Lait
Jusqu’au 12 août pour trouver un accord pour le troisième trimestre
À Rennes, les éleveurs de l’Ouest réfutent point par point les arguments des entreprises laitières qui s’alignent sur le prix allemand. Un ultimatum leur a été lancé.

Les représentants des départements laitiers de l’Ouest réunis à Rennes, ce jeudi en fin de matinée n’en décolèrent pas : les trois transformateurs laitiers privés, Lactalis, Bongrain et Bel, se sont calés, de façon unilatérale, sur le prix allemand pour le mois de
juillet et août, soit 13,80 euros. Une attitude que semblent s’empresser de suivre les coopératives laitières. C’est pourquoi les éleveurs de l’Ouest s’associeront aux actions annoncées par la FNSEA, la FNPL et JAnational.
« Derrière l’argument allemand, uniquement l’aspect prix retenu »
« Quand on parle du prix allemand, comparons ce qui est comparable », a rappelé Pascal Clément, le président de la FRSEAO lait, lors de la conférence de presse. Car en invoquant un prix allemand, les entreprises ont bien garde de ne pas tenir compte de tout les éléments à prendre en compte dans un prix : une valorisation des produits laitiers français sans comparaison aucune avec celle des allemands, elle est estimée à 8 % de plus ; une gestion stricte des quotas à la française justifiant également une incidence positive ; un règlement du lait à la qualité différent en France et en Allemagne. De plus, d’un point de vue fiscal et social, le système allemand est plus avantageux, des éléments réclamés par la profession agricole et dont la LMA récente n’a pas tenu compte. « Derrière l’argument allemand, c’est uniquement l’aspect prix qui est retenu par les entreprises », dénoncent les responsables professionnels de la FRSEA et de JAouest. Alors que les indications contenues dans l’accord permettraient une augmentation de 31 euros. « A contrario, quand il s’agit de discuter des volumes, ces mêmes entreprises invoquent le système français ». Un raisonnement à géométrie variable inacceptable. C’est donc l’accord du 3 juin que les éleveurs laitiers veulent voir appliqué. D’autant que le contexte agricole est tendu en raison de la sécheresse, des inquiétudes sur l’affouragement et de la spéculation grandissante sur les céréales. « Les prix de l’alimentation animale risquent de décoller, s’inquiète
Laurent Kerlir. « Il faut remettre des stocks sur le marché pour éviter l’inflation »
Cet accord, considéré à l’époque comme le moins mauvais possible, mais qui avait l’avantage de préserver l’avenir, va t il se maintenir encore longtemps ? « Pour 2011, nous ne sommes pas opposés à revoir toutes les conditions de l’accord, indique Pascal Clément. Et ces conditions impliquent les volumes. Est-ce à dire que le premier bassin de production français pourrait accentuer sa place de leader ? « Notre syndicat est attaché à une répartition des volumes sur le territoire », précise Alain Cholet. Notre objectif, c’est déjà que la France produise tout son droit à produire et, dans cette perspective, la région du Grand Ouest, orientée élevage, peut être concernée ».
M.L.-R.
Des actions imminentes en Maine-et-Loire
Interview d’Alain Cholet, président de la FDL.
Un ultimatum a été adressé lancé aux entreprises par la FNPL pour le 12 août. Que va-t-il se passer d’ici là ?
Alain Cholet : La réunion de la FDL, vendredi matin 6 août, à Angers, va décider de tout cela, mais je peux d’ores et déjà vous dire que nous n’attendrons pas le 12 août pour passer à l’action et mettre la pression sur les entreprises. Une des actions envisagées, c’est que, dans chaque canton, une délégation de quelques éleveurs se rende dans les grandes surfaces et apposent des auto-collants sur les produits laitiers, pour dénoncer le non respect de l’accord.
Ce sont des produits particuliers qui seront ciblés ?
Non. Nous ne limiterons pas l’opération à la Vache qui rit (Bel), le Camembert Président (lactalis) et Caprice des dieux (Bongrain), mais à tous les produits laitiers, car les coopératives ne jouent pas le jeu non plus.
Que va-t-il se passer à partir du 12 août ?
Le Maine-et-Loire a quelques idées là- dessus. Par exemple, celle de « rendre visite » aux sièges des laiteries qui collectent le lait dans l’Ouest. La liste est facile à établir. Notre réseau peut facilement se mobiliser et se rendre sur les lieux. C’est une première démarche, une façon de savoir où les entreprises en sont.
L’accord du 3 juin peine à s’appliquer, de la part des entreprises. Les règlements pour la livraison du mois de juillet vont intervenir d’ici une dizaine de jours. Quel prix attendez-vous ?
Effectivement, l’accord n’est pas appliqué. Mais je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas fixer un accord s’appliquant a posteriori. On a déjà vu cela pour Entremont, en 2008. À ce stade, pour juillet, les producteurs ont livré sans savoir à quel prix ils allaient être payés ou les entreprises ont annoncé des montants largement en dessous de l’accord du prix du lait. Je note toutefois que les coopératives ont signalé qu’il s’agissait d’un acompte et qu’elles réajusteraient pour suivre le prix fixé par accord. Quant aux mois d’août et de septembre, c’est la période où le lait est payé le plus cher selon les termes de l’accord du 3 juin.
Propos recueillis par mlr