Lait
Litière : le Gaec des Futaies se la joue fine
Alternative à la paille broyée, la fine de bois est utilisée comme asséchant dans les logettes des vaches laitières bio du Gaec des Futaies.
Alternative à la paille broyée, la fine de bois est utilisée comme asséchant dans les logettes des vaches laitières bio du Gaec des Futaies.
C’est le 2e hiver que le Gaec des Futaies utilise de la fine de bois pour assécher les logettes de l’exploitation. Mais qu’est-ce que la fine ? Avant d’être commercialisé, le bois déchiqueté est criblé. Cela consiste à trier les différentes granulométries du combustible afin de réduire le taux de fines (particules inférieures à 5 mm). En fait, la fine de bois représente “les déchets” des copeaux de bois criblés.
À Yzernay, les 3 associés du Gaec élèvent 70 vaches laitières en agriculture biologique depuis 2016. Les 70 logettes béton sont recouvertes d’un matelas synthétique. En conduite lisier, il faut impérativement apporter un asséchant. Sans asséchant, difficile de maintenir les animaux propres. L’asséchant va absorber les pertes de lait et créer une couche de protection entre le sol et les vaches.
Un produit très fin
Auparavant, l’exploitation utilisait de la paille coupée de 4 cm. Avec l’arrivée d’un robot aspirateur de lisier, en 2019, le Gaec des Futaies a réfléchi à un nouveau produit plus fin. « Nous pensions utiliser au départ de la farine de paille issue des grandes cultures. Cela coûtait 230 à 250 € la tonne à l’époque ». Ne pouvant valoriser la paille de la ferme, les associés ont abandonné l’idée. Membre de la Scic MLBE*, le Gaec a eu l’idée de s’approvisionner auprès de la coopérative en fine de bois. « Elle ne vient que de bois bocager. C’est un prolongement de notre filière bois. Cela reste dans l’agriculture », souligne l’éleveur. D’ailleurs, la Scic refuse de commercialiser de la fine de bois de palette ou traitée à des éleveurs. « Il pourrait y avoir des colles ou autres dedans. Ce qui pourrait être néfaste pour les animaux », explique Florent Villepellé, animateur de la Scic.
Simple à mettre en place
Le Gaec a en acheté 6 tonnes cette année. Le prix : 101 € la tonne. En sachant que les vaches sont 100 % en bâtiment de mi-décembre à mi-mars. En ce moment, « nous mettons 250 kg de fine par logette par jour », explique Christian Reulier. Deux fois par jour, les logettes sont nettoyées. Avec son seau, pendant la traite, il saupoudre chaque logette avec cette “poudre de bois”. L’éleveur estime la mise en œuvre très simple. Peu volumineux, le produit est stocké dans un hangar à l’abri de la pluie. « Il faut qu’elle reste bien sèche. Sinon, elle se tasse en amas compact », souligne l’agriculteur.
Avec sa faible granulométrie, la fine n’épaissit pas le lisier. Ce qui ne pose pas de problèmes d’aspiration pour le robot. Les 2 fosses à lisier du Gaec peuvent être raccordées au système d’irrigation. Le réseau souterrain de 140 mm de diamètre permet d’irriguer 80 hectares du parcellaire de l’exploitation (sur les 97 hectares). Depuis cette année, la ferme fait appel à un prestataire pour l’épandage. « Avec une pompe thermique, l’entreprise aspire le lisier de la fosse pour le faire ressortir dans les bouches d’irrigation. » Le prestataire Efflu’Tech utilise le système DuaFerti. Un enrouleur avec tuyau souple monté à l’arrière du tracteur aspire le lisier. A l’avant, il est épandu avec une rampe d’épandage pendillard de 30 mètres. En marche avant, le tuyau se déroule au fur et à mesure de l’avancement du tracteur et l’épandage se fait aux extrémités de la rampe. Une fois en bout de champ, le tracteur revient en marche arrière, le tuyau est enroulé et l’épandage se fait au centre de la rampe. L’épandage se fait sur toute la largeur du pendillard en un aller-retour. « Ce système nous permet d’épandre au bon moment sans abîmer nos prairies. » Etant une matière organique, la fine s’intègre parfaitement dans le lisier. Elle apporte des minéraux dans le sol.
Aujourd’hui, le Gaec des Futaies est le seul élevage à utiliser la fine de la Scic comme litière. « Elle est surtout vendue à des collectivités ou des paysagistes pour du paillage de massif », précise Florent Villepellé qui espère développer ce marché auprès des agriculteurs.
*Société coopérative d’intérêt collectif Maine-et-Loire Bois énergie