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LAIT
Assemblée générale de la FNPL : les éleveurs mobilisés contre Lactalis

Les éleveurs en congrès à Verdun les 14 et 15 mars, se sont montrés très remontés contre Lactalis qui ne joue pas le jeu de la contractualisation.

Dans la journée du 19 mars, 350 manifestants avaient défilé de la tour 
Montparnasse au ministère de l'Agriculture en vue de soutenir les producteurs de lait et les négociations en cours à Laval (voir ci-dessous).
Dans la journée du 19 mars, 350 manifestants avaient défilé de la tour
Montparnasse au ministère de l'Agriculture en vue de soutenir les producteurs de lait et les négociations en cours à Laval (voir ci-dessous).
© AA

“Je le dis haut et fort : nous ne lâcherons pas. Nous ne pouvons accepter que l’on considère les producteurs de la manière d’un autre temps. Celui révolu des serfs et des seigneurs”. Les propos d’Henri Brichart, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) lors de l’assemblée générale les 14 et 15 mars à Verdun, ont été reçus 5 sur 5 par Lactalis. “L'échéance du 31 mars est tombée”, a annoncé Franck Guehennec, coordinateur des groupements de producteurs livrant à Lactalis, à la sortie de la réunion entre le transformateur, dix représentants de groupements de producteurs et le médiateur des contrats, qui s'est tenue lundi 19 mars à la préfecture de Laval. Deux heures et trente minutes auront permis aux parties de s'entendre également sur la reconnaissance des groupements de producteurs par Lactalis : “Cette reconnaissance des OP était un challenge. C'est une victoire pour nous”, a commenté Franck Guehennec devant une cinquantaine de représentants de groupements de producteurs présents devant la préfecture (voir ci-dessous).

Appui du ministre
Les producteurs étaient en effet très remontés contre le numéro un français du lait qui voulait imposer ses propres contrats en ignorant les groupements de producteurs et les dispo-sitions de la Loi de modernisation agricole. Les Jeunes agriculteurs avaient lancé une pétition pour dénoncer l’attitude de l’entreprise qui reste résolument fermée aux demandes des producteurs. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, était également monté au créneau lors du congrès de la FNPL, pour apporter son appui total aux producteurs de lait : “Nous sommes à vos côtés pour faire en sorte que les dirigeants considèrent les producteurs comme de vrais interlocuteurs. Si ce n’est pas le cas, nous serons amenés à durcir l’action syndicale. Même le ministre de l’Agriculture s’était prononcé sans ambiguïté du côté des producteurs. Il a également annoncé la publication début avril du décret sur les organisations de producteurs, une fois “le paquet lait” définitivement adopté à Bruxelles.

Carcan administratif
Pour le reste, le président de la FNPL a déploré les propositions de réforme de la Pac qui n’offrent guère de perspectives aux producteurs de lait. Et de citer le démantèlement des outils de gestion des marchés, les inquiétudes suscitées par la convergence des aides et surtout le verdissement des soutiens lié à la sanctuarisation des prairies permanentes qui bloque toute évolution sur l’exploitation. “L‘on nous demande sans cesse de nous adapter, d’être plus performant et l’on veut en même temps nous enfermer dans des cadres réglementaires, rigides et souvent inadaptés au simple bon sens agronomique”. Cette remarque vaut également pour les pouvoirs publics français “qui soufflent le chaud et le froid” dans l’application de la directive européenne sur les nitrates. Conclusion d’Henri Brichart : “On a l’impression que dans l’esprit de certains, l’avenir c’est les prairies mais surtout des prairies sans animaux”. Le ministre a d’ailleurs fait son mea culpa là-dessus. “Je reconnais ne pas avoir eu suffisamment gain de cause dans ce domaine”, a-t-il avoué. Tout en délivrant un message d’optimisme à l’endroit des producteurs en les encourageant à maintenir et augmenter les capacités de production “car tout ce que nous ne réaliserons pas en France, ce seront les Allemands qui le produiront”.

ACTUAGRI

Lactalis

Un retour à la négociation

Le 19 mars,une cinquantaine de présidents de groupements de producteurs Lactalis de toute la France se sont mobilisés à la Maison des agriculteurs de la Mayenne afin de rétablir le dialogue avec l’entreprise Lactalis. Après avoir recueilli plus de 2 000 signatures de producteurs contre le contrat Lactalis en à peine une semaine, ces derniers étaient invités par le médiateur des contrats, Francis Amand à la préfecture de la Mayenne.
Après de longues heures de discussion, le groupe des dix représentants des présidents de groupements de producteurs Lactalis, emmené par Frank Guehennec, producteur de lait dans le Morbihan, a trouvé un accord avec les représentants du groupe sur un calendrier de travail pour la reprise des discussions sur les contrats. Ces quatre réunions s’échelonnant d’ici à la mi-avril, se dérouleront toutes au ministère de l’Agriculture en présence du médiateur des contrats. La date butoir du 31 mars imposée par l’entreprise pour signer la deuxième version du contrat tombe donc d’elle-même. Deux axes de travail sont d’ores et déjà envisagés : d’un part, rédiger une convention-cadre de
fonctionnement entre l’entreprise et les organisations de producteurs, permettant de fixer le cadre des relations entre les deux parties (notamment la renégociation collective des clauses du contrat de vente). D’autre part, faire une liste non exhaustive des clauses qui seront rediscutées avant le 20 avril. “Il ne faut toujours pas signer le contrat proposé, mais l’entreprise est sur une bonne voie pour enfin reconnaître la capacité de négociation des organisations de producteurs”, s’est satisfait Frank Guéhennec l’issue de la réunion.

E. MOREL
FDSEA 53
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