Dossier ovins
Une filière à nouveau attractive
Le congrès de la FNO se déroule les 27 et 28 avril à La Pommeraye.
Longtemps parent pauvre des productions animales, la filière ovine des Pays de la Loire affiche aujourd’hui un certain optimisme. Zoom sur cinq élevages des Pays de la Loire .
ILS VENDENT LEUR AGNEAU AUX FERMES BAUGEOISES
Anjou : Le magasin collectif de Saint-Sylvain-d’Anjou fédère une vingtaine d’agriculteurs.
Éleveurs à Ecuillé, au nord d’Angers, Alain et Cécile Huet commercialisent toute leur production en vente directe. À la ferme, en Amap, et, pour 70 % du volume, au point de vente collectif les Fermes baugeoises. Situé en pleine zone commerciale, à Saint-Sylvain d’Anjou, ce magasin de producteurs est ouvert les vendredis et samedis. Une vingtaine d’agriculteurs s’y relaient : “Nous tenons une permanence d’une demi-journée par week-end, et une journée complète toutes les six semaines”, détaille Alain Huet.
L’éleveur s’est installé en 2002 sur 60 hectares avec la création d'un site d'exploi-tation (achat de cheptel et construction d'une bergerie). Il débute la conversion en agriculture biologique en septembre 2006 ainsi que la vente directe “pour mieux valoriser les agneaux”. Pour tendre vers l'autonomie alimentaire, il a fallu aug-menter en surface. Aujour-d'hui, les éleveurs disposent de 80 hectares.
Jusqu’à 700 personnes par week-end
“Il y a une forte demande par rapport à nos produits, poursuit-il. Il est rare qu’il reste des invendus”. Chaque week-end, 650 à 700 per-sonnes fréquentent le point de vente. La clientèle évolue, comme le constate Cécile Huet, qui a rejoint son mari sur l’exploitation en 2010 : “À côté de la clientèle habituelle, plutôt des retraités, on voit venir de plus en plus de familles avec de jeunes enfants. Ils recherchent des produits fermiers, de proximité et de qualité”. Une fois par mois, elle propose des barquettes de couscous et l’été, on peut aussi acheter des merguez.
Alain et Cécile Huet cherchent à augmenter leur offre et à produire toute l’année pour assurer une régularité de leurs revenus. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. En système bio, l’utilisation d’éponges est interdite, ce qui prive l’éle-vage d’agneaux commer-cialisables pendant la période de janvier à Pâques. Pour pouvoir proposer de la viande à leurs clients toute l’année, le couple d’éleveurs a acheté 45 agnelles charmoises. Leur grand avantage : elles “désaisonnent “ naturelle-ment. Ces animaux viennent s’ajouter à leur cheptel de
300 brebis de race mouton vendéen.
S.H.
ANIVAL RICHE EN OMEGA 3 : UNE DÉMARCHE DE CONTRAT
Anjou : À Chaudron-en-Mauges, Jérôme et Marie-France Piton contractualisent, pour les agneaux, avec Ter’élevage.
Les agneaux élevés chez Marie-France et Jérôme Piton, éleveurs dans les Mauges, sont nourris avec un aliment à base de graines de lin, très riche en Omégas 3. La viande comporte des atouts nutritionnels reconnus, pour la réduction du risque de maladies cardio-vasculaires. Elle est commercialisée sur la base d’un contrat entre Ter’élevage, des boucheries traditionnelles et des éleveurs. “Nous nous sommes engagés dès le début de la démarche, il y a deux ans, explique Jérôme Piton. Nous sommes aujourd’hui douze éleveurs, pour un cheptel total d’environ 4 500 brebis”. Le cahier des charges : fournir des agneaux de manière régulière, toute l’année. La demande va croissante : “Début 2010, elle était d’environ 50 agneaux semaine, puis, plus proche de 70 depuis la mi-2010”, souligne le jeune éleveur. Grand avantage de la contractualisation, la lisibilité dans le temps : “Le prix est garanti à l’avance pour toute l’année à venir”. Il s’établissait en 2010 à 6,10 euros/kg l’été, 6,80 l’hiver”.
Des éleveurs organisés
Les éleveurs Anvial, organisés en groupe de progrès, ont constitué une caisse de péréquation, avec des prix beaucoup plus incitatifs au mois de novembre par exemple, moment de l’année où il est le plus difficile de sortir des agneaux. Ils se retrouvent également plu-sieurs fois par an pour harmo-niser les sorties d’animaux. Tous pratiquent le désaison-nement. C’était un préalable à l’entrée dans la démarche. Sur une partie de son troupeau, Jérôme Piton privilégie la méthode lumineuse, “plus naturelle”. “Je parviens à commercialiser des agneaux 11 mois sur douze, résume-il. Cette régularité permet de niveler le prix, d’avoir des entrées d’argent régulières.”
S.H.
