FNSEA
« Je veux une vie après la FNSEA »
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et du Copa a annoncé qu'elle ne ferait pas de 3e mandat à la tête de la FNSEA.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et du Copa a annoncé qu'elle ne ferait pas de 3e mandat à la tête de la FNSEA.

Vous avez annoncé le 23 décembre que vous ne briguerez pas de 3e mandat à la tête de la FNSEA. Pourquoi avoir pris cette décision ?
C'est une décision mûrement réfléchie avec ma famille et mes collègues. Mes deux prédécesseurs ont beaucoup donné. Être président de la FNSEA est très prenant et mes deux prédécesseurs ont connu une fin brutale. Xavier Beulin est décédé pendant son mandat. Jean-Michel Lemetayer est décédé un an et demi après. Moi, je veux une vie après la FNSEA. J'ai une famille, j'ai trois enfants aujourd'hui, deux petits enfants. Mes enfants et mon mari s'inquiètent pour ma santé donc je fais le choix de lever le pied à temps. Je lève le pied, je n'arrête pas puisque je garde la présidence du Copa, le syndicat européen où j'ai été réélue à l'unanimité en septembre. Il y a aussi une autre raison très importante, c'est la transmission. Nous avons une exploitation que nous avons portée toute notre vie. Nous l'avons développée, modernisée pour la rendre rentable et attractive. Et aujourd'hui, notre deuxième fils, Thibault, et notre salariée Elodie, qui travaille chez nous depuis six ans, ont manifesté l'intérêt de reprendre notre exploitation. Vous savez, la transmission pour un chef d'entreprise, pour un agriculteur, c'est quelque chose d'important. C'est la continuité de ce que l'on a construit.
Quel bilan faites-vous de ces six années à la tête de la FNSEA ?
Nous avons beaucoup travaillé pour faire reconnaître la valeur de l'alimentation. Les lois Egalim permettent aujourd'hui d'avoir un vrai retour de valeur, enfin, aux agriculteurs. Nous avons aussi travaillé pour avoir des outils de résilience : l'épargne de précaution pour pouvoir mettre de l'argent de côté, non fiscalisé les meilleures années, et réutilisé quand ça va mal. Nous avons aussi fait reconnaître que nous avons besoin d'outils de gestion des risques climatiques. Le climat nous joue des tours, nos entreprises n'ont pas de toit, une meilleure assurance, une solidarité nationale et puis l'accès à l'eau, l'irrigation et l'agriculture peut être solution dans de nombreux domaines pour le climat, mais aussi capter du carbone, produire des biocarburants, produire de l'énergie verte là où les fossiles vont disparaître. Et puis des mesures de justice avec enfin des solutions pour la retraite, pour les agriculteurs d'aujourd'hui et les retraités de demain. Les 25 meilleures années sont en passe d'être acquises pour les agriculteurs. C'est une bonne nouvelle. Et puis la victoire aux élections Chambres d'agriculture, là où certains nous donnaient à moins de 50 %. Nous avons eu un score de reconnaissance de la part des agriculteurs à 55,55 %. Ça c'est des vrais challenges que nous avons réussis.
Et quels sont les grands défis qui attendent votre successeur ?
La poursuite de tout ce que nous avons engagé en termes de reconnaissance de l'agriculture parce qu'on ne gagne pas et on ne fait pas évoluer les politiques publiques contre l'assentiment de la société et des politiques. Il faut pour cela plus de compréhension. Aujourd'hui, les défis sont climatiques, économiques et environnementaux. Le renouvellement des générations de 40 % des agriculteurs qui vont quitter leurs exploitations dans les dix ans. Donc il faut avoir un métier rentable, attractif et laisser de la place aux jeunes avec la possibilité d'accéder au foncier et d'accéder à des contrats. Puisque l'agriculture est aujourd'hui davantage reconnue, on voit davantage de nouveaux profils arriver vers l'agriculture et il faut pouvoir les accueillir.