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Boviloire
Le commerce international  du bœuf : questions-réponses

La production de viande bovine se renforce en Amérique latine et en Asie.

Pour l’économiste Philippe Chotteau, « il n’y a pas à être pessimiste quant à l’avenir de la consommation de bœuf dans le monde, l’inconnue est de savoir qui va le produire ».
Pour l’économiste Philippe Chotteau, « il n’y a pas à être pessimiste quant à l’avenir de la consommation de bœuf dans le monde, l’inconnue est de savoir qui va le produire ».
© AA

Philippe Chotteau, chef du projet du service économie à l’Institut de l’élevage était l’invité de l’assemblée générale de
l’interprofession BoviLoire, le 3 juin. Il a dressé un panorama du marché mondial de la viande de bœuf. Un monde du bœuf « dans la tourmente », au croisement de crises sanitaires, financières, d’image, économique et sociale.

Qu’y a-t-il à craindre d’un accord à l’Organisation mondiale du commerce (cycle de Doha) ?
En cas d’accord avec classement du bœuf en produit sensible, une baisse de 23 % des droits de douane sera appliquée. Conséquence à attendre : une baisse de prix au niveau de  la filière européenne. Outre l’accord OMC, l’accord bilatéral entre l’UE et le Mercosur est une menace : « Ils rempliront le contingent que l’on leur donnera », prévient Philippe Choteau. Le Mercosur (cinq pays d’Amérique du sud) représente 90 % des importations de l’UE.
Il faut savoir que 10 % de la production mondiale de bœuf est échangée.

Quelle évolution de la production et de la consommation dans l’UE à 27 ?
En Europe, on assiste à une érosion de la production de viande bovine due à une stagnation du cheptel allaitant et une baisse du cheptel laitier. Entre 2008 et 2009, l’offre a reculé de 140 000 tec (- 1,7 %). Les importations ont augmenté de
30 000 tec pour atteindre 420 000 tec et dans le même temps les exports ont diminué de 50 000 tec. On a importé jusqu’à 550 000 tonnes de viande bovine. « L’Europe sera moins autosuffisante en en 2015 qu’en 2009, mais on n’imagine pas vraiment de choc », explique Philippe Chotteau. Des prévisions établies dans l’hypothèse d’une stagnation économique et d’un non accord à l’OMC annoncent une dimi-nution du nombre de vaches laitières de 6 % entre 2009 et 2013 en Europe, de 2,3 % des vaches allaitantes. 

Quelles sont les intentions du Brésil ?
Entre 1992 et 2006, la production de viande bovine brésilienne a augmenté de 65 % (dans le même temps elle chutait de
20 % dans l’UE). Une gigantesque restructuration au niveau de la production de viandes est en cours depuis 2009, avec un numéro, JBS, jusqu’ici petit abattoir devenu en peu de temps un leader dans les protéines animales. Le gouvernement brésilien soutient la filière viande, considérée comme stratégique. Même si le développement de la production se trouve confronté à une forte remise en cause par les mouvements écologistes, dans la zone de l’Amazonie notamment.
La pression de l’Union européenne a permis d’imposer par les faits la législation sur la traçabilité, que le Brésil ne parvenait pas à faire respecter.  Aujourd’hui, la certification des fermes est en cours. 2 000 exploitations sont certifiées pour exporter vers l’UE et 100 nouvelles le  sont chaque année. Le Brésil exporte sur 148 pays dans le monde, afin de valoriser au mieux chaque pièce de chaque animal. Les exportations brésiliennes en direction de l’Union européenne étaient autour de 350 000 tec en 2005-06-07. Elles ont diminué en 2008 et 2009 (150 000 tec). 
Ces dernières années, le Brésil a essayé de conquérir des marchés dans la zone du marché Pacifique où la consommation augmente (Malaisie, Philippines…).

Quelles sont les réelles différences de compétitivité ?
Le prix des viandes à la production diffèrent de 1 à 10 dans l’ensemble du monde ; la France se situant parmi les pays aux coûts les plus élevés, l’Inde les plus faibles, suivie du Brésil. Mais la difficulté de couvrir les coûts de production, qui ont flambé, est partout la même, constate l’Institut de l’élevage.

 

S.H.

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