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Le miel du moulin de Beau
Jeune apicultrice à La Pommeraye, Hélène Berteau se lance dans la vente directe de miel et la production d’essaims. Retour sur son itinéraire à l’installation.
Actuellement en cours d’installation, Hélène Berteau, jeune apicultrice de 28 ans, a pris le temps de mûrir son projet. Si la jeune femme s’intéresse aux insectes depuis longtemps, c’est une fois son BTS Services en espace rural en poche qu’elle commence à prendre des contacts avec des apiculteurs. Elle se déplace dans le Loir-et-Cher et en Ariège pour découvrir de plus près le métier. En 2007, elle s’inscrit en BPREA avec une spécialisation en apiculture. Elle effectue alors un stage de six mois dans “une grosse structure” : un élevage de 600 ruches qui fait de la vente en gros. “Cela a été une formidable opportunité de pouvoir voir ce type de structure même si ce n’est pas ce vers quoi j’ai envie d’aller”, précise Hélène Berteau. Elle enchaîne plusieurs saisons chez différents apiculteurs pour se familiariser avec l’élevage et mûrir son projet d’installation.
Une féminisation de la profession
L’apiculture est un métier qui demande une bonne condition physique : pendant la saison, un apiculteur déplace des ruches pesant plus de 40 kg. Depuis quelques années, la profession se féminise dans des systèmes un peu moins intensifs. Hélène Berteau table ainsi sur 200 à 300 ruches en production miel, avec un objectif de 6 tonnes par an, et sur une commercialisation en vente directe et en demi-gros. Afin de diversifier son activité, elle souhaite développer progressivement l’élevage de reines et d’essaims pour la vente aux professionnels et aux particuliers avec un objectif de 200 essaims par an. Cette année, la jeune femme a lancé une cinquantaine de ruches en production et elle a commencé l’élevage d’essaims et de reines pour augmenter progressivement le cheptel.
Différents crus
Pendant deux ans, l’apicultrice a testé la vente directe en vendant son miel sur des marchés de Noël. “Je suis attachée à ce contact avec la clientèle : pouvoir parler de mon miel, les sensibiliser aux différents crus et sur l’importance des abeilles dans l’environnement”, souligne-t-elle. Son miel est désormais vendu sur les marchés de Chalonnes-sur-Loire, de Beaupréau et aux marchés Lafayette et de la place de la République à Angers. Il sera aussi bientôt commercialisé via deux Amap et l’apicultrice envisage d’ouvrir un point de vente sur le site du moulin de Beau, à La Pommeraye, où se situent ses ruchers. À deux pas, un bâtiment qui abritera la miellerie est en cours de construction. “J’ai choisi d’échelonner les investissements dans mon projet d’installation et d’avancer à mesure que mes objectifs sont remplis”, précise Hélène Berteau. Dans le département, la profession compte une vingtaine d’apiculteurs et une nuée d’apiculteurs amateurs. À ceux qui souhaiteraient se lancer dans la production de miel maison - le phénomène est en plein essor depuis quelques années - la jeune femme conseille de se rapprocher du Rucher, école du département. Un des risques étant le déclenchement de maladies pouvant parasiter ensuite les autres colonies et provoquer une mortalité importante. Ne s’improvise pas apiculteur qui veut.
D.J.
Production de miel
Les travaux de la ruche au fil des saisons
L’installation du rucher se fait entre mars et avril. En avril-mai, l’apicultrice effectue toutes les semaines une visite de contrôle des colonies pour éviter l’essaimage naturel, qui empêcherait la production de miel. Elle change les vieux cadres et met en place des hausses de récolte en avril-mai. La récolte du miel se fait entre mai et fin juillet à raison d’une miellée toutes les trois semaines. Le miel produit par Hélène Berteau est issu de cinq floraisons différentes : printemps, acacia, fleur, forêt et châtaigner. C’est aussi la période de la transhumance : l’apicultrice déplace régulièrement les ruches le soir ou très tôt le matin pour profiter d’une autre floraison. Pour effectuer la transhumance, Hélène Berteau dispose d’une dizaine de sites situés chez des particuliers, dans des parcs, des zones forestières ou des vallées sauvages. Les fleurs de luzerne et de féverole attirent particulièrement les abeilles, cultures qu’elles contribuent aussi à polliniser. Tout au long de la saison, l’apicultrice veille au renouvellement des reines et à la création de nouvelles colonies qui entreront en production l’année suivante. La préparation de l’hivernage commence à partir d’août avec la vérification du stock de nourriture pour l’hiver.
Récolte 2011 : volumes en hausse
Au printemps, le contexte climatique était propice à un départ rapide de la végétation : les températures élevées ont entraîné des floraisons précoces. Pour les apiculteurs, cela s’est traduit par une sortie d’hivernage avec des pertes limitées, un début de saison très favorable. Le bilan final qui sera établi en octobre devrait pour la première fois, depuis de nombreuses années, montrer une augmentation de la production nationale, évaluée à 16 000 t par an, de l’ordre de 1 000 à 3 000 t.
Un dialogue entre agriculteurs et apiculteurs
La FNSEA indique que les apiculteurs ont enregistré peu d’accidents lors de la floraison des grandes cultures : le colza et le tournesol. Certains traitements sont faits durant la nuit, en absence d’abeilles. Pour les apiculteurs, il est important que les efforts continuent dans ce sens pour limiter les risques. De plus en plus, les agriculteurs sont sensibilisés à la présence des pollinisateurs. Pour Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA et président de la FDSEA de Vendée, “le changement est progressif. Cela démontre bien que lorsque les producteurs se parlent, la situation s’améliore”. Malgré de bons rendements en 2011, une part importante des ruches reste improductive, sans raison claire. L’improductivité d’1/5 du cheptel français handicape l’apiculture professionnelle par un surcoût de travail ou de charges pour maintenir le potentiel de production.