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Syndical
La régulation professionnelle, alternative à la baisse des soutiens publics

C’est un rapport d’orientation intitulé “La détermination du prix de nos produits, élément-clé de l’avenir de nos entreprises” que le conseil de la FDSEA a voté pour son congrès.

Le rapport d’orientation a été voté mardi dernier, en vue de sa présentation et de sa mise en débat à l’assemblée générale qui aura lieu le 11 février prochain au Lion-d’Angers.
Ce document d’orientation s’inscrit dans le droit fil des rapports précédents sur l’organisation économique et prolonge les orientations validées par la FNSEA à Nantes en 2008. Il constitue également la contribution de la FDSEA aux débats sur la Loi de modernisation agricole présentée en conseil des ministres le 13 janvier et qui sera débattue à
l’Assemblée nationale au printemps.
En toile de fond, des ruptures définitives et une nouvelle donne communautaire qu’il faut appréhender avec lucidité. L’heure n’est, en effet, plus aux atermoiements “changera- changera pas la Pac en 2013 ?”.
L’accord de Luxembourg en 2003 et le bilan de santé de 2009 ont donné la ligne, et si la crise financière et économique donne raison sur la nécessité d’une régulation agricole, il n’en reste pas moins vrai que l’Europe, c’est aujourd’hui 27 expressions loin de l’unanimité, des enjeux nouveaux assignés à la Pac, une forte influence de l’OMC, et la confirmation d’un transfert massif des soutiens de marché vers des aides directes.
Face à ces ruptures définitives et à ces nouvelles donnes incontournables, la FDSEA défend une position syndicale pour l’obtention de prix rémunérateurs comme constituant essentiel du revenu.

Premier axe de ce rapport : une connaissance approfondie et suivie de la formation des prix alimentaires, du producteur au consommateur, pour réguler les marges et mieux répartir la valeur ajoutée.
La loi doit rendre les outils opérationnels rapidement par des décrets d’application et des moyens humains. La FDSEA continuera ses relevés de prix en magasin, et propose qu’un partenariat avec les consommateurs constituerait un outil et une vraie arme dans les tentatives d’opposition “prix agricoles et revenu des producteurs contre pouvoir d’achat du consommateur”.

Deuxième axe : le maintien de mécanismes publics de régulation et la mise en œuvre d’instruments de gestion des risques. La FDSEA considère que « c’est maintenant dans le cadre des débats sur la loi que nous mesurerons la volonté du gouvernement et du législateur de renouveler le pacte de confiance qui lie la nation à ses agriculteurs ».
Troisième axe : la capacité collective des agriculteurs à construire une véritable alternative professionnelle au désengagement public et au laisser-faire du marché. Cette ligne directrice se décline en quatre points :
- Premier point, positionnement découlant du choix d’être un syndicat réformiste et responsable, lutter contre la dérégulation professionnelle agricole interne. La main invisible, machine à broyer qu’est le marché sans règle, pourrait bien gagner la partie si, sous sa pression économique et sociale, les agriculteurs cédaient aux sirènes individualistes, au repli sur soi et aux mécanismes de solidarité que le monde agricole a su construire en parallèle des politiques agricoles.
- Deuxième point : la capacité des agriculteurs regroupés à peser sur un marché où les opérateurs d’aval et la grande distribution sont de plus en plus concentrés.
- Troisième point : contractualiser pour sécuriser l’approvisionnement du marché et le revenu des producteurs et atténuer la volatilité des prix. Ce sujet est au centre de multiples controverses aujourd’hui, en particulier avec l’actualité laitière qui l’a mis sous le feu de la rampe. La FDSEA explique pourquoi, dans la logique des valeurs et des finalités qu’elle défend, appréhende le contrat comme une alternative, régulatrice et sécurisante. Mais elle rappelle en préambule, que « si le contrat sécurise, il engage, et s’il engage, il doit sécuriser ». « Il est très responsabilisant et fait appel à la loyauté des contractants ». Il n’est pas une fin en soi, il faut aussi gérer en amont la gestion des volumes mis ou retirés de la production et disposer d’un cadre communautaire permettant de lutter contre les distorsions de concurrence. Le rapport illustre son propos sur le cas du lait. Il faut préparer 2015 dans un esprit de responsabilité au profit des acteurs de la filière laitière, au centre de laquelle les producteurs devront avoir renforcé leur position.

C’est pourquoi le quatrième point porte sur les politiques interprofessionnelles, instruments de pilotage sur des marchés instables. Il faut que les autorités communautaires de la concurrence permettent à la France de poursuivre une dynamique interprofessionnelle capable de renforcer son rôle pour construire et consolider les instruments de régulation proposés.

Pascale Gélin

Rencontre à l’Élysée

L’agriculture : une force économique et sociale

Une délégation de responsables professionnels angevins a obtenu une rencontre à l’Élysée auprès du conseiller agricole du Chef de l’État, le 21 janvier.

La FDSEA avait déploré l’absence de référence à l’agriculture et à l’agro-alimentaire lors des vœux du Président de la République aux forces économiques à Cholet (cf. billet de l’Anjou agricole du 8 janvier). Elle avait remis un courrier rappelant le poids de l’agriculture dans l’économie départementale. Un entretien auprès du conseiller agricole du Chef de l’État avait alors été obtenu. Il a eu lieu jeudi 21 janvier. La délégation était composée de Christiane Lambert, présidente de la FDSEA, Anne Gautier, présidente de la commission Employeurs, et Frédéric Vincent, président des Jeunes Agriculteurs.
Ce dernier a rappelé au conseiller la politique d’installation volontariste conduite dans le département et alerté sur les risques qui pointent aujourd’hui concernant le renouvellement des générations. Pour sa part, Anne Gautier a insisté sur l’importance du nombre d’entreprises agricoles employant des salariés à la production et du nombre de salariés ; un nombre d’actifs qui traduit le poids économique et social de l’agriculture angevine, et les menaces qui pèsent sur les entreprises concernées, du fait d’un différentiel de compétitivité croissant avec d’autres pays européens, l’Allemagne notamment. Elle a réitéré les demandes de la FNSEA concernant l’urgence à obtenir, à travers la Loi de finances, la possibilité d’abaisser le niveau des charges sociales qui pèsent sur les entreprises employeuses. Christiane Lambert a enfin rappelé les difficultés qui persistaient sur la mise en œuvre opérationnelle du plan d’urgence, notamment les prêts bancaires. Elle a, par ailleurs, invité le conseiller à prendre connaissance des positions de la FDSEA concernant la Loi de modernisation, en particulier dans son volet “organisation économique”, rappelant à l’occasion que la mise en garde du syndicalisme majoritaire sur les risques d’une dérégulation débridée ne date pas de 2009, et qu’il est désormais temps de dépasser les réflexions des « groupes de haut niveau » pour donner une traduction concrète au mot régulation. Le revenu des agriculteurs ne peut plus attendre.

P.G.

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