Des maires agriculteurs réélus
Les élections municipales sont presque passées inaperçues dans l’actualité. Pourtant, de nombreux maires, dont des agriculteurs, ont été élus au premier tour. Dans l’attente de la fin du confinement, ce sont les maires du mandat précédent qui sont en place.
« La mairie tourne au ralenti depuis l’annonce du confinement. J’ai mis 35 agents en chômage partiel », constate Jean-Pierre Cochard, maire de Terranjou. Agriculteur retraité, depuis deux ans, à Chavagnes-les-Eaux, il s’est engagé au conseil municipal de sa commune en 1995. Dorénavant maire de Terranjou, et responsable des questions sur la voirie au sein de la communauté de communes Loire Layon Aubance. La voirie, une priorité pour lui dans son prochain mandat : « la voirie, c’est un outil de travail indispensable aux agriculteurs. Mais les campagnes changent, et des utilisateurs différents l’empruntent : vélos, quads, motos, promeneurs ... Il faut se mettre au travail pour l’améliorer ». Une nécessité selon Jean-Pierre Cochard, pour qui « il faut tout faire pour aider les agriculteurs déjà en place ».
L’importance de la voirie
Du côté de Noyant-Villages, commune de 5 800 habitants, même son de cloche chez Adrien Denis, le maire. « En tant qu’agriculteur, on a une vision particulière sur l’entretien de la voirie et des espaces naturels », témoigne-t-il. Vigilant également sur la provenance locale des aliments dans les cantines et les foyers de jeunes travailleurs, l’agriculteur ne compte pas ses heures. Sur son exploitation de 160 ha, en agriculture biologique, il avoue « ne pas y passer assez de temps », du fait de ses obligations à la mairie. Maire depuis 2008, il a toujours été passionné par la politique et considère la commune comme « la petite République dans la grande ».
Augmenter la résilience des territoires
à Terranjou, comme à Noyant-Villages, le développement économique est une priorité pour les deux maires, en accueillant des entreprises. La problématique est la même : la proximité d’Angers. Le risque ? Que les communes deviennent des villes dortoirs. Ainsi, la commune de Noyant-Villages a favorisé l’installation de serres. « Le chômage est de 15 %, j’espère que cela permettra à certains de travailler », confie Adrien Denis. En filigrane de ce développement économique, une part plus importante donnée au local. à Terranjou, l’activité agricole est dynamique, et attractive. Cependant, « il faut veiller à garder cette activité, et à la faire cohabiter avec les nouveaux arrivants ». Pour Adrien Denis, le localisme est une recherche constante. L’eau, l’alimentation, l’énergie. Une manière d’augmenter la résilience de sa commune. « Quand on voit cette crise du covid-19, cela nous montre que l’on manque d’autonomie. C’est du bon sens paysan que de produire ce que l’on consomme. Je veux une société du long terme, résiliente, avec des valeurs, et pas celle du “après moi le déluge” ».
La solidarité du monde agricole
Face à la crise, Jean-Pierre Cochard organise la solidarité dans son hameau, prenant soin des plus défavorisés. « J’apporte le pain pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, on veille les uns sur les autres ». Une preuve de la « solidarité du monde rural », chère aux deux maires, adeptes du “bon sens paysan”. « Sur ma liste, un tiers des personnes sont agriculteurs, sûrement un des plus forts taux de France », témoigne Adrien Denis. Cependant, ils déplorent la moindre implication des agriculteurs dans les mairies, imputable au manque de temps. Les deux maires ont été élus dès le premier tour, puisqu’aucune liste concurrente ne s’était présentée.