compte 130 producteurs maraîchers et producteurs de légumes. Mais l’arrêté temporaire, visé par le recours de l’association environnementale devant le tribunal administratif ne concerne pas que les seuls 60 irrigants desservis. Ce sont près de 700 exploitations et entreprises de la vallée qui subiront les conséquences de cette suspension. Avec des retombées sur les quelque 3 200 emplois directs et indirects. « Six heures sans eau sont fatales aux plants de pépinières », relate Pascal Levavasseur, président de l’UHA (Union horticole de l’Anjou). « Sans débit, l’Authion est envahi par les lentilles », confirme Jean-Yves Thénier, pépiniéristes à Brain-sur-l’Authion. Autant dire que l’irrigation est alors très difficile.
Outre cette épée de Damoclès sur toute une économie régionale, c’est aussi l’incompréhension qui domine. « J’ai besoin de savoir ce que signifie la concertation », a demandé Marie-Pierre Martin, présidente de l’Entente départementale et Conseillère générale. L’instance départementale avait d’ailleurs largement soutenu ce projet d’irrigation. Car de nombreuses réunions de travail et de concertation sont en cours entre les différentes parties concernées sans jamais que ce recours n’ait été évoqué par l’association. Rappelons que cet arrêté provisoire avait été pris, en accord avec l’ensemble des partenaires (voir L’Anjou agricole du
16 février 2007) afin de ne pas compromettre la saison et en l’attente de l’élaboration, après concertation, d’un nouvel arrêté définitif. « On ne m’a pas démontré que les agriculteurs seraient lésés par l’arrêt du pompage », argumente de son côté Yves Lepage, le
président de l’association requérante.
Une intervention
auprès du tribunal
administratif
« Qu’il s’agisse des producteurs ou des entreprises, notre sort est lié », souligne Pascal Laizé, qui a de plus annoncé une intervention auprès du tribunal administratif afin de faire valoir les enjeux pour la Vallée. Le dossier présenté mettra aussi en avant les démarches de concertation mais aussi les efforts consentis par la profession, comme la Charte des bonnes pratiques, ou la réflexion sur le changement de tarification qui se fera, à terme, non plus à la surface mais en fonction des volumes. Pascal Laizé met également en avant les apports de la gestion de l’eau et cite la Fédération départementale de la pêche qui ne s’est pas associée à cette demande en référé, consciente des aspects bénéfiques d’une gestion de l’eau concertée sur l’Authion pour la faune aquatique. « L’eau, est une ressource que nous voulons partager », réaffirme Pascal Laizé. C’est ce qui était écrit sur la petite bouteille remise à tous les participants au Sage. Un seul l’a refusée ...
M.L.-R.
(1) Cet arrêté temporaire a été signé par le préfet le 23 mai 2007. Il concerne le prélèvement en Loire et la prise d’eau dans l’Authion pour le nouveau réseau d’irrigation de Beaufort, Brion et Jumelle. Il avait été pris en accord avec l’ensemble des partenaires.