Distiller les arômes de l’Anjou
Depuis 2014, la Fabrique des bières d’Anjou
transforme l’orge bio locale en bière sous la marque La Piautre. Aujourd’hui, elle se lance dans la dernière étape de la transformation de la céréale : le whisky.
Du whisky en Anjou ? Oui, ça existe. La Piautre - plus connue pour ses talents de brasseurs - l’a fait. L’aventure a commencé en 2013. Une idée un peu folle, certes. Mais qui est aussi une continuité pour la Fabrique des bières d’Anjou. « Le whisky est une distillation de bière non houblonnée qui doit vieillir minimum 3 ans en fût », souligne Vincent Lelièvre, gérant de la SARL installée à La Ménitré.
Privilégier le local
« C’est avec Gilles Boudier, distillateur artisanal de Vihiers, distillant au feu de bois sur d’anciens alambics nantais que nous avons commencé cette aventure. » Comme rien n’est laissé au hasard à la Fabrique des bières d’Anjou, l’eau de vie obtenue vieillit ensuite dans des fûts de Coteaux de l’Aubance pour une durée minimale de 3 ans. De cette collaboration est né le premier single malt angevin, réalisé à 100 % à partir d’orge bio locale.
Depuis, en 2017, la Fabrique a investi dans son propre alambic, un alambic charentais de 25 hl chauffé au moyen d’un brûleur à granulés bois.
L’entreprise affirme son caractère artisanal et local. Dans cette logique, depuis 2014, elle a sa propre malterie. Pour rappel, le maltage permet entre autres la production d’enzymes qui vont transformer l’amidon du grain de l’orge en sucre puis en alcool avec l’ajout de levures lors du brassage. « Chaque année, nous maltons une centaine de tonnes d’orge bio locale pour brasser environ 4 000 hectolitres de bière dont 1 000 (sans houblon) sont distillés pour notre whisky. » Ainsi, la fabrique s’affranchit des malteries industrielles. « Notre orge est maltée de façon ancestrale. C’est un maltage sur aire. » Un procédé qui demande du temps et de la main-d’œuvre mais assure un malt de qualité. « Nous sommes les seuls en France à regrouper les 3 activités : malterie, brasserie et distillerie », précise le gérant.
Les premiers whiskies ont été commercialisés en 2017. Et déjà 2 prix au palmarès. En 2017, une médaille au Concours du Musée Français de la Brasserie de Nancy. Cette année, une médaille d’or au concours général agricole de Paris dans la catégorie single malt. « Ces concours, c’est surtout pour se comparer aux autres whiskies et avoir l’avis d’experts », précise Vincent Lelièvre qui n’a pas l’âme d’un compétiteur.
Plus de whisky d’ici 2021
Fort de ces premiers succès, la Fabrique compte développer cette production. Aujourd’hui, le whisky ne représente que 10 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Il est vendu principalement à des cavistes, magasins bio et directement à la Fabrique. « Un deuxième alambic devrait prochainement être installé. » Vincent Lelièvre prévoit de commercialiser 20 000 bouteilles de whisky en 2021.
H.R