Salon de l'agriculture
Que retenir de la visite d’Emmanuel Macron ?
C’est entouré des principaux représentants des organisations professionnelles agricoles, dont Christiane Lambert, présidente de la FNSEA qu’Emmanuel Macron a inauguré la 59e édition du Salon international de l’agriculture à Paris.
C’est entouré des principaux représentants des organisations professionnelles agricoles, dont Christiane Lambert, présidente de la FNSEA qu’Emmanuel Macron a inauguré la 59e édition du Salon international de l’agriculture à Paris.

« Nous sommes très loin de la mise en œuvre de la souveraineté », ont interpelé, lors de ce huis-clos, les responsables agricoles. Ils demandent d’accentuer la recherche et de coordonner les instances pour trouver des solutions, en faisant référence à l’interdiction des néonicotinoïdes sur les betteraves sucrières et à la volonté de l’agence de sécurité sanitaire (Anses) d’interdire la vente de S-Métolachlore. « Il faut que le politique reprenne la main pour ne pas perdre les outils de production en France », ont-elles ajouté. La FNSEA a profité de cette occasion pour lancer une pétition sur la souveraineté alimentaire appelée « Jeveuxconsommerfrançais » qui est mise en ligne pendant la durée du salon et pour laquelle le syndicat espère au moins 100 000 signatures. La FNSEA y réclame, une fois de plus, de « ne pas importer de l’alimentation que nous ne voulons pas. »
Mercosur
Arrivé à 9H30, il a coupé le traditionnel cordon tricolore aux côtés du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, du président du Ceneca, Jean-Luc Poulain et de Christiane Lambert avant d’entamer son parcours à travers les allées du Salon déjà bien remplies. Il a commencé par saluer l’égérie de ce grand rendez-vous annuel de l’agriculture et des traditions culinaires : Ovalie, la vache de race Salers. Ses propriétaires, Marine et Michel Van Simmertier, l’ont notamment interpelé sur la sécheresse, les rats taupiers ainsi que sur le Mercosur. « Moi, j’ai tenu une position de fermeté sur le Mercosur et je vais continuer à la tenir (…) je veux qu’ils (les pays du Mercosur, ndlr), respectent autant que nous l’environnement et qu’il y ait des clauses miroirs », a répondu le chef de l’État. Ce dernier s’est par ailleurs ému que 70 % de la viande servie dans la restauration hors domicile, soit étrangère : « Elle n’est pas française. Ça, ce n’est pas le Mercosur. Il faut que la filière s’organise mieux. On sert de la viande européenne. Il n’y a rien qui l’impose », a-t-il ajouté.
Inflation
« Nous sommes un grand pays agricole, on doit le rester ». Le président de la République a ainsi appelé les distributeurs à « faire un effort sur leurs marges » face à l'inflation. Les prix de l'alimentation sont en hausse de 12 % sur un an, en raison notamment de la guerre en Ukraine et de la reprise économique post-Covid. Cette déclaration intervient alors qu'un plan de soutien spécifique à l'agroalimentaire doit être présenté durant le Salon pour aider les industriels à supporter l'inflation alimentaire, et alors que les discussions se poursuivent par ailleurs à Bercy sur des mesures anti-inflation.
« Planifier tout ça »
Emmanuel Macron a été interpellé sur la réforme des retraites, notamment par plusieurs personnes qui ont brandi des pancartes dénonçant le report de l'âge légal à 64 ans. Ces dernières ont été vite écartées par le service de protection de l’Élysée, venu en nombre. Il a également eu un échange très vif avec un écologiste radical du collectif Dernière rénovation. Ce dernier arborait un T-shirt estampillé « A quoi tu sers ? ». Le président lui a rétorqué : « Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique » et il a déploré qu’il refuse le débat. Il a aussi appelé à la mise en place d’un « plan de sobriété sur l’eau » en s’inspirant du plan de sobriété énergétique évoquant sans détour « la fin de l'abondance ». « On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau) : plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça », a expliqué Emmanuel Macron, en appelant à « mieux récolter l'eau de pluie », « avoir moins de fuites dans les réseaux d'eau » et « mieux répartir l'utilisation de l'eau potable selon les usagers », notamment en « continuant de produire et d'investir sur des retenues collinaires ». « L’accès à l’eau est stratégique pour la souveraineté alimentaire, en particulier dans un contexte de changement climatique », a-t-il ajouté. Un décret sur la réutilisation des eaux usées, a-t-il indiqué, « a été transmis dans les derniers jours au conseil d’État ».
Enfin, Emmanuel Macron a aussi invité la profession à réfléchir et poser un « cadre pour une nouvelle approche » sur les produits phytosanitaires avec un moindre recours aux pesticides. Enfin, le président de la République qui s'est dit « frappé par la mobilisation de nos compatriotes qui sont très en soutien de notre agriculture » a lancé l’idée d’une réflexion sur l'élevage, intégrant le bien-être animal.