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Emploi
Une relève estivale pour partir serein

Depuis une dizaine d’années, Hubert Beaudouin, éleveur laitier à Saint-Laurent-de-la-Plaine, fait appel au service de remplacement pour ses congés estivaux.

Les différentes tâches sont vues avec l’agent de service de remplacement.
Les différentes tâches sont vues avec l’agent de service de remplacement.
© AA

Adhérent depuis une dizaine d’années, Hubert Beaudouin apprécie le service de remplacement pour le suppléer lors de ses congés ou en cas de coups durs. « Le service collabore avec une assurance qui prend en charge une partie du salaire du remplaçant (NDLR : 15