Méthanisation
Rivergaz, pionnière dans la production de digestat hygiénisé
A Maulévrier, l’unité de méthanisation Rivergaz a démarré le 30 novembre. Un projet né de la volonté de préserver l’aire de captage du Ribou Verdon, qui fournit en eau la ville de Cholet. Une partie du digestat, hygiénisé, est exporté en zones céréalières.
A Maulévrier, l’unité de méthanisation Rivergaz a démarré le 30 novembre. Un projet né de la volonté de préserver l’aire de captage du Ribou Verdon, qui fournit en eau la ville de Cholet. Une partie du digestat, hygiénisé, est exporté en zones céréalières.
Du biogaz au service de l’eau. « A l’origine, il y a la question de la qualité de l’eau dans le bassin versant Ribou-Verdon, explique Laurent Loiseau, président de la SAS Rivergaz. Nous cherchions à exporter le phosphore présent en excédant, nous avons étudié plusieurs possibilité, compostage, bourse d’échange... L’option la plus intéressante économiquement s’est avérée être la méthanisation en voie infiniment mélangée ».
Pas de maïs dans le méthaniseur
Les exploitants se sont donc lancés dans le projet, avec un principe directeur en tête, qui ne les a jamais quittés : « pas de maïs : on ne veut pas donner à manger au méthaniseur ce que mangent nos vaches ! ». Pour pallier le souci de saisonnalité des apports, Rivergaz introduira, en été, des issues de céréales et de la glycérine. Les associés apporteront aussi des cultures intermédiaires à vocation énergétique, comme des Cipan.
Ces associés, ce sont actuellement 29 exploitations en polyculture élevage, pour une cinquantaine d’agriculteurs. Au départ, ils ont été épaulés par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire (voir la carte des projets accompagnés ci-contre) : « son appui a permis de “faire prendre la mayonnaise” dans le groupe, explique Laurent Loiseau. La Chambre a aussi effectué le plan d’épandage ».
L’unité, qui a nécessité un investissement de 10 millions d’euros, est dimensionnée pour avaler 47 000 t de matières entrantes à l’année, soit une moyenne de 5 camions par jour. à la sortie, le digestat liquide, riche en azote et rapidement assimilable par les plantes, retourne en intégralité chez les associés. Quant à la partie solide, riche en phosphore, elle est envoyée à la fois chez ces associés et exportée chez des céréaliers.
Un biofiltre à bruyère neutralise les odeurs
Particularité de Rivergaz ? C’est l’hygiénisation du digestat solide. « Nous sommes le premier site des Pays de la Loire équipé de l’hygiénisation du digestat », souligne Laurent Loiseau. Cette hygiénisation sera obligatoire au 1er janvier 2023 pour toutes les unités de plus de 10 associés ou plus de 30 000 tonnes. Le principe ? La matière passe dans des dilacérateurs qui réduisent la granulométrie jusqu’à 12 mm, ce qui permet une stérilisation plus efficace. Pour être stérilisé, le digestat est chauffé à 70°C pendant 1 heure. Gros avantage : « il n’y a pas de contamination possible d’une ferme à l’autre ».
Localement, le projet de production d’énergie verte de Rivergaz n’a pas suscité d’opposition. Une attention particulière a été portée au traitement des odeurs : les manipulations s’effectuent en circuit fermé et l’air est filtré dans un biofiltre à bruyère.
L’unité produit pour l’instant juste le quota attribué, soit 220 NormoM3/heure. Mais l’assouplissement récent de la législation en matière de capacité maximale d’injection (Cmax) devrait permettre à Rivergaz de moduler, à terme, la production de biométhane en fonction des apports. « Nous voyons d’un bon œil que l’Etat lâche ainsi la bride sur les quotas d’injection », note Laurent Loiseau.
S.H.