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Carnets de voyage
Dessins, croquis, notes et récits, les artistes voyageurs dévoilent le monde et l'aventure du bout de leurs crayons. Embarquement immédiat.

Franchir les portes du 34 boulevard de Vaugirard à Paris, à deux pas de la gare Montparnasse, c'est embarquer vers d'infinis paysages. Un fabuleux tour du monde s'ouvre à cette adresse, avec l'exposition "Carnets de voyage" proposée par La Poste. Au delà de l'observation scientifique, ainsi qu'ont pu s'y livrer les explorateurs du 15e siècle ou les artistes inspirés par la poétique des Ruines et l'architecture romaine antique, les carnets de voyage d'aujourd'hui sont autant de "saisis sur le vif" puisque se combinent, au gré des planches et des pages, des témoignages écrits et l'image, mis en scène de façon très subjective mais authentique. Ce qui fait dire à Patrick Marchand, le commissaire de l'exposition : "Tout est bon à croquer". Les quelque 600 dessins et 200 extraits de carnets n'ont donc rien d'un quelconque cliché touristique, mais posent des mots et des lignes sur des scènes quotidiennes et formidablement humaines que Pérec aurait pu qualifier “d’infra-ordinaire”. Au gré de l'exposition, on découvrira des paysages de campagne, les arêtes enchevêtrées des immeubles de la ville, les couleurs chatoyantes du Pérou ou la ligne épurée du delta du Mékong, retracés par la sensibilité propre des artistes. Mais aussi l'émouvant récit d'Élisabeth Sagna, entre Casamance et Canal Saint-
Martin. Ou la quincaillerie de Montreuil, qui pourrait figurer dans “La France de Raymond Depardon” : “un magasin qui existe depuis quarante ans. Le propriétaire espère que mon dessin lui fera de la publicité car les clients sont rares”, indique l'auteur de dessin, Christine Flament. À voir aussi le périple d'Imago Sekoya, proposé par Franck Watel sur les îles d'Auvergne en 239 a.m.e. (avant la montée des eaux). Et on se laisse embarquer aux côtés du passager du métro de New-York, du vendeur de
bananes d'Alexandrie, avec les moines tibétains de la lamasserie de Langmusi ou les cueil-leuses de thé du district de Darjeeling, surgis soudain de l'anonymat pour une formidable invitation au voyage.
M. L.-R.
Rendez-vous
Au 34, boulevard de Vaugirard (près de la gare Montparnasse) à Paris, jusqu'au 23 avril, tous les jours sauf dimanches et jours fériés, de 10 h à 18 h. http://www.ladressemuseedelaposte.com