Comme l’ombre d’un doute pour le solaire
Retoquée par le Sénat, la révision des contrats pionniers du solaire jette le trouble sur les engagements de l’état. Les acteurs de la filière déplorent l’image renvoyée, alors que le solaire est en pleine expansion
Le 13 novembre, les députés ont adopté un amendement gouvernemental en première lecture, dans le cadre du débat parlementaire sur le budget dédié à l’écologie en 2021. Il prévoyait la révision à la baisse des tarifs d’achat d’électricité pour certains contrats passés avec l’État avant 2011. Retoqué au Sénat, cette proposition inquiète une filière en pleine croissance.
Perte de confiance
« L’image qui est renvoyée altère la confiance envers l’état. Ce dernier pourrait donc revenir sur des contrats vieux de plus de 10 ans ? », s’interroge Stéphane Boireau, chef de service du pôle énergies renouvelables à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Pour le monde agricole, la ministre de l’écologie l’a martelé dans les médias : « cela ne concerne que très peu d’exploitations ». On ne peut pas lui donner tort, puisque ce projet de loi ne concerne que 4 exploitations dans la région.
Si le projet de loi avait pour objectif de rétablir des prix plus en adéquation avec le marché, et ainsi diminuer le prix de l’électricité pour le consommateur, l’ensemble de la filière a réagi négativement. Ainsi, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire, ont estimé que le Sénat avait « montré à l’unanimité la voie de la raison . On ne peut renier un engagement pris auprès d’une filière industrielle, et au-delà fragiliser durablement la dynamique de développement des énergies renouvelables en France qui favorise l’activité et l’emploi local dans tous les territoires ». « Sur le photovoltaïque agricole, la dynamique est très forte », abonde Stéphane Boireau. « Il serait dommage de refroidir les porteurs de projets et les banques, alors même qu’un arrêté qui rentrera en vigueur début 2021 facilitera le développement du solaire dans les exploitations ». L’agrivoltaïsme a de beaux jours devant lui, et les acteurs de la filière semblent regretter ce qu’ils perçoivent comme des bâtons dans les roues. « La dynamique est forte pour différents types de panneaux, avec de nombreuses formes de projets. Il faut travailler sur l’encadrement de ces projets. La vraie question du solaire, ce n’est pas tant la révision des vieux contrats. C’est, face à un tel dynamisme, comment développer la filière intelligemment, sans nuire au foncier agricole », estime Stéphane Boireau.