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Fin de l’action Lactalis à Laval
Reprise des négociations

Devant le siège de Lactalis, à Laval, les éleveurs se sont relayés pour ramener l’entreprise à la table des négociations.
Devant le siège de Lactalis, à Laval, les éleveurs se sont relayés pour ramener l’entreprise à la table des négociations.
© AA

“Nous avons obtenu la mise en place d'une réunion, jeudi matin, entre les représentants de l'Unell (Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis) et l'entreprise, en présence du médiateur. Le siège est donc levé." Moins de 24 heures après le lancement de l'opération, l'occupation du rond-point "Lactalis" à Laval, les producteurs ont obtenu gain de cause : ramener l'entreprise à la table des négociations après qu'elle a décidé de ne pas respecter l'accord sur le prix du lait (voir interview de Frédéric Lachambre en encadré).

Relais de jour comme de nuit
Les équipes de la FDSEA et de JA de Mayenne, de Maine-et-Loire, de Basse- Normandie et de Bretagne se sont relayées, nuit et jour, pour maintenir la pression. Les producteurs de lait de Maine-et-Loire ont occupé les lieux dès le mardi matin.
Pour autant, les responsables professionnels attendent des résultats concrets de la réunion du jeudi : “nous resterons très vigilants sur ce qui en ressortira effectivement, notamment en terme de respect des indicateurs élaborés par le Cniel”.
Pour Alain Cholet, président de la FDL et administrateur FNPL, cette action illustre parfaitement la complémentarité indispensable entre le syndicalisme et les organisations de producteurs. "L'un ne va pas sans l'autre", dit-il. "On voit qu’une bonne concertation porte ses fruits et ramène les acteurs autour de la table. Ensuite, chacun reprend son rôle, l'OP conduit les négociations, le syndicalisme reste vigilant. Sinon, ce sont tous les producteurs qui ont à perdre."
Pour le responsable syndical, la stratégie de Lactalis de distinguer les OP et le syndicalisme a échoué. "L'entreprise a perdu en crédibilité auprès de ses producteurs. Sur le terrain, une partie de ses adhérents dit qu'elle n'a plus confiance."

M. L.-R.

Interview de Frédéric Lachambre, Délégué Ouest de l'Unell (Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis) et président de l’APLBL (Association des producteurs ligériens et bretons Lactalis).

Faire respecter les clauses du contrat

Les producteurs de lait FDSEA et JA de l'Ouest ont occupé le rond-point Lactalis à Laval cette semaine. Pourquoi ?
Frédéric Lachambre : Lorsque nous avons rencontré Lactalis pour évoquer les prix pour le deuxième trimestre et pour la fin de l'année, l'entreprise a proposé un accord politique qui intégrait les 25 euros/1000 litres, décidés par le médiateur, mais sans tenir compte des indicateurs publiés par le Cniel, et sans comparaison avec l'Allemagne. La proposition de Lactalis était complètement insuffisante et ne tenait pas compte de la réalité du marché. Il s'agissait d'un prix politique et cela ne nous convenait absolument pas. Les clauses du contrat signé entre l'OP et l'entreprise ne sont pas respectées.

Pourquoi cette position de l'entreprise, selon vous ?
Lactalis arguait de l'intervention des Pouvoirs publics et de la recommandation du médiateur de verser 25 euros/1000 litres aux producteurs pour justifier sa proposition. Et s'exonérait ainsi du respect de l'accord de 2009, revu en 2010, qui stipule que ce sont les indicateurs qui servent à établir le prix. Or, la médiation n'exonère pas de la réalité du marché. C'est bien ce qu'a précisé le médiateur.

Quelles conséquences auraient eu une moindre revalorisation du prix et le non respect des indicateurs économiques par Lactalis ?
Le prix du lait proposé par Lactalis n'aurait pas reflété la réalité du marché.
D'autres entreprises auraient suivi le mouvement avec pour conséquence un prix moyen 2013 déconnecté du marché, une base insuffisante pour 2014 et surtout un appauvrissement de la filière.
Une autre conséquence, c'est que Lactalis fragilise la construction d'une relation durable avec ses producteurs, alors que les entreprises ont besoin de lait. La filière a besoin que les producteurs aient confiance en l'avenir. Aujourd'hui, la balle est dans le camp des entreprises. À elles de faire ce qu'il faut pour que les producteurs aient envie de continuer à produire du lait.

Qu'attendez-vous de la rencontre qui se tenait hier, jeudi, entre l'Unell et Lactalis, en présence du médiateur ?
Nous avons accepté de lever le siège à condition que Lactalis revoie sa position. Et que, pour la fixation du prix du lait, les indicateurs de marché soient pris en compte, comme le prévoit l'accord. Les producteurs ne peuvent pas accepter de prendre la baisse du prix du lait de plein fouet quand les indicateurs vont dans ce sens et être obligés d'attendre le bon vouloir des entreprises quand le marché est porteur. Faire appliquer les clauses de l'accord,
c'est dans cet objectif que nous avons participé à la rencontre au ministère de l'Agriculture.

Recueilli par M.L.R.
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