DOUX
Les éleveurs Doux continueront à mettre en place
Suite au dépôt de bilan du groupe Doux, la profession s’est mobilisée. Près de cent cinquante éleveurs se sont réunis mercredi dernier en Vendée.
L’atmosphère était tendue mercredi dernier à Chantonnay. Les éleveurs apporteurs de Doux à l’abattoir de Chantonnay et de Laval étaient réunis suite à l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire annoncée le vendredi 1er juin. “Si 20 % des éleveurs ne livrent pas, ce sont tous les éleveurs qui tombent car l’abattoir sera obligé de fermer”, explique d’emblée Daniel Audigane, aviculteur au Puiset-Doré et président de l’association des éleveurs apporteurs de l’abattoir de Chantonnay. “Hier, nous étions au siège du groupe Doux à Chateaulin pour avoir des explications”. Toutes les factures des lots qui ont été envoyés avant le 31 mai sont gelées. Tous les lots envoyés à partir du 1er juin vont être payés comptant, dans les 10 jours après le ramassage, le temps que le paiement se fasse. C’est désormais l’administrateur judiciaire qui fait les chèques.
Toutefois, la situation des éleveurs reste précaire. Pour les éleveurs de dindons, par exemple, il faut attendre 5 mois. “Cela fait 10 mois sans être payé, c’est intolérable”, indique le responsable. Par vote à bulletin secret, les éleveurs ont décidé de continuer à mettre en place.
Deux mois pour déclarer les créances
Selon l’avocat sollicité, les éleveurs doivent entamer des démarches pour déclarer leurs créances auprès du mandataire judiciaire. Ils le feront dans un délai de deux mois. Les éléments seront fournis via les associations d’éleveurs dans les prochains jours.
Pour toutes les bandes mises en place après l’ouverture de la procédure collective, les éleveurs ont un privilège particulier, à savoir celui d’être payés. En règle générale, les créances nées avant l’ouverture de la procédure intègrent un plan de 8 à 10 ans.
En tant que créanciers, les éleveurs peuvent se faire désigner comme contrôleurs et participer ainsi à la procédure mise en place.
Quant à la résiliation du contrat à l’initiative de l’éleveur, la plus grande prudence s’impose. Le simple prononcé de l’ouverture de la procédure n’y met en effet pas un terme.
D’après Pascal Le Floch, du groupe Doux, présent mercredi soir à Chantonnay, “le dollar et la monnaie brésilienne ont généré des pertes importantes pour la filiale au Brésil. D’autant plus que la politique brésilienne est de développer l’activité agricole dans le monde” (JBS abat 9 millions de poulets par jour), en privilégiant ses entreprises. Selon lui l’État brésilien aurait voulu “faire trébucher le groupe Doux”.
Continuer la production
“Les abattoirs ne feront pas de vente avec des bâtiments vides, poursuit la direction. Je vous demande donc de continuer à mettre en place. Il n’y aura pas un éleveur qui doit recevoir des poussins sans avoir de gaz”, répond Pascal Le Floch à un éleveur en difficulté avec son fournisseur de gaz. 80 % des éleveurs sont dans la situation de délégation de paiement par Doux. Les éleveurs, dans ce cas, ne doivent donc pas payer les factures même s’ils reçoivent des courriers en ce sens.
Mais les éleveurs restent inquiets. Certains ont fait des investissements. “Nous allons établir des priorités”, annonce le groupe Doux. “Pour les dindes (bandes de 17 semaines), il faudrait que nous fassions des acomptes mais je ne peux pas répondre comme ça”.
Un autre éleveur a commandé de l’aliment qui devait être livré la veille, mais n’est toujours pas livré. Le redressement judiciaire en-gendre des décalages dans les paiements. Le groupe Doux est vigilant là-dessus dans cette période de troubles. Il faut attendre que l’administrateur judiciaire dé-bloque certaines choses. Pour autant, Pascal Le Floch se veut rassurant : “Pour l’activité, les ventes sont là avec 1,3 millions de poulets export par semaine. Nous avons 1 000 tonnes de stocks. Il n’y a pas de problème. Nos clients à l’export nous suivent : au Moyen-Orient entre autres car nous avons une marque “Doux” et ce produit se valorise bien. Nous avons un savoir-faire. L’activité du frais, avec Père Dodu, comporte quelques tensions sur le marché en dinde et en poulet même si pour ce dernier la demande est présente. Avec la hausse de l’aliment et les GMS qui cherchent à baisser les prix, le groupe Doux a perdu un marché de 100 000 poulets. La volonté du groupe Doux est un schéma de continuité. Charles Doux ne veut pas laisser le groupe”.
Sophie Beauquin
Redressement judicaire
Période d’observation
de six mois
Les éleveurs subissent des retards de paiements qui ne deviennent plus tenables aujourd’hui, dus à la dette du groupe Doux qui s’élève à 430 millions d’euros. Vendredi dernier, le groupe Doux a donc sollicité et obtenu, du tribunal de commerce de Quimper le bénéfice d’une procédure de redressement judicaire ouverte avec une période d’observation de six mois. Deux administrateurs judiciaires ont été nommés et assisteront la direction de l’entreprise dans la mise au point d’un plan de continuation, en France, privilégiant l’emploi et la pérennité de l’entreprise.
le groupe Doux
Leader européen
Premier producteur européen de volaille, avec plus de 1 million de volailles abattues par jour, le groupe Doux a réalisé, en 2011, un chiffre d’affaires de
850 millions d’euros. Le groupe est présent sur l’ensemble des segments du marché de la volaille, depuis les produits frais et congelés jusqu’aux produits élaborés (panés, plats cuisinés, charcuterie de volaille,…). Interlocuteur majeur de la distribution, de l’industrie alimentaire et de la restauration hors foyer, le groupe Doux commercialise ses produits dans plus de 100 pays, sur les 5 continents. Les principales marques du groupe sont Doux et Père Dodu, ou encore Cœur de Bretagne et Malvoisine pour les volailles fermières et Label Rouge. Le groupe dispose de 12 sites de production en France, 4 couvoirs et 4 usines d’aliment et réunit plus de 3 400 collaborateurs.
En Pays de la Loire, le groupe Doux possède un abattoir à Laval (260 CDI). Cet outil est
approvisionné par 80 éleveurs de la Manche, l’Orne, l’Ille-et-Vilaine, la Mayenne et le Maine-et-Loire (180 000 m² de bâtiment).
En Vendée, une fabrique d’aliments à l’Oie et un
abattoir à Chantonnay (300 CDI). Orientation export. Capacité d’abattage de 260 000 poulets/jour. Cet outil est approvisionné par 150 éleveurs (principalement de Vendée, du Maine-et-Loire, de la Loire-Atlantique, des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime) avec
300 000 m² de bâtiment. Et un couvoir à l’Oie pour l’éclosion de 260 000 poussins par jour.