Viande
Tribune en faveur de la filière viande bovine
Dans le cadre de la réforme actuelle de la PAC, des mobilisations sur la question du prix et plus globalement de la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve la filière viande bovine et l’élevage allaitant, la Fédération nationale bovine porte une tribune qui a pour objectif de mettre une nouvelle fois la pression sur le gouvernement pour trouver des solutions pérennes à la situation de la filière.
Dans le cadre de la réforme actuelle de la PAC, des mobilisations sur la question du prix et plus globalement de la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve la filière viande bovine et l’élevage allaitant, la Fédération nationale bovine porte une tribune qui a pour objectif de mettre une nouvelle fois la pression sur le gouvernement pour trouver des solutions pérennes à la situation de la filière.
« Nous sommes dans une économie de marché. » Voilà la réponse, lapidaire, apportée aux éleveurs de bovins de race à viande français, qui demandent la garantie de prix couvrant leur coût de production. Depuis des années, les pouvoirs publics ne cessent d’apporter des mots de soutien aux éleveurs. Mais quel secteur économique peut se contenter de mots pour
vivre ? Trois ans après le lancement des Etats Généraux de l’Alimentation et l’espoir qu’ils ont fait naître, les éleveurs ont perdu 30% de leurs revenus pour se contenter, désormais,
de moins de 700 euros par mois. 8 000 euros par an ! Voilà ce qu’ils valent dans l’économie de marché.
Conséquence logique de cette situation, la France compte, chaque année, 2 000 éleveurs bovins de moins. Et ce n’est pas seulement un drame humain. La disparition des élevages et de leurs animaux dans nos paysages n’est plus un fantasme. Elle est là, à nos portes, dans le silence général. Avec elle, nous assistons à la disparition d’une part de notre identité culturelle commune fondée sur une agriculture familiale et une alimentation qui font encore la réputation de la France. Pour combien de temps ? Les éleveurs sont les premiers à savoir ce qu’est une économie de marché. Ils y sont plongés chaque jour. En principe, elle répond à des règles simples d’offre et de demande, à des conditions de concurrence loyale et non faussée. C’est ce que disent nos textes de loi. Ainsi doit-elle permettre à la qualité de se démarquer et de trouver la juste rémunération des efforts qu’elle nécessite. Mais ce n’est pas cette économie de marché qui régit le secteur de la viande bovine : c’est une économie de destruction, qui considère qu’un animal nourri à l’herbe dans une exploitation familiale répondant à tous les critères du développement durable dont la France se veut la championne, n’a pas plus de valeur qu’un animal poussé en élevage industriel à grands coups d’antibiotiques à l’international.
Tout se passe comme si personne ne voulait voir l’incompatibilité criante qui existe entre cette fameuse économie de marché et la durabilité aujourd’hui imposée, à raison, aux producteurs. Car ce n’est pas un modèle d’élevage industrialisé, capable de résister à la concurrence de fermes usines américaines ou d’autres élevages sans normes environnementales et sanitaires strictes, que les pouvoirs publics ont promu à l’occasion des Etats Généraux de l’Alimentation. Ce n’est pas, non plus, ce modèle que les citoyens plébiscitent. Nous tous, éleveurs, associations, élus, soutenons ce cap, cette orientation donnée à l’élevage. Mais ce choix français doit être pleinement assumé !
Si les Etats généraux de l’Alimentation ont été une bonne initiative, nous constatons que la loi Egalim est impuissante à faire entrer le discours dans la réalité. Les éleveurs sont les premiers à vouloir mener à bien la « transition agroécologique ». Ils ont tout à gagner à placer l’économie dans ces rails de l’écologie.
A l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, notre modèle d’élevage français permet de privilégier la qualité sur la quantité, de mettre nos prairies au service de la captation du carbone, de la préservation de la biodiversité. Mais ils ne peuvent le faire sans que le pouvoir politique, quel qu’il soit, en tire les conséquences sur les politiques de prix, sur le partage de la valeur ajoutée tout au long de la filière, de la fourche à la fourchette. Il n’y a pas ici de « en même temps » possible et l’Etat doit permettre aux éleveurs d’obtenir des prix couvrant, au moins, leur coût de production. Sans cela, la France perdra sur tous les plans : celui de sa souveraineté alimentaire, comme de la durabilité. Deux enjeux à concilier dont le Président de la République et le Gouvernement affirment faire leur priorité, sans jamais les concrétiser.»
Signataires : Bruno Dufayet, éleveur de bovins de race à viande dans le Cantal, président de la FNB ; Anne-Catherine Loisier, sénatrice de la Côte d’Or (Union Centriste) ; André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme (Gauche démocrate et républicaine) ; Antoine Herth, député du Bas-Rhin (AGIR) ; Dominique Potier, député de la Meurthe-et-Moselle (Socialistes et apparentés) ; Olivier Rietmann, sénateur de la Haute-Saône (Les Républicains)
« La FDSEA et les JA ont immédiatement proposé la signature de cette tribune à l’ensemble des parlementaires du département, pour que tous ensembles nous trouvions des solutions pour sortir les éleveurs de la crise qu’ils subissent et que nous préparions le renouvellement des générations en viande bovine », ont réagi Pierre-Marie Caillaud, responsable de la section viande bovine FDSEA et Clément Traineau, secrétaire général JA 49.
Précisions
Emmanuel Capus (Sénateur Agir), Catherine Deroche (Sénatrice Les Républicains), Stéphane Piednoir (Sénateur les Républicains), Philippe Bolo (Député Mouvement Démocrate),
Matthieu Orphelin (Député Ecologiste), Anne-Laure Blin (Députée Les Républicains)