Lait
« Les producteurs doivent prendre en main leur organisation économique »
Le conseil de la FDSEA a invité Patrick Ramet, en charge du dossier des Ocep à la FNPL, à présenter le projet d’Organisation collective et économique des producteurs.
La contractualisation est quelque chose qui existe déjà, et qui peut être profitable aux uns et aux autres ». Patrick Ramet, trésorier de la Fédération nationale des producteurs de lait, est venu présenter le projet FNPL et en discuter, mardi, avec le conseil de la FDSEA. Éleveur de montagne (Haute-Savoie), Patrick Ramet fait lui-même l’expérience de la contractualisation depuis vingt ans, en lait sous signe de qualité. Cette particularité mise à part, il se dit « à l’aise dans le débat du lait standard, car nous tous, producteurs, sommes porteurs des mêmes problématiques ».
Pour lui, les producteurs doivent, avant tout, « prendre en compte la réalité des changements qui s’opèrent ». Les contrats ne seront ensuite qu’un « outil pour construire un nouveau modèle économique privé ». La priorité consiste à s’organiser pour rééquilibrer le rapport de force économique. Le projet défendu par la FNPL, « dans la réalité et la rigueur économique », est porté auprès, à la fois de l’État au travers de la LMA, et de l’Europe au niveau du mini-packet lait. Le rôle de lobbying a porté ses fruits puisque les propositions du groupe d’experts à haut niveau reprennent, dans les grandes lignes, des ambitions de la FNPL et que le projet de règlement européen de la Commission dit Mini-packet lait, récemment dévoilé, prévoit un renforcement du pouvoir d’organisation des producteurs.
Un projet novateur
Beaucoup d’éleveurs s’interrogent sur la mise en place concrète des Ocep, organisations collectives et économique des producteurs. « C’est le premier challenge, a souligné Patrick Ramet. Le projet se base sur ces OP. Il faudra fédérer celles qui existent, et en créer là où il n’y en a pas. Il faut ensuite qu’elles adhèrent à une structure au niveau des régions ou des bassins laitiers. (…) La vraie difficulté va être de trouver les gens porteurs de ces projets. Il faut faire émerger des leaders dans les régions ».
Comment est perçu le rôle du syndicalisme dans ce projet ? Pour la FNPL, il coexistera « une double organisation : une organisation syndicale, porteuse d’une ambition politique et une organisation économique. Le pari consiste à faire fonctionner les deux de façon cohérente ». Les discussions ont aussi porté sur la place des coopératives, au sein desquelles les adhérents ont souvent le sentiment de ne pas être impliqués : « la FNCL doit revoir la gouvernance des coopératives », a souligné fermement Patrick Ramet.
Mais des interrogations subsistent. Les producteurs ne risquent-ils pas de se faire doubler par les transformateurs qui vont proposer très vite des contrats ? Certains éleveurs ne vont-ils pas être tentés de signer rapidement ? « Le message de la FNPL est clair : ne pas signer de façon individuelle un contrat qui n’a pas été négocié collectivement et expertisé », a encore précisé Patrick Ramet.
S.H.
Prix des viandes
Un accord obtenu en viande porcine
Retraçant les principaux éléments de l’action conduite le lundi précédent sur le site de l’entreprise Bordeau-Chesnel dans le cadre de la mobilisation FNP en
direction des salaisonniers adhérents de la Fict*, Gérard Bourcier, président de la Fédération régionale porcine des Pays de la Loire, dénonce « l’attitude irresponsable du syndicat des salaisonniers, portant par leur attitude une grave responsabilité dans la dégradation du revenu des producteurs ». Mercredi, lendemain du conseil, la Fict et Inaporc sont parvenus à finaliser un accord sur l’étiquetage des viandes porcines entrant dans la fabrication des produits de charcuterie. La FNP a pris connaissance avec soulagement du changement de position de la Fict sur la mention d’origine. Aussi, les actions syndicales sont suspendues dans l’attente de la signature d’un accord à ce sujet le 15 décembre prochain par l’ensemble des familles membres d’Inaporc. La FNP sera particulièrement vigilante quant à l’application de cet engagement par les différents maillons siégeant à l’interprofession. « Il s’agit d’une avancée importante qui devrait permettre une information plus loyale et complète vis-à-vis du consommateur. Néanmoins, les éleveurs en très grande difficulté attendent encore une répercussion urgente de la hausse de leur coût de production », a déclaré la FNP.
De son côté, Mickaël Bazantay, responsable de la section bovine départementale, qui a rejoint le conseil après avoir assuré une présence à la cotation qui se tient chaque mardi à Angers, commentait en ces termes les suites de l’action de blocage des abattoirs : « Jean-Paul Bigard siège à nouveau à l’interprofession, cette instance peut donc fonctionner, la communication du CIV dans les médias sur la viande française bat son plein, la mise en place de l’engagement sur la machine à classer devant être opérationnelle dans un mois est en route, le dossier de la réforme des cotations est ouvert. » Concernant les prix, l’évolution à la hausse n’est pas à la hauteur du niveau attendu ni du calendrier dont ont besoin les trésoreries et le revenu, et pourtant, insiste le responsable de la section bovine, « notre action et notre vigilance permanente évitent les baisses sur un marché très difficile. Ne baissons pas la garde, nous avons, par l’ampleur de notre action, enclenché un processus, le combat continue ». « Continuons à conduire, toutes filières viandes ensemble, le combat pour le prix, nous allons à nouveau nous y atteler dans la région avant les fêtes », conclut Christiane Lambert.
* Fédération française des industriels charcutier traiteurs.
Syndical
Le bureau de la FDSEA à la rencontre des adhérents
Les membres du bureau de la FDSEA ont entamé une tournée des syndicats communaux avec une cinquantaine de réunions au programme. L’objectif est d’échanger directement avec les adhérents, comme en témoigne Jean-Paul Piet, secrétaire général : « Nous arrivons sans ordre du jour, l’idée est que chacun puisse s’exprimer sur tel ou tel dossier, faire part de ses revendications et discuter simplement des sujets qui préoccupent les agriculteurs ». Et les sujets ne manquent pas : l’accord négocié suite aux actions viande bovine, les relations avec les autres syndicats, l’organisation des producteurs de lait, le fonctionnement de la FDSEA… Aucun sujet n’est écarté et le fait de se réunir en petit groupe permet de discuter plus facilement. C’est important pour les adhérents de faire remonter ce qu’ils ont à dire directement aux responsables et à l’inverse, c’est important pour les responsables d’expliquer comment sont gérés les dossiers de plus en plus complexes. Ces réunions sont aussi un moyen de préparer les prochaines élections et le renouvellement des bureaux locaux avec les assemblées
générales communales prévues en décembre et cantonales en janvier.
D. B.