LA VALORISATION DES SURFACES EN HERBE
Loire-Atlantique : Sur l’exploitation de Pierre et Anita Menet, les prairies constituent une grande part des ressources fourragères.
Pierre et Anita Menet sont éleveurs ovins allaitants, en agriculture conventionnelle, à Ligné (Loire-Atlantique). Leur exploitation, la SARL des
Kerbers, compte 950 brebis. 1 150 agneaux sont commercialisés via Ter’elevage, filiale du groupe Terrena.
“Il y a deux ans, suite à la baisse des cours, je n’ai pas pu garder un salarié et j’ai arrêté d’engraisser les agneaux. M’occupant de la gestion d’un camping, en parallèle de l’exploitation, je n’avais plus de temps pour l’engraissement. Je vends donc mes agneaux en maigre. Avec trois autres exploitations, nous avons créé un groupement d’employeurs pour un salarié. Un système très utile au moment des agnelages et de la récolte du foin.”
L’objectif de l’exploitation : profiter le plus possible du pâturage. Au printemps les brebis sont à l’herbe. “En période normale, j’essaie de garder mes brebis sur les parcelles avec des rotations de trois semaines. L’été (juillet et août en année normale), elles sont en bergerie, avec une ration à base de paille associée à des céréales. L’automne, elles retournent à l’herbe, en octobre, novembre et décembre. Les brebis au pâturage, ce sont des stocks que l’on ne fait pas et donc des frais de mécanisation en moins. Pour la reproduction, l’élevage compte 42 béliers. Je les ai choisis pour leur rusticité et la prolificité.”
Pierre Menet privilégie une bonne préparation des brebis avant l’agnelage, avec une alimentation bien vitaminée, avec des minéraux.
Concernant la mise-bas, l’éleveur fait un agnelage d’hiver (décembre, janvier) et un de printemps (mars, avril, mai). Les agneaux partent à trois mois chez des engrais-seurs du réseau Terrena. Ils pèsent entre 25 et 32 kg.
GUILLAUME DE WERBIER
LABELS : PRIX GARANTIS
Vendée : Guillaume Barranger a rejoint l’exploitation familiale.
La contractualisation sur des volumes, des prix et selon un planning annuel permet de compter sur un revenu sécurisé avec des prix garantis”, témoigne Guillaume Barranger. Dans une prairie proche du siège de l’Earl “Adonis” à Rocheservière, un lot de 105 agnelles est prêt à mettre bas. Les agneaux du printemps seront commercialisés en juin- juillet prochain à un poids moyen de 18, 5 kg. La majorité sera vendue en label rouge “Agneau Fermier de Vendée” ou “Agnocéan”, par la coopérative Vendée Sèvres Ovins avec une plus-value d'environ 0,80 euros du kilo. “Nous étalons nos agnelages pour pouvoir programmer nos sorties d’agneaux toute l’année, avec un maximum d’agneaux entre le 15 octobre et le 31 décembre. Sur cette période, VSO encourage financièrement la production.”
Guillaume Barranger, jeune agriculteur de 29 ans, installé en février connaît bien cette filière. Avant de s’associer avec ses parents, il a travaillé comme conseiller auprès des éleveurs caprins et ovins. “Mon père prend sa retraite d’ici trois ans, une opportunité. La bonne tenue des cours, la valorisation avec les labels et désormais le soutien des aides Pac permettent de se projeter sereinement dans cette production.”
CATHERINE LONGUEVILLE
LA PASSION DE L'ÉLEVAGE
Mayenne : Parallèlement à d’autres activités, Claude Ferrant a un troupeau de 150 brebis.
Claude Ferrant est un pluri-actif mais la passion de l'élevage ne l'a jamais quitté. L'éleveur a arrêté la production laitière en 2007 pour se lancer dans la production ovine : 150 brebis Romane en croisement sur du mouton charolais. Les mises-bas sont groupées en deux périodes :
janvier et mars. Les agneaux de 40 kilos sont vendus d’avril à octobre. Les résultats techniques sont bons : 1 agneau et demi par agnelle. Les agneaux sont commercialisés par le groupement Ovi Ouest.
Le bâtiment est l’ancienne stabulation aux vaches reconvertie en bergerie. Un investissement de 50 000 € et beaucoup de travaux réalisés soi-même donnent un bon confort aux animaux. Les terres sont essentiellement des prairies : 20 hectares, le reste en maïs et triticale avec 5 ha de chaque. Sur les terres en culture, les travaux de semis et de récolte sont réalisés par une entreprise. Claude Ferrant se réserve la préparation du sol et les différents traitements. Il a d’autres projets en tête.
Choisira-t-il de développer ses activités tierces, comme aujourd'hui son travail d'agent de sécurité, ou une activité agricole ? S'il opte pour un atelier de poulet standard, il devra envisager une autre organisation de son exploitation, notamment sur le plan des bâtiments.