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Lait
Le lait dans le Grand Ouest à l'horizon 2020

Avec la fin des quotas, à quoi ressemblera le bassin laitier du Grand Ouest ? Cinq scénarios ont été présentés au Cilouest.

© AA

Quelle stratégie adopter en fonction de l'évolution probable des marchés laitiers à l'horizon 2020 pour le bassin du Grand Ouest ? Le Cilouest a tenu une conférence à ce sujet, la semaine dernière, en adossant sa réflexion sur les facteurs de changement politique, économique, social et agricoles.
Alain Cholet, président de la FDL et administrateur FNPL, assistait à cette rencontre.

Que vous inspire comme commentaire les cinq scénarios envisagés ?
Alain Cholet : on imagine cinq scénarios, mais le résultat sera sans doute un mélange de tous ceux-là. Ce qui est intéressant, en dressant ces cinq possibilités, c'est de se mettre en situation différente à chaque fois. Et chaque fois, des éléments communs se recoupent.  Mais il faut préciser que ce sont des scénarios à lire à l'aune du bassin laitier du Grand Ouest qui devrait, logiquement, rester terres d'élevage.
Et certains de ces scénarios ne sont pas totalement inconnus. C'est le cas du premier, un marché porteur et volatil. Une réalité depuis 2007-2008 avec une demande mondiale croissante et une production fluctuante.
Ce qui fait bouger la production ? Plusieurs éléments comme le moral des éleveurs laitiers qui sont enclins à la production quand le prix est bon mais qui se replient quand le prix est à la baisse ou lorsque les conditions météorologiques ne sont pas favorables.
Donc, oui, ce premier scénario est du domaine du possible, à cela près qu'on ne connaît pas les amplitudes à la hausse et à la baisse, car le marché est libéral. Et il est difficile pour les entreprises de faire passer des hausses à la distribution sans savoir comment réagira le consommateur, puisque, lorsque le lait baisse, la baisse n'est pas appliquée jusqu'au bout de la chaîne. Sur le plan des volumes à produire et du prix, ce scénario est assez positif mais les exigences environnementales et le prix des intrants risquent de grimper.

On évoque aussi un repli sur le marché communautaire ?
Oui, et un marché laitier fixé sur l'Europe a des perspectives de développement beaucoup plus faibles car les seuls pays avec un potentiel de développement sont les anciens Peco. C'est forcément limité. Ce scénario est donc moins favorable quant aux volumes et aux prix. Par contre il pourrait être plus intéressant du point de vue environnemental car à prix soutenus, les consommateurs seront exigeants sur le produit.
Les scénarios retiennent bien sûr la concurrence des céréales.
C'est le troisième scénario, celui de la végétalisation. La flambée des prix des matières premières se fait au détriment de l'élevage. La production de céréales nécessite moins de main d'œuvre,  et tôt ou tard une exploitation se posera la question de sa pérennité, ce que l'on voit depuis un an environ.  Ce scénario, s'il se confirme, verra un retrait sur les volumes produits  et une évolution du prix du lait. Mais c'est le pire des scénarios pour l'élevage car on sait qu'une fois que l'élevage a quitté une exploitation, il n'y revient jamais.

Vous évoquiez des éléments communs à tous les scénarios ?
Oui, c'est le cas du quatrième scénario envisagé qui parle de crise mondiale. Dans ce cas là, la production souffre mais résiste ; les éleveurs conservent les animaux. C'est aussi ce que vivent les exploitations de l'Ouest depuis un an avec un secteur de l'élevage en difficulté, un moral au plus bas, mais on sait que les perspectives sont meilleures à l'échéance de six mois. C'est donc un scénario où l'on peut rebondir alors que le troisième, celui de la végétalisation, est irréversible.
Ce quatrième scénario est aussi à l'image du scénario n° 1 : un marché porteur mais volatil. Ils sont à rapprocher. En cas de crise on fait le dos rond avant de repartir.

Et le dernier scénario ?
Le dernier scénario, c'est ce que préconise l'Union européenne : laisser faire le marché. C'est l'esprit libéral où les meilleurs restent et prennent la place des moins performants. La libre entreprise. Dans ce cas, il faudra que les producteurs laitiers s'organisent, car on ne résistera pas individuellement. Ce sera le rôle des OP, et ce jusqu'à la commercialisation. Mais ce scénario basé sur la loi du marché fait peu de cas d'autres impacts, tel que le social.

Faut-il quand même dire que ce scénario est le plus proche de la réalité ?
Toutes les réformes de la politique agricole commune mises en place vont dans ce sens et conduisent à la libéralisation des marchés. Ces politiques prônent l'adaptation aux marchés, tantôt les produits de grande consommation plus rémunérateurs, tantôt l'export sur des produits basiques.
Mais cette adaptation doit aussi se faire au niveau des exploitations, au niveau des volumes produits.  Ce qui dit tout le rôle des OP en la matière et le besoin de visibilité.  Mais ce système européen n'empêchera pas des périodes de crise avec des prix et des valorisations faibles et la concurrence avec les productions végétales. L'équilibre sera toujours difficile à trouver. Ce scénario est le pire pour l’élevage laitier et il faut se battre pour que la politique européenne ne nous y conduise pas.

Que peut-on recommander, alors, comme stratégie ?
Dans tous les cas, d'ici 2020, le secteur de la transformation, mais aussi les exploitations, n'échappera pas à une restructuration importante. Les litrages par points de collecte seront de plus en plus importants. On estime que, d'ici à 2020, on comptera de 25 à 30 % de chefs d’exploitation en moins. On verra aussi une diminution, de l'ordre de 35 %, du nombre des exploitations et, dans le même temps, une augmentation de 17 % de la production laitière. Je parle là bien sûr d'une projection pour le bassin laitier du Grand Ouest qui n’est pas représentatif du reste de la France.

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