Interview
“La France doit produire et exporter”
Régis Lebrun, président de la section viande bovine de la FDSEA.
Quelle est la conjoncture en viande bovine ?
Régis Lebrun : Depuis un an, on a subi une perte de 50 centimes par kilo de carcasse. Une vache charolaise UR cotait à 4,50 e quand elle atteint à peine 4 e aujourd’hui. Dans ce contexte, la manifestation du 5 novembre a largement mobilisé les éleveurs, preuve d’un vrai malaise dans la production. En 2013, les revenus en viande bovine étaient parmi les plus faibles, avec 15 000 euros par UTH. Et les premières prévisions des centres de gestion pour 2014 ne sont pas du tout optimistes.
Comment en est-on arrivé là ?
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. L’embargo russe pèse lourd dans la baisse des cours, mais pas seulement. Il n’y a pas de vraie politique pour placer nos produits à l’export. Il y a aussi un manque de compétitivité de toute la filière. Mais le producteur fait office de variable d’ajustement, et ce n’est plus possible. Il faut un partage équitable de la valeur ajoutée.
Comment agit, à son niveau, la section bovine ?
Nous avons lancé une surveilance des étiquettes dans les magasins et la restauration collective. Cela nous a confirmé la part importante de l’importation, qui contribue à peser sur les cours. Nous avons constaté que des entreprises, y compris des coopératives, importent des animaux d’Allemagne, des Pays-Bas.... En Vendée, une vache espagnole s’est échappée récemment d’un abattoir. Nous militons aussi pour qu’il y ait plus de viande française dans les cantines. A plus long terme, notre ambition est de conserver des éleveurs sur le territoire, de continuer à installer, et de maintenir les volumes de production suffisants pour faire perdurer les outils de transformation. La consomation de viande s’accroît au niveau mondial, la France doit être capable de produire de la viande et d’en exporter.
Elivia annonce une augmentation de 10 % des abattages au Lion-d’Angers. Une bonne nouvelle ?
Oui, mais les éleveurs seront vigilants quant à la provenance des animaux. Nous soulignons aussi que la coopérative n’attirera de nouveaux éleveurs que si les élevages retrouvent de la rentabilité.
Un supermarché du Doubs a acheté des terres pour élever son propre bétail. Que vous inspire cette initiative ?
Dans ce projet, il s’agit de finir des bovins afin de communiquer sur le produit viande. Ce qui me gêne, c’est que l’on utilise ainsi notre image sans que l’on soit rémunéré. L’élevage n’est pas le métier des GMS.
Ce projet soulève aussi une interrogation par rapporrt au foncier qui risque de flamber si des grandes surfaces se mettent à acquérir des terres à prix fort. Enfin il faut rappeller que pour s’installer, il faut une capacité professionnelle.
Propos recueillis par S.H.
A découvrir également dans l'Anjou agricole du 14 novembre 2014, un dossier spécial "Viande bovine".
Au sommaire :
Bovins allaitants > L’IA à partir de semences sexées disponible. p10
www.genival.com > Des taureaux et des femelles à vendre sur internet. p12
Etude > Les liens entre le potentiel génétique et les performances permises en engraissement. p12
Cap’eco > Un outil de diagnostic. p13