Pac 2013
Des soutiens publics mieux répartis, mieux ciblés et plus lisibles
Trois mois avant la communication de la Commission européenne, l’avenir de la Pac a fait l’objet d’un débat à Bruxelles. 6 000 contributions ont été recueillies.

L’Europe ne renoncera pas à sa politique agricole commune. Mais pour rester une grande politique de l’Union européenne, la Pac devra s’adapter et répondre simultanément à un certain nombre de défis quelquefois contradictoires allant de la sécurité alimentaire en Europe et dans le monde à l’entretien des territoires. En passant par la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, la promotion de la qualité et de la diversité. Sans oublier la lutte contre la volatilité des marchés et la sécurisation du revenu des agriculteurs, ainsi que la simplicité des mécanismes qui seront mis en œuvre. Ce sont sur ces nouveaux enjeux qu’ont débattu quelque 600 délégués venus de toute l’Europe et réunis les 19 et 20 juillet à Bruxelles pour achever le cycle de débats publics lancé par la Commission européenne en avril. Avant que Dacian Ciolos, le commissaire européen à l’agriculture, ne présente en novembre prochain une communication sur la Pac après 2013.
6 000 contributions et 80 groupes de réflexion
« Nous allons maintenant analyser les quelque 6 000 contributions que nous avons reçues en deux mois, émanant de 80 groupes de réflexion et de près d’une centaine d’organisations non gouvernementales. Et qui montrent avec ces deux jours de débats que la Pac est un sujet qui ne concerne pas seulement les agriculteurs », a-t-il déclaré. Il a surtout profité l’occasion pour dresser quelques pistes qui constitueront le fil rouge de ses futures recommandations. « Certes les agriculteurs n’ont pas à rougir parce qu’ils sont soutenus par des fonds publics » a-t-il indiqué. Mais « les soutiens doivent être mieux répartis, mieux ciblés et plus lisibles ». Ainsi un taux uniforme de soutien, une idée un moment évoquée, semble écartée. Exit aussi les références historiques : les maintenir « n’est pas non plus une option ». Car « les références du passé ne nous permettront pas de préparer l’avenir et d’accompagner un secteur en voie de modernisation ». « Une chose est claire, a-t-il poursuivi, nous ne pouvons perpétuer un système qui n’accorde pas des droits similaires à des catégories d’exploitation agissant dans des conditions similaires ».
Maintien des deux piliers
Concernant la structure de la Pac elle-même, le commissaire à l’agriculture a estimé que le maintien des deux piliers restait opportun. Le premier pilier étant consacré au soutien de l’ensemble des agriculteurs sur une base annuelle. Le second intégrant l’évolution des filières et des territoires, sur une base pluriannuelle de programmation. Celui-ci sera consacré à la modernisation des exploitations, la diversification dans les zones rurales, la lutte contre le changement climatique…Dacian Ciolos a résumé son option : « une Pac forte avec deux piliers qui soutient la diversité de toutes ses agricultures et des territoires européens et qui génère des biens publics que la société attend ». Au passage, le commissaire a indiqué que l’agriculture « doit améliorer ses pratiques de production et réduire ses émissions de carbone (…) et plus largement apporter des réponses à la société pour lutter contre le changement climatique ». Enfin sur le plan économique, il s’est prononcé sur la mise en place « d’un filet de sécurité solide », assorti d’outils de gestion des marchés. Ainsi que sur l’introduction de nouveaux dispositifs pour lutter contre « la volatilité excessive des revenus » agricoles. Également évoqué mais sans aller dans le détail : « des relations renouvelées au sein de la chaîne alimentaire » et la nécessité pour les agriculteurs de mieux s’organiser.
A découvrir dans l'Anjou Agricole de cette semaine, un dossier complet sur la Pac 2013.
Pac
La ministre allemande a « bon espoir » de parvenir à une position commune avec la France
La ministre allemande de l'Agriculture et de la protection des consommateurs, Isle Aigner a « bon espoir » de parvenir à une position commune avec la France sur la Pac d'ici à septembre, a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse commune avec Bruno Le Maire, à Paris. Répondant à l'invitation du ministre français qui trouve « formidable » de travailler
avec son homologue allemande, elle a toutefois précisé qu'il restait « différents points à régler en interne au
gouvernement allemand ».
Elle a insisté sur « la coopération franco-allemande qui a fait ses preuves dans la crise du lait ». Concernant la Pac, « nous avons déjà parcouru un long chemin et vaincu de nombreuses difficultés » a-t-elle résumé se disant « confiante » sur la
capacité des deux pays à présenter d'ici septembre un texte commun. La difficulté est bien de définir une proposition commune « dans les détails où le diable se niche » a souligné Bruno Le Maire. « On va parler d'argent et d'aides directes, des sujets difficiles qui engagent les financements publics » a-t-il ajouté. Dans un second temps, « cette proposition sera une base de discussion avec les autres États-membres », a-t-il conclu.