Aller au contenu principal

Eau
L’eau et l’agriculture : l’indispensable réconciliation

Interview de Pascal Laizé, responsable de la commission Environnement - gestion de l’eau de la FDSEA. Il évoque la démarche d’Érik Orsenna qui viendra débattre à Angers le 25 mars.

Pascal Laizé
Pascal Laizé
© AA

La FDSEA a invité un homme de culture et d'écriture pour une soirée-débat le 25 mars prochain. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ?
Pascal Laizé : La question de l'eau, sa gestion quantitative et qualitative dans le Maine-et-Loire fédère et divise. Les positions se radica-
lisent trop souvent alors que la seule voie de progrès est locale et le fruit d'une concertation et d'une négociation équilibrée entre acteurs. Ceux qui pensent que chacun peut rester sur ses acquis et sur ses positions ne mesurent pas, selon moi, que nous avons changé d'époque. Les attentes sociétales sont très fortes et je voudrais pouvoir faire partager à mes collègues agriculteurs les niveaux d'exigence auxquels sont confrontés les responsables agricoles en charge de ces questions dans les différentes instances stratégiques : agence de l'eau, Clé, des Sage, Coderst*...
Inversement, je rêve de faire entendre aux interlocuteurs se cabrant sur des positions extrêmes qu'on ne fait pas des virages à 180° en quelques mois et que les progrès se font pas à pas. Ce qui nous a intéressés dans la démarche d'Érik Orsenna, c'est la curiosité, allant de pays en pays pour voir comment d'autres histoires d'hommes, d'autres expériences, d'autres défis avaient pu être relevés, pour trouver, recycler, dépolluer, acheminer. Il a parlé, observé des techniques, essayé de comprendre les motivations des hommes, sans jugement.

En quoi son analyse contribue-t-elle aux réflexions et orientations de la FDSEA ?
En tant que professionnels du vivant , nous sommes sensibles à son analyse concernant le progrès. « Nos sociétés européennes se sont développées avec l'idée du progrès. Aujourd'hui, on ne croit plus ni au progrès scientifique, ni au progrès économique. Les scientifiques n'ont pas assez expliqué ce qu'ils faisaient », dit-il. En homme de culture très pédagogue, il exprime simplement des sujets sur lesquels l'agriculture a du mal à être entendue et comprise.
« Produire en respectant constitue un champ d'expérimentation passion-nant », ajoute t-il encore. C'est notre défi, c'est aussi dans le droit fil de notre débat de l'an dernier avec Michel Griffon autour de l'idée de "révolution doublement verte" et "d'agriculture écologiquement intensive". Dans le Maine-et-Loire, nous y ajoutons le souhait de préserver « une agriculture à haute intensité humaine », avec de nombreux exploitants et salariés. « Étant donné sa double importance, réelle et symbolique, l'eau, source de vie, relève toujours d'une responsabilité politique ». La FDSEA s'ivestit dans ce débat politique et implique tout son réseau dans ces enjeux.

Que peuvent attendre les agriculteurs d'un tel débat ?
Ce que je peux vous dire à quelques jours de la tenue de cette soirée, c'est l'importance du nombre de participants du secteur associatif et d'élus locaux, de petites communes comme des grandes villes du département. La question de l'eau en général, quantité et potabilité, et la question eau et agriculture est donc un sujet où beaucoup d'acteurs socio-économiques expriment des attentes, voire des injonctions à l'égard de l'agriculture. Nous avons, avec cette soirée ouverte à nos partenaires, l'occasion d'un échange courageux et respectueux, où nous expliquerons le chemin parcouru par le monde agricole. Nous pourrons aussi sortir des idées trop générales pour faire nous aussi un voyage à l'intérieur du département, rappelant que « toute eau est liée à des lieux » et que les agriculteurs cherchent des solutions et font évoluer leur pratique en fonction de leur territoire : les zones vulnérables, les zones humides, les zones de répartition des eaux... Dans cette approche, il n'y a pas de place pour les "ya qu'à, faut qu'on". Sur la question de l'eau, nous avons une obligation de dialogue et de solidarité.

recueilli par Pascale Gélin

* Clé : Commission locale de l'eau, Sage : Schéma d'aménagement et de gestion de l'eau, Coderst : Conseil départemental de l'environnement, des risques sanitaires et technologiques.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Anjou Agricole.

Les plus lus

Jean-Claude Bretault, 55 ans et Vincent Ory, 45 ans, associés de l'EARL de la Bouillère. Installés sur 150 ha, ils élèvent 75 truies en naisseur-engraisseur et 73 vaches laitières. Il y a un robot de traite depuis 2009.
Qui pour remplacer Jean-Claude ?
À l'EARL de la Bouillère à Mauges-sur-Loire (La Pommeraye), Jean-Claude Bretault a entrepris, avec son associé, une série de…
Yohann Serreau, producteur en Eure-et-Loir, président de l'Unell.
Ruptures de contrats avec Lactalis : "Une solution pour chaque éleveur à la fin de l'année"

Suite à la décision unilatérale de Lactalis d'interrompre la collecte auprès de 272 éleveurs,  l'Unell (Union nationale…

Nicolas Le Labourier, de Quatuor Transactions et Gwenaëlle Durand, de Cerfrance Maine-et-Loire, ont évoqué l'accompagnement à la transmission d'entreprise effectué par les deux structures partenaires.
Après 2 années favorables,  des temps plus compliqués
Cerfrance Maine-et-Loire a dressé la semaine dernière un bilan des résultats économiques de l'année 2023, les tendances pour l'…
Un ciné-débat sur les femmes en agriculture

Rencontre avec Valérie Gohier, ancienne agricultrice et aujourd'hui formatrice, qui témoignera à la soirée ciné-débat…

Patrick Pineau et sa fille Marie, de l'entreprise Atlantic Aviculture Services, installée à Tillières
Atlantic aviculture services prend son envol

Société créée en 2009 par Patrick Pineau, AAS (Atlantic aviculture services) continue, malgré les aléas sanitaires, à…

Maladie hémorragique épizootique en France.
Point sur la MHE et la FCO en Maine-et-Loire
Le Maine-et-Loire est largement touché par la MHE et dans une moindre mesure, la FCO8. Aucun cas de FCO 3 à ce jour.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 176€/an
Liste à puce
Consulter l'édition du journal l'Anjou agricole au format papier et numérique
Accédez à tous les articles du site l'Anjou agricole
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter d'actualités
L’accès aux dossiers thématiques
Une revue Réussir spécialisée par mois