Congrès FNSEA
Renforcer l’efficacité du syndicalisme agricole
Les congressistes affichent une grande fermeté sur la question de l’avenir de la Pac et lancent les fondations d’un nouveau syndicalisme « pour mieux rassembler et agir ».
Renforcer l’efficacité
du syndicalisme agricole

Le congrès de la FNSEA s’est tenu à Auxerre jusqu’à hier, jeudi, avec l’intervention du ministre de l’Agriculture dont il est attendu un autre éventail d’aides eu égard aux grandes difficultés du secteur et de positions claires pour la Pac 2013. Prévu également le Roumain Dacian Ciolos, le nouveau commissaire européen à l’Agriculture, dont on connaît désormais l’inclinaison pour une agriculture forte (voir plus loin). Forte participation pour ce 64e congrès : plus de 750 congressistes, délégués syndicaux, soit cent de plus qu’en 2009 à Poitiers.
Traditionnellement temps fort pour l’organisation syndicale, ce congrès revêtait cette année un caractère encore plus particulier « du fait de la conjoncture agricole et de l’ambiance syndicale sur le terrain », comme l’a souligné le président Jean-Michel Lemétayer. « Ce congrès 2010 intervient après une année 2009 chaude sur le plan syndical, mais aussi une année désastreuse avec une conjoncture extrêmement dégradée dans tous les secteurs de production, qui s’est traduite par un effondrement du revenu des paysans ».
Ce congrès d’Auxerre avait donc comme objectif de se recentrer sur les fondamentaux. Le rapport moral consacré au syndicalisme “responsable pour rassembler et agir” propose quelques pistes suite à une année 2009 « révélatrice de changement ». Jean-Michel Lemétayer a rappelé qu’être syndicaliste c’est « savoir traverser les crises et prendre les coups. J’en sais quelque chose ». Pour Jean-Bernard Bayard, le secrétaire général adjoint, « il faut garder l’unité » du syndicat même si nous avons été « chahutés » avec la crise laitière et le bilan de santé de la Pac. Un large débat s’est déroulé en huis clos le 30 mars avec plus de 50 interventions dans la salle. Une discussion qui a continué le lendemain dans le cadre de la présentation du rapport moral qui défend un syndicalisme « revendicatif, responsable, durable et démocratique ». Dans la salle, les interventions se sont focalisées sur la nécessité de « labourer le terrain » en « retournant voir nos adhérents ». Sans fédérations fortes de leurs adhérents, il n’y a plus de FNSEA a-t-on entendu. Il faut « une ligne directrice, un message fédérateur », donner « envie » aux militants. L’idée d’une grande manifestation a été évoquée. Certains ont « des fourmis dans les jambes ».
Un syndicalisme revendicatif et responsable
Car, avec les difficiles débats franco-français autour du bilan de santé de la Pac, les congrès 2009 de la FNSEA et de JA marqués par l’expression de désaccords, la crise laitière depuis plus d’un an, l’action vérité de la FNSEA sur les marges de même que les rassemblements d’octobre…, l’organisation syndicale a connu une année mouvementée. « Ces événements ont interpellé sur le terrain et ont mis en avant le besoin d’écoute, d’explication, d’accompagne-ment des agriculteurs (…).
Pour clôturer cette première journée de congrès, l’industriel Vincent Bolloré s'est plu à annoncer qu’il est prêt à investir en France dans les exploitations agricoles et à financer un film pour montrer que « la réalité de l’agriculture en matière écologique n’est pas celle que l’on montre ». Il s’est montré, par ailleurs, très confiant sur l'avenir de l’agriculture.
Arrêter les consensus mous
La crise des marchés et leur régulation, ce qui va se passer en Europe et la future Pac qui va se mettre en place…, toutes ces questions sont au cœur des débats de ce congrès. « Ce qui sera décidé pour 2013 se prépare aujourd’hui », commente le leader syndical. Jeudi 1er avril, au cours d’une table ronde sur « l’avenir de la Politique agricole commune », des
partenaires syndicaux européens anglais, allemands, irlandais, hongrois, espagnols ont pris part au débat en expliquant leur vision de l’avenir. Le Commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, retenu à Bruxelles, a participé aussi à ce débat avec une intervention enregistrée en vidéo. Sur la question cruciale de la future Pac, le président de la FNSEA ne mâche pas ses mots : « Tout le monde sait que c’est au niveau européen que les choses vont bouger. Il faut éviter que la politique agricole, mise en œuvre après 2013, ne soit que la résultante d’orientations budgétaires. Au président de la République de démontrer jusqu’où la France peut aller dans ce sens et j’espère qu’il ira jusqu’au bout. Il faut arrêter les consensus mous ou ceux où on se couche… La France a la nécessité de redresser la tête et d’avoir des exigences ».
H.G. ET AGRAFIL