Techniques
À Tech & Bio, les bio diffusent leurs pratiques à tous les agriculteurs
La première édition de Tech & Bio dans l’Ouest, consacrée à l’élevage, a accueilli un millier de visiteurs mercredi, autour d'ateliers thématiques, de démonstrations, de conférences.
matériel. Ici Eric Petit, agriculteur bio à Combrée, explique aux élus les avantages du
désherbage mécanique.
Sans doute une question de météo qui a retenu les agriculteurs dans leurs travaux de fenaisons, la fréquentation du Rendez-vous Tech & Bio a été, durant la première journée, un peu moins importante qu’escomptée. Les organisateurs tablaient sur 5 000 personnes en deux jours, les 23 et 24 juin. Mercredi, ce sont 1 200 personnes qui ont fait le déplacement à la ferme de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) pour cette première édition dans l’Ouest de Tech et Bio. Il s’agit d’un concept des Chambres d’agriculture né dans la Drôme, où un salon d’ampleur européenne a lieu tous les deux ans. Là-bas, l’accent est mis sur les cultures spécialisées. Dans le Grand Ouest, le choix a été fait d’un rendez-vous consacré à l’élevage, dans une région, les Pays de la Loire, qui se situe au second rang national en terme de production bio (3,5 % des surfaces, 1 181 agriculteurs en 2008).
Avec une consommation en hausse, un taux d’importation de produits bio encore proche de 40 %, un développement encouragé par le Grenelle de l’environnement, le contexte est favorable à l’accroissement de la bio. Mais celui-ci ne se fera pas sans un « accompagnement fort des agriculteurs et une structuration des filières », a affirmé Claude Cochonneau, président de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, organisatrice de l’événement avec ses homologues de Bretagne et de Normandie. « Il est essentiel que les techniciens s’imprègnent de ces problématiques d’agriculture biologique ». Le développement de la bio passe, notamment, par un retour à l’agronomie : « On réinvestit l’agronomie dans nos Chambres d’agriculture, a aussi souligné Claude Cochonneau. On revient sur des techniques du passé que l’on avaient oubliées, afin d’aider les agriculteurs à s’engager dans une voie plus durable, de gré ou de force ». Les objectifs fixés par Écophyto 2018 obligent en effet à reconsidérer les pratiques, et regarder le sol autrement. En la matière, les techniques de la bio sont intéressantes à diffuser. À Tech et Bio, la coupe de sol commentée par Yvan Gautronneau, chercheur de l’Isara à Lyon, a été un atelier très suivi par les visiteurs. Ceux-ci étaient d’ailleurs, en majorité non bio, le plus souvent conventionnels, souvent très proches du bio, ou en conversion, comme cet éleveur laitier de Loire-Atlantique : « Je suis à la recherche de données sur les prairies et les mélanges d’espèces, sur la gestion des mauvaises herbes en céréales, sur les moyens de pallier le déficit fourrager ».
S.H.
Marchés
Volailles : relever le défi du 100 % aliment bio
La réglementation sur l’agriculture biologique va imposer, à partir de 2012, une alimentation animale entièrement bio (l’obligation est de 95 % aujourd’hui). En volailles, ce changement n’est pas anodin car il pose des problèmes d’équilibre de la ration. « En volailles, nous avons besoin de formules très concentrées en énergie et protéines et nous avons du mal à nous passer du soja », explique Pascale Magdelaine, responsable du service économique de l’Itavi. L’utilisation de soja rend la filière très dépendante des importations. La filière est donc à la recherche de solutions différentes : des pays comme le Danemark, le Royaume Uni, ou la Pologne utilisent des farines de poissons, les Pays-Bas font de leur côté des recherches sur les graines de soja, de sésame, l’Allemagne sur la féverole.
« Il n’y a pas de solution évidente en France aujourd’hui », résume Pascale Magdelaine. Seules des pistes commencent à être explorées par la recherche, comme le gluten de maïs, les pois, la luzerne, la féverole. Des essais de soja bio, non cultivé pour l’instant dans le Grand Ouest, sont aussi en cours au lycée Nature de La Roche-sur-Yon.
S.H.