VIANDE BOVINE
Les éleveurs allaitants ont atteint le point de rupture
Lundi 10, la FNB venait à Nantes à la rencontre des sections bovines des Bretagne, Pays de Loire et Poitou-Charentes.
“Le rapport de force s’est inversé. C’est maintenant l’amont qui possède des leviers d’action pour peser dans la filière”, a annoncé lundi Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine (FNB) devant les sections départementales des régions Bretagne, Pays de Loire et Poitou-Charentes. Un constat encourageant pour une filière qui paye une crise qui n’en finit plus. “La décapitalisation lente et insidieuse du cheptel allaitant après cinq ans de manque de rentabilité est désormais bien visible. Ce n’est pas faute de ne pas l’avoir annoncé”, poursuit Guy Hermouet, vice-président de la FNB. “On manque d’animaux dans toutes les régions de France. Les organisations économiques sont inquiètes”.
Des JB à 5 €/kg ?
Pour autant, si ces constats sont partagés par les éleveurs, il n’en semble pas de même pour l’aval. “Le risque qui pèse sur l’approvisionnement des abattoirs n’est pas encore pris au sérieux par tout le monde”, s’énerve Guy Hermouet. “Et pourtant, avec l’explosion des charges, l’engraissement n’est toujours pas rentable”, s’inquiètent les éleveurs. Les chiffres des coûts de production de l’Institut de l’élevage démontrent qu’en début d’été, l’engraissement d’un JB revenait à plus de 4,50 €/kg de carcasse. “Avec la hausse de la protéine, il ne faut pas s’étonner que plus aucun éleveur ne s’engage”, analysent les éleveurs après avoir fait leurs calculs. “N’ayons pas peur de demander 5 €/kg de carcasse”, affirme Pierre Chevalier.
“D’ailleurs qui aurait parié que les JB auraient pris 1 €/kg il y a un an ? Et pour autant la consommation ne s’est pas effondrée. N’ayons pas peur de nos convictions”, ont martelé les éleveurs.
Rupture sociologique
Les chiffres de l’installation dans la production de viande bovine sont aussi alarmants. “Entre le coût de la reprise, le manque de rentabilité, les astreintes de travail et l’étouffant système de contrôle administratif, quel jeune voudrait reprendre un élevage allaitant aujourd’hui ?” demande un éleveur.
Un constat partagé par Pierre Chevalier qui résume : “L’élevage allaitant a atteint deux points de rupture. Une rupture économique et une rupture sociologique. Cela fait cinq ans que les éleveurs se rémunèrent moins de 15 000 €/an avec de nombreuses contraintes, qui peut tenir à ce prix là ?”
L’élevage ne va pas bien et pourtant des progrès ont été réalisés depuis deux ans. “Export, pesée classement marquage, réforme des cotations, contractualisation, tout cela était inscrit dans la feuille de route après l’action devant chez Bigard en 2010 et la FNB a fait le boulot”, affirme Guy Hermouet. Alors que manque-t-il ? Les sections départementales sont unanimes, “il manque une synergie entre les OP pour une défense efficace du prix payé aux producteurs et une dynamique de filière vertueuse”. Ce constat, les éleveurs avaient à cœur de le partager avec les OP de la région l’après midi lors d’une réunion élargie.