Urbanisme
La surface agricole menacée à Beaufort-en-Vallée
Un projet de circuit automobile ou de zone industrielle de 60 hectares.
En milieu rural, il ne devrait plus rien se passer », tonne le député-maire et président de la communauté de communes de Beaufort-en-Vallée, Jean-Charles Taugourdeau. Depuis qu’au mois de février dernier, le projet d’implanter un circuit automobile ou une zone industrielle sur 50 à 60 hectares près de l’autoroute a été révélé, la contestation n’a fait qu’amplifier. Un collectif s’est constitué contre le projet avec à l’origine trois associations (Amap de Beaufort-en-Vallée, Association Brion Patrimoine et paysage et association Beaufort aujourd’hui, Beaufort demain). Il a recueilli 3 000 signatures et se mobilisent à chaque réunion de conseil municipal sur la Communauté de communes et lors des conseils communautaires.
Des sites plus opportuns
Premiers concernés par ce projet, les agriculteurs. L’exploitation de Jean-Marc Raveneau (en polyculture-élevage avec
25 laitières et autant de génisses) et de son épouse est directement menacée. Sur les 60 hectares que pourrait compter le projet, 20 se situent sur leur ferme dont leur siège d’exploitation. « Un jeune qui est encore en étude est intéressé pour reprendre mon exploitation mais il est dans le doute compte tenu de la situation. Cela mettrait également en difficulté la ferme bio attenante qui pensait reprendre une partie de mes terres ». À 57 ans, Jean-Marc Raveneau verrait disparaître l’exploitation familiale. « Ma maison d’habitation est en plein milieu du futur projet. Je suis né ici, mes grands-parents et mes parents ont exploité ces terres et pour l’instant, le rachat des habitations n’a pas encore été budgétisé ». Cinq producteurs sont concernés par le projet.
« Il existe des sites plus opportuns avec des terres incultivables », explique le secrétaire de région FDSEA de la Vallée, Emmanuel Lachaize. « Nous n’avons pas à nous prononcer sur l’utilisation du site (circuit automobile ou une zone d’activité) mais bien sur la consommation de l’espace agricole. Notre rôle est d’alerter sur le grignotage permanent de terres cultivables. Sur le secteur, des terres sont déjà accaparées par des entreprises du para agricoles ». Pour le responsable professionnel, la question de fond soulevé par ce dossier est de savoir comment gérer l’espace rural au cœur d’un site privilégié pour le développement du végétal spécialisé, comme le rappelle la Charte foncière de l’Anjou.
Suite au refus de la commune de Fontaine-Guérin que le projet se fasse en partie sur ses terres, les 60 hectares du projet se trouvent répartis de chaque côté de l’autoroute sur la commune de Beaufort-en-Vallée. « Il faut veiller à ce que nos jeunes aient l’espoir de trouver du travail par ici, explique le député-maire. Ce projet pourrait en financer d’autres grâce aux recettes fiscales ». Face au grignotage de terres agricoles, l’élu explique : « Je ne dis pas que l’agriculture n’apporte pas d’emplois mais elle ne paye pas de taxe professionnelle. Je vais organiser une rencontre avec les responsables agricoles locaux pour qu’ils m’indiquent des surfaces moins utiles pour l’agriculture. J’ai toujours défendu les agriculteurs, il faut arriver à préserver leur travail mais il faudrait pour cela densifier l’habitat ».
Une étude a été confiée au Conseil d'architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) qui devra déterminer si le site proposé peut correspondre au projet. Le résultat de l’étude sera annoncé lors du conseil communautaire du 2 juillet prochain.
N.H