Lait
Alain Cholet : "on va aller rencontrer les entreprises"
Les tables rondes ont permis quelques avancées insuffisantes. Pour le président de la FDL, les entreprises doivent bouger.
Des tables rondes ont été organisées entre la production, la transformation et la distribution, en présence des Pouvoirs publics. Que peut-on en retenir ?
Alain Cholet : Un médiateur a été désigné, qui ira rencontrer les transformateurs et la grande distribution pour essayer de trouver un accord, mais d'ores et déjà plusieurs propositions avaient été formulées. L'enseigne Super U avait accepté d'augmenter les produits laitiers pendant les six premiers mois de l'année et la FCD, Fédération du commerce et de la distribution qui regroupe tous les autres commerçants, sauf Leclerc, avait, dans un premier temps, accepté une augmentation sur le lait UHT uniquement. Ce qui n'était pas suffisant pour passer une hausse, dans la mesure où le lait UHT ne représente que 16 à 17 % de la transformation en France. La FCD a fini par accepter le principe d'une augmentation sur tous les produits, mais à discrétion des entreprises. C'est donc une avancée mais à voir si elle va se borner à une bonne intention ou si tout le monde va jouer le jeu. On peut faire confiance à la FNPL pour rester vigilante sur le sujet.
Et Leclerc fait toujours bande à part ?
Exactement. Pour faire diversion, Leclerc a proposé la création d'un fonds approvisionné tantôt par la distribution, tantôt par la transformation, mais du point de vue légal, c'est à peine dans les cordes. C'est une nouvelle façon pour Michel-Edouard Leclerc de se défiler, lui avec qui on ne peut discuter que par l'intermédiaire de son blog. Hormis cette enseigne, on peut dire que ça a bougé du côté de la distribution. Oui, si tant est que ça se concrétise.
Les producteurs vont donc se tourner vers la transformation ?
Exactement. On va aller vers les entreprises et les inciter fortement à retourner à la négociation. Sur le principe, les entreprises sont d'accord pour récupérer l'augmentation de la distribution. Mais pour transférer cette hausse aux producteurs, toutes ne sont pas aussi enthousiastes. Et je veux dire à ces entreprises que si elles ont l'intention de jouer la montre et noyer le poisson par une avance sur l'augmentation du prix du lait des prochains mois, elles risquent d'avoir des surprises. Car sur le terrain, les producteurs sont exaspérés, et ce n'est pas les travaux dans les champs qui vont les arrêter. Car il est très facile de perturber une collecte sans s'éloigner beaucoup de chez soi. Il faut donc un signe clair et un passage aux actes rapide. Car plus longue sera l'attente, plus violente sera la réaction.
Une entreprise a annoncé, lors de son assemblée générale, qu'elle était prête à négocier. Que penser des déclarations de Lactalis ?
Je reste dubitatif et je me méfie. Quand un directeur d'une entreprise privée félicite la FNPL pour son travail auprès de la grande distribution, je me dis qu'il doit y avoir une embrouille quelque part. Surtout quand, dans le même temps, le directeur adjoint de cette même entreprise, déclare qu'il n'est pas possible de suivre les accords de prix pour cet été si les négociations avec la grande distribution échouent. ça ressemble à du poker menteur tout ça. Les accords de prix de saisonnalité n'ont rien à voir avec une répercussion vis-à-vis des coûts de revient. L'entreprise annonce aussi une bonne valorisation de la production mais le prix payé aux producteurs a baissé de 10 %. J'aimerais comprendre. Plus que jamais, les producteurs doivent s'organiser pour rééquilibrer le rapport de force. C'est ce qui est en train de se faire avec le regroupement des OP.