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Doux
“Nous prenons acte mais gare aux dérapages”

Le Tribunal de commerce de Quimper a décidé le 1er août la liquidation du pôle frais et le report de la période d’observation. Le point avec Joël Limouzin.

Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA.
Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA.
© AA
Que pensez-vous de la décision du Tribunal de Quimper ?
Joël Limouzin : Les choses sont très compliquées. Ce jugement dit, d’une part, qu’il a des doutes sur le plan de continuation (celui de Charles Doux) et en même temps décide d’une mise en observation jusqu’en septembre suivie d’une mise en liquidation de la partie frais du groupe ; d’autre part, l’offre coordonnée* par Sofiprotéol a été considérée par le tribunal comme irrecevable. J’en tombe à la renverse car il y avait une réelle volonté professionnelle pour donner un avenir à la filière. Cela n’a pas été pris en compte.

Que va-t-il advenir de cette filière frais qui emploie 1 700 personnes sur 4 200 ?
Qui dit liquidation dit retrouver un nouveau repreneur dans le mois qui vient et apparemment le tribunal ne serait pas contre le fait que les acteurs (sociétés et coopératives) de l’offre coordonnée se positionnent aussi. Pour moi c’est se moquer du monde. Nous prenons acte de ce jugement mais dès qu’il y aura le moindre retard, les moindres diffi-cultés, j'invite les agriculteurs à en informer leur FDSEA. Nous voulons accompagner chacun des éleveurs pour leur permettre de récupérer leurs créances et retrouver un fonctionnement normal.

Etes-vous inquiet ?
Oui. C’est la situation la plus inextricable qu’on pouvait imaginer. Aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités, au tribunal et aux administrateurs judiciaires d’assumer le fonctionnement quotidien du groupe. Nous allons regarder cela de près.

Pour vous, quel rôle doit jouer le gouvernement ?
J’aimerais entendre les ministres et le gouvernement s’exprimer sur le sujet pour savoir ce que l’on veut comme filière avicole. D’autant plus que 45% de la volaille consommée en France sont importés. Alors que l’ambition de l’offre coordonnée était de garder la partie produits élaborés/produits exports et en même temps de regagner des parts de marché dans la restauration ou autres, nous allons dans le sens inverse. Avec la volatilité des prix, il fallait un rassemblement des opérateurs pour faire front commun. Il fallait rassembler l’ensemble de l’amont pour faire face à cette situation complètement inédite. L’offre a été critiquée car pas suffisamment ambitieuse mais on oublie la masse d’investissements à réaliser afin de redonner un avenir à l’outil.  Ce jugement dilapide la partie frais en la mettant en liquidation judiciaire. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, disait ne pasvouloir de vente par appartement. C’est ce qui arrive aujourd'hui. 

Cette décision a-t-elle un impact au delà du groupe Doux ?
L’avenir de la filière avicole a pris un coup de massue aujourd’hui. Il va nous falloir trouver des solutions pour rebondir et on aimerait bien trouver un minimum d’accompagnement du côté de la puissance publique pour redonner de la compétitivité à cette filière. Maintenant, soit on veut garder une agriculture végétale et animale liée l’une envers l’autre pour donner de la valeur ajoutée, soit on considère qu’il n’y a plus d’avenir pour les agriculteurs dans ce pays. Mais alors qu’on nous le dise. 

Que doit faire aujourd’hui un éleveur Doux ?
Nous décortiquons avec les avocats l’ensemble du jugement. Les prochains jours seront difficiles mais nous allons les surmonter en étant solidaires. Mais surtout je voudrais dire aux éleveurs : maintenez votre activité malgré tout car si vous partez, vous serez en situation de rupture de contrat et il sera plus compliqué de récupérer des créances d’avant le 1er juin. Une chose est sûre, comptez sur nous et notre détermination pour vous accompagner. Restons unis pour permettre de sauver toutes les créances qui vous sont dues.
Propos recueillis par Delphine BISSON

* Sofiprotéol avait fait une offre globale coordonnée de reprise du groupe Doux. Ce consortium regroupait pour l'occasion des acteurs français du secteur volailler, privés et coopératives : Glon Sanders (filiale de Sofiprotéol), Duc, LDC, Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia.

Faire une déclaration de créance complémentaire avant le 15 août
Depuis quelques jours, les éleveurs sont destinataires de factures des sociétés de transport, de factures vétérinaires de bandes antérieures au 1er juin et attendent leur prime de traçabilité. Ils s'interrogent sur la conduite à tenir. Il est fortement conseillé d’effectuer une déclaration de créance complémentaire au titre des montants sollicités. Un modèle de déclaration de créance supplémentaire ainsi que la lettre d’accompagnement sont téléchargeables sur le site www.agrixx.fr. Ce courrier est à adresser à Maître Elleouet, mandataire judiciaire, avant le 15 août. Dans cette déclaration, les éleveurs peuvent donc renseigner :
- les montants réclamés par les sociétés de transport (Avilog et autres).
- les frais vétérinaires : Les factures pour des bandes antérieures au 1er juin. Bien que la société Doux ait réglé les éleveurs, elle ne s'est pas acquittée des frais de vétérinaires. Certains éleveurs sont donc destinataires des factures qui émanent des  vétérinaires. Dès lors que les vétérinaires ont émis des factures directement au nom des éleveurs et que ces derniers ont été destinataires de ces documents, il convient d'effectuer une déclaration complémentaire également à ce titre.
- la prime de traçabilité.

Réaction : Payer les créances

“Pour les éleveurs, le règlement à 100 % des créances passées (avant le 1er juin 2012) ainsi que le maintien des contrats avec la fourniture de moyens de production irréprochables (aliment, gaz, produits vétérinaires, transport…) sont des exigences incontournables auxquelles les dirigeants du groupe Doux doivent maintenant apporter des réponses claires et urgentes”, indique un communiqué de la CFA du 1er août. Mais la structure reste sceptique : “Le groupe Doux s’est, jusqu’à présent, contenté de proposer un règlement à 50 % des créances. Comment les éleveurs récupéreront-ils leur solde : en entrant au capital du groupe Doux ?”. La CFA, la FNSEA et son réseau syndical FDSEA/FRSEA rappellent leur mobilisation “pour qu’aucun éleveur ne soit laissé pour compte”.

Dates clés

1er août : décision du tribunal d’un maintien de la période d’observation du groupe Doux.
10 août : la date de dépôt des offres de reprises de "Doux frais", l'une des 23 sociétés du groupe.
10 septembre :
fin de la période d'activité de Doux frais.
9 octobre :
audience d’étape pour les 22 autres sociétés du groupe.
30 novembre :
fin de la période d'observation du volailler breton.

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