Végétal
Multiplier les leviers pour réduire la chimie
Les éleveurs du groupe Dephy Layon Cuma œuvrent à réduire leur usage des produits phytosanitaires sur leurs grandes cultures. Et ça marche !
Les éleveurs du groupe Dephy Layon Cuma œuvrent à réduire leur usage des produits phytosanitaires sur leurs grandes cultures. Et ça marche !
Ils sont 11 agriculteurs dans le secteur de Vihiers à échanger au sein du groupe Dephy. Leur point commun ? Eleveurs, leurs systèmes reposent sur des prairies. Et surtout, en actionnant de multiples leviers, ils utilisent moins de phytos.
Prenons l'exemple de la culture du blé. « Au lancement du groupe, l’IFT hors herbicide* était de 2,43. Aujourd’hui, ils ont un indice moyen de 1,69 », souligne Benoit Foucault, animateur Ecophyto à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Allonger la rotation
Les clés de leur réussite ? Tout commence au semis. « En blé, plus on sème tard, mieux c’est. On limite le risque de pucerons et le salissement. Plus on sème tard, plus le semis doit être dense ». Selon les différents instituts techniques, il est recommandé en Pays de la Loire entre le 15 octobre et le 31 octobre. « Il est conseillé d’attendre 2 ans minimum entre toutes céréales à paille et éviter les précédents maïs grain pour éviter les risques de fusariose. » Le choix de variété est aussi un élément central. « Cela permet de se passer de 1 à 2 traitements si la variété utilisée est résistante à certaines maladies.»
Traiter au bon moment
Autre levier : la qualité de pulvérisation. « Aujourd’hui, on intervient à des moments clé en fonction du vent, de la température, de l’hygrométrie... », souligne Hervé Berthommier, éleveur et membre du groupe Dephy Layon Cuma. Le choix des buses et de l’adjuvant sont aussi un levier actionné par les agriculteurs. « Aujourd’hui, dans notre Cuma, on a 3 jeux de buses différentes. Pour être le plus efficace possible, on adapte le type de buse en fonction des produits utilisés », relate Loïc Gourin, éleveur laitier à Faveraye-Machelles. Se soucier de la qualité de pulvérisation a permis de « réduire en moyenne la dose fongicide de 56 % », constate l’animateur du groupe.
Le groupe a aussi drastiquement réduit son IFT hors herbicide sur la culture du colza, « même si le colza est beaucoup plus sensible aux aléas climatiques », notent les éleveurs. L’IFT HH moyen du groupe était de 4,69. En 2020, il s’élève à 1,60. Soit une baisse de 65 %. Comme pour le blé, les éleveurs ont travaillé sur la rotation, la date de semis et le choix variétal.
« En colza et tournesol, le délai de retour conseillé est de 5 ans minimum. Attention, le sclérotinia est favorisé par des légumineuses comme la luzerne, le pois, la féverole ou le soja », explique Benoît Foucault. Il est recommandé de semer à la mi-août. « Faire un apport d’engrais organique avant semis permet un bon développement du colza. Si le colza est suffisamment développé à l’arrivée des altises, il n’en souffrira pas. »
Ces changements n’ont pas impacté la rentabilité des exploitations. « On a une obligation de résultats », souligne Hervé Berthommier. Certes, les rendements baissent de quelques quintaux mais « c’est compensé par les économies faites en produits phytos. »
Le groupe se lance un nouveau défi : réduire le recours aux herbicides. « Nous réfléchissons sur la mise en place de couverts végétaux pour conserver une bonne vie du sol », explique Hervé Berthommier.
* L’Indice de fréquence de traitement hors herbicide comprend le traitement de semences, les fongicides, les insecticides et les régulateurs.