Anticiper les crues dans les basses vallées
C’est un classique pour de nombreux agriculteurs angevins : les crues hivernales. 2019 n’y aura pas échappé, avec des niveaux qui n’inquiètent pas outre mesure les professionnels.
Selon leur localisation, les terres agricoles peuvent être touchées par des débordements provoqués par des phénomènes naturels. Elles constituent également des leviers importants pour réduire les risques d’inondations dans les zones urbanisées. C’est un moyen de prévention majeur, mais qui peut impacter fortement l’activité agricole. Dans le Maine-et-Loire, plusieurs milliers d’exploitations agricoles ont leurs exploitations en zone inondable : terres, bâtiments, installations sont potentiellement concernés par l’inondation, qui est le premier risque au plan régional. Le dernier trimestre 2019 a été particulièrement pluvieux, et de nombreuses crues ont été recensées sur l’ensemble du département.
Pour Laurent Poulard, éleveur de charolaises à Briollay, « c’est un paysage normal en basses vallées en hiver. On ne s’inquiète pas ». Sur ses 190 ha, 120 sont inondés. Les champs submergés sont des prairies, et les autres sont utilisés pour cultiver du fourrage. « Je m’adapte en rentrant les bêtes à la stabulation l’hiver, et en ayant des stocks de fourrages importants, en excédent ». Pour l’éleveur, « les vraies difficultés interviennent avec les inondations de printemps, qui compliquent grandement notre organisation. Mais l’hiver, on a l’habitude ». Même son de cloche pour Jean-François
Cognée, récent retraité et ancien agriculteur sur l’île de
Chalonnes : « une crue à cette saison-là c’est normal, c’est même le bon moment pour remplir les nappes ». Cependant, si les crues sont connues pour apporter, via les alluvions, de nombreux nutriments pour les sols, « elles sont aussi responsables de nombreux déchets lorsque le printemps arrive. Plastique, branches et autant de débris qu’il faudra
débarrasser ».
Les agriculteurs connaissent bien le territoire et sont habitués à anticiper ce genre d’évènement. « On range mieux notre matériel, on termine plus vite son bois, on adapte son parcellaire,... » constate Jean-François Cognée, « et en plus, les crues détruisent la vermine. On n’a jamais eu de problème de pyrales car la crue les tue ». Ainsi, les exploitants sont habitués à ces phénomènes, si bien que « la crue pourait être plus haute ce serait pas forcément plus mal » pour Laurent Poulard. Bien que l’automne fut très pluvieux, le mois de décembre n’a pas été particulièrement inquiétant dans le Maine-et-Loire, si l’on excepte le passage de la tempête
Fabien. Si les débits de certains cours d’eau ont pu être élevés, « des crues à moins de 4 m sont vraiment ordinaires. Il en faudra des plus grosses pour nous empêcher de dormir », insiste Jean-François Cognée. À noter qu’il existe des diagnostics de vulnérabilités permettant d’estimer les risques sur son exploitation.