Lait
Cafouillage sur le prix
La FNPL demande une revalorisation du prix du lait en fonction du marché particulièrement bon actuellement.
Prix du lait à 380 ou 350 € en octobre ?
Dans ses communications, la FNPL demande que les entreprises rémunèrent les producteurs selon les marchés qui sont particulièrement bons comme le montrent les indicateurs publiés par l’Interprofession et reconnus par tous. Toutefois, comme certaines entreprises ne forment plus leur prix sur la base des indicateurs interprofessionnels, la FNPL a calculé le prix moyen annuel théorique à la lecture de ces données. Elle revendique, pour le quatrième trimestre, des prix qui permettent à chaque entreprise d’atteindre cet objectif.
Les entreprises qui ont changé de méthode de formation de leur prix et tout particulièrement les deux leaders que sont Sodiaal (Candia, Yoplait…) et Lactalis (Président, Lactel, Bridel…) se cachent derrière “un prix politique” suite à l’annonce du médiateur nommé par le ministre, pour sous payer sciemment les producteurs. Historiquement, ces mêmes entreprises étaient pourtant les premières à dénoncer des prix politiques et défendaient des prix en lien avec les marchés… Pourquoi un tel cafouillage ?
Des marchés bien orientés
En France, depuis 1997, le prix du lait était fixé en fonction des marchés. Cette “révolution” qui venait après des décennies de prix orientés par “Bruxelles” a été décidée par une interprofession laitière qui avait fait preuve de maturité en parvenant à un accord historique. En 2008, les Pouvoirs publics ont remis en cause le droit à l’interprofession à parler de prix, ce qui a conduit la filière dans une incapacité à fournir tous les éléments objectifs pour la formation du prix du lait, parfois à la demande même d’un membre de l’interprofession. Profitant de ce flou, les deux entreprises leaders de leur secteur fixent les prix selon leur bon vouloir en profitant des nouvelles règles européennes qui imposent aux producteurs pour négocier d’être en OP (Organisation de producteurs reconnue par les Pouvoirs publics). Ces organisations, trop récentes (la plus ancienne à moins d’un an) ne sont pas dans un rapport de force équilibré et subissent la loi de ces géants économiques. Pourtant, depuis un an, tous les marchés laitiers sont bien orientés, aussi bien les produits industriels mesurés par la valorisation beurre/poudre que les produits de grande consommation. Toutefois, ces derniers ont tardé à bénéficier des hausses subissant la pression de la distribution, que la FNPL a dénoncée d’où l’arbitrage du ministre. Un médiateur a obtenu un engagement des entreprises et de la distribution d’anticiper la hausse du prix du lait au deuxième trimestre permise par des hausses significatives des prix de vente industriels (voir courbes PVI). Depuis et malgré ces avancées, des entreprises dont les deux leaders ne suivent plus les indicateurs de marchés qui, s’ils étaient appliqués, apporteraient un prix du lait significativement plus élevé. Le prix moyen de l’Ouest de 2013 devrait se situer à environ 344 €/ 1 000 l. En Allemagne ou le prix est beaucoup plus en lien avec le marché, les producteurs ont depuis plusieurs mois, un prix de 20 à
30 € supérieur au prix français.
Un prix attractif à plus de 380 € si…
Si les producteurs obtenaient la prise en compte des indicateurs du Cniel pour le quatrième trimestre 2013, le prix du lait ne devrait quasiment pas baisser, voire être légèrement supérieur au troisième trimestre malgré une saisonnalité défavorable. Ainsi en octobre le prix devrait-être de 382 € comme indiqué dans l’Anjou agricole de la semaine dernière. Mais pour qu’un seul prix soit appliqué, il faudrait que les entreprises respectent les règles qu’elles ont, elles-mêmes, demandées aux producteurs d’accepter dans le cadre des contrats.
Pour le prix d’octobre, Lactalis annonce 345 €, Sodiaal 352, soit près de 10 % de moins que les indicateurs. Comment réagiront les producteurs ?