Nouvelle filière
Bientôt du konjac made in Anjou ?
Créer une filière de konjac 100 % français. C’est le défi que relève la SAS Plant innovation R&D basée à Angers.
Créer une filière de konjac 100 % français. C’est le défi que relève la SAS Plant innovation R&D basée à Angers.
Le konjac ? Mais qu’est-ce que c’est ? C’est un tubercule traditionnellement produit en Asie. Il est transformé en farine puis en pâtes, nouilles ou riz pour les usages alimentaires. Le konjac peut aussi s’utiliser dans le secteur médical ou cosmétique (éponge de konjac). « Dans le milieu médical, il permet de réduire les problèmes de surpoids et de diabète », précise Nhung Nguyen Deroche, présidente de la SAS Plant innovation R&D, lors d’un webinaire organisé par Vegepolys valley dans le cadre de la semaine des nouvelles filières. Aujourd’hui, le principal pays producteur est la Chine. « Mais la production est atomisée. La surface moyenne par foyer agricole n’est que de 0,6 ha. » Le marché du tubercule est en pleine expansion. « La demande mondiale est 2 fois supérieure à l’offre et le prix est galopant ». Les principaux consommateurs ? Hormis la Chine : le Japon, les états-Unis, les pays asiatiques et l’Europe. Le vieux continent en importe 2 000 à 4 000 t chaque année. « Dans 25 tonnes de nouilles konjac, il n’y a en réalité qu’ une tonne de farine pour 24 tonnes d’eau... On fait parcourir 22 000 km à 24 tonnes d’eau... » Face à cette aberration, l’ancienne chercheuse vietnamienne s’interroge : « l’énergie la plus verte n’est-elle pas celle que l’on ne consomme pas ? »
Répondre à une demande croissante
C’est pour ces multiples raisons que Nhung Nguyen Deroche a décidé de développer France-Konjac, une filière intégrée de konjac 100 % français. Mais créer une filière de A à Z ne s’improvise pas. « Cela fait 6 ans que nous menons des recherches. » Pour parfaire ses connaissances, elle a visité des fermes, des usines et des centres spécialisés dans la production de konjac en Chine et au Japon. Aujourd’hui, une station d’expérimentation se situe à St Jean de Linières. « Nous avons 0,5 ha de plantation et 1 000 m2 sous tunnel. La multiplication de semences est un processus long. » Pour obtenir un konjac, la culture dure 3 ans. « Au départ, on a un tubercule très petit qu’il faut planter au printemps. Il est récolté en novembre pour éviter le gel et le froid. L’année suivante, le tubercule plus gros est à nouveau planté... Et c’est seulement au bout de la 3e année de production que l’on obtient un tubercule de 500 grammes. » Le produit est alors transformé en farine. « Le konjac est composé à 90 % d’eau. Pour faire de la farine, on le fait sécher. Puis pour confectionner des nouilles, on utilise de l’eau... », constate Nhung Nguyen Deroche. La SAS Plant innovation R&D a développé un nouveau process de transformation avec moins d’étapes pour être plus efficient sur l’utilisation de l’eau et en énergie. « Nous l’avons validé à l’échelle artisanale. » L’outil de transformation sera basé à Bécon-les-Granits. Pour la mise en production, la société souhaite s’appuyer sur les compétences d’agriculteurs locaux. Pour commencer, la société travaille déjà avec l’un d’entre eux. « La rémunération sera calculée en fonction de ses rendements. » Au fur et à mesure que la production prendra de l’ampleur, la SAS cherchera de nouveaux producteurs. Nhung Nguyen Deroche espère commercialiser les premières nouilles de konjac français fin 2022.