Festi Élevage
Sous le foirail de Chemillé, le festival des races animales
Deux jours de concours et d'animation pour les races bovines, caprines et ovines de Maine-et-Loire
Pour la dix septième édition de Festi Élevage - et la première en tant que président -, Claude Cesbron pouvait, dimanche matin à l'heure de l'inauguration officielle, tirer un bilan positif de la manifestation chemilloise. S'il se caractérise par sa convivialité et son "sans esprit de rivalité", ce rassemblement se veut aussi de plus en plus professionnel. Cette année encore, outre les concours départementaux, les rings ont accueilli trois rencontres régionales : les brunes, avec un effectif d'une soixantaine d'ani-maux, les jersiaises avec tout autant. Le concours des caprins, dans les races alpine et saanen, constitue lui aussi une véritable nouveauté : "24 ans qu'on n'avait pas vu ça", confiait un des concurrents.
“Ne pas tomber dans la routine”
Festi Élevage est placé sous le signe de la diversité et de la qualité, soulignait Claude Cesbron et si le rassemblement est désormais bien un rendez-vous bien ancré dans les habitudes, les organisateurs veilleront à "ne pas tomber dans la routine". C'est notamment dans cet objectif d'innovation qu'a été mis en place, cette année, une vente d'animaux de boucherie (voir ci-dessous). C'est là, pour le secteur de la viande toujours en difficulté, une façon de capter de la valeur ajoutée et de renforcer des liens avec le consommateur. "Si l'effectif du secteur laitier est stable, vu la bonne tenue du marché du lait et les perspectives encourageantes, on comptabilise une baisse de 5 000 animaux du cheptel souche en élevage allaitant. Cette décapitalisation est à mettre au compte de la mauvaise tenue des marchés", a souligné Pascal Gallard, président du pôle élevage de la Chambre d'agriculture. À cela, se sont ajoutés les aléas du climat et la sécheresse qui ont valu au départemental un classement en calamités agricoles. "Il est plus qu'urgent de faire évoluer la législation sur le dossier des réserves pour pallier ces incidents climatiques", a renchéri Jean-François Cesbron, président de la Chambre d'agriculture.
Globalement, la participation à Festi Élevage est toujours aussi importante : 175 élevages, 700 bovins, ovins et caprins, et un espace de 8 000 m2 dans sa forme définitive, entièrement dévolu, le temps d'un week end, à l'élevage départemental. Une réussite qui repose sur l'investissement des éleveurs et de différents syndicats de race mais aussi sur les services communaux et intercommunaux qui viennent prêter main forte. Dimanche dernier, les élus ont redit tout leur attachement à ce rendez-vous de septembre qui suscite d'ailleurs d'autres perspectives : "À côté de l'élevage, la région de Chemillé a une autre richesse. Pourquoi pas, un jour, un festival des plantes médicinales, aromatiques et tinctoriales", a suggéré Christophe Dilé, président de la communauté de communes.
M. L.R.
Nouveau
Des animaux à retrouver dans les boucheries
Le concours-vente d’animaux de boucherie était la nouveauté de cette édition 2011. Objectif : rapprocher l’éleveur et le consommateur qui arpente les allées du festival et qui se demande parfois où se procurer la viande des élevages locaux. Trois commerçants en bestiaux ont jugé dix-neuf animaux, vendredi après-midi. Au moins 14 bêtes ont trouvé preneur,
notamment auprès de l’Hyper U et du Leclerc de Chemillé, ou encore de l’Intermarché de Saint-André-de-la-Marche. Des panneaux placés devant les vaches sélectionnées en informaient les visiteurs durant tout le week-end. Claude Cesbron, président de Festi’élevage est plutôt satisfait de cette première : “L’initiative a été appréciée des éleveurs, des visiteurs et des bouchers. Il y a de fortes chances qu’elle soit renouvelée l’année prochaine.” L’opération ayant été décidée un peu tardivement, plusieurs animaux étaient en cours de finition. Le boucher Mickaël Hamard, des Halles de Chemillé, trouve l’initiative très
intéressante. Il a acheté une parthenaise de l’élevage Cailleau-Malinge, de Neuvy-en-Mauges, une vache de 8 ans et de
846 kilos. “Elle a gagné le grand prix d’excellence, souligne le boucher. Elle restera encore trois semaines chez l’agriculteur, Jean-Pierre Malinge, afin de se remettre du stress du concours. Et la viande sera disponible dans mon commerce début octobre”.
S.H.
Races lait Des éleveurs de l’Ouest ont présenté une soixantaine de vaches. Apile, la grande championne, est d’Eure-et-Loir.
Inter-régional jersiais : des vaches “formidables”
Tremendous cows”. Traduction : des vaches formidables. Voici comment le juge danois Anders Levring a qualifié les animaux au terme du concours inter-régional jersiais, samedi 3 septembre. “Les trois championnes ont le niveau pour participer à des concours européens”, assure le juge, président de l’Association jersiaise danoise. Une soixantaine d’animaux, de 18 élevages et de trois départements (Maine-et-Loire, Mayenne, Eure-et-Loir) concourraient à l’Inter-régional jersiais, organisé dans le cadre du Forum européen de la jersiaise. Le public international a vu monter plusieurs fois sur le podium Apile, meilleure mamelle, championne adulte et con-sacrée grande championne. Habituée des concours (Paris, Lausanne…), cette vache en 5e lactation “complète, excellente, de grande classe”, selon Anders Levring, vient de l’élevage Hyson-Voillot, en Eure-et-Loir. L’EARL remporte aussi le prix d’ensemble et les championnats espoir. Dans cet élevage familial, ce sont les enfants qui ont pris les rênes du plan d’accouplement et qui ont sélectionné les animaux pour Chemillé : les filles Adélaïde, 17 ans, Mathilde, 19 ans et son petit ami, Maxime, 18 ans. Avec un tel investissement, la relève est assurée.
Les éleveurs angevins ne sont pas en reste : Braise, du Gaec de la Jutière (Chanzeaux) est championne jeune ; Bourriche, de l’EARL le Pis qui chante (Le Pin-en-Mauges) est meilleure mamelle espoir. Le prix de la reine des jersiaises revient à Sarmotte, du Gaec du Pâtis Candé (Saint-Georges-sur-Loire) et la crème des jersiaises à Anouk, de l’élevage Manceau (Vezins). L’EARL la Limonière et la SCEA Gaborit se classent 2e et 3e pour le prix d’élevage.
S.H.
Forum européen de la jersiaise
Vers une AOC européenne ?
Bientôt une AOC à l’échelle européenne pour les produits laitiers issus du lait de jersiaise ? Ce serait une première dans le domaine des Appellations d’origine contrôlée. L’idée a été évoquée lors du forum européen de la jersiaise. Une quarantaine d’éleveurs et techniciens y participaient, venus du Danemark, de la Suède, d’Angleterre, d’Irlande, de l’Ile de Jersey, de Suisse et d’Italie. “Le dossier AOC est préparé par les éleveurs anglais depuis trois ans, explique Jim Dickinson, éleveur et fromager près de Manchester. Nous avons bon espoir de voir aboutir nos démarches d’ici dix-huit mois à deux ans”. Pour Jim Dickinson, la commercialisation des produits laitiers a déjà pris une dimension européenne. Il élève 350 jersiaises, transforme chaque année 18 millions de litres de lait provenant d’une vingtaine d’autres élevages. Son Cottage cheese, fromage frais faible en matière grasse, est exporté à Paris et sur la Côte-d’Azur.
S.H.
Caprins Les concours alpine et saanen ont occupé le ring le samedi après-midi.
“Un grand moment pour la chèvre”
Satisfaits, les organisateurs du concours interrégional caprin qu'ils jugent "très positifs". "Tout le monde a joué le jeu : le comité de pilotage dans lequel les éleveurs se sont impliqués même s'ils ne présentaient pas d'animaux, les éleveurs de Maine-et-Loire et des départements voisins qui ont participé au concours, l'organisme de sélection, la présence pour la première fois des chèvres de la race saanen, en plus des alpines, les animations et dégustations, les installations de traite, les partenaires et sponsors. C'est toute la dynamique caprine qui se trouve renforcée", commentait Jacques Gervais à l'issue de Festi Élevage.
Ce dernier concours de dimension interrégional remonte à 1987. Pour cette édition, une soixantaine d'animaux étaient présentés. Les éleveurs de Maine-et-Loire se sont particulièrement distingués mais les départements voisins venus concourir ne sont pas rentrés bredouilles, avec notamment un deuxième prix d'ensemble au gaec Chevrefeuille de la Vienne. "Il s'évoque déjà l'organisation d'un même style de concours sur Montaigu. On essaiera bien sûr d'y aller", ajoute Jacques Gervais.
La présence des éleveurs, des animaux et les dégustations ont également séduit le grand public qui a pu, le dimanche après-midi, apprécier la présentation des animaux sur le grand ring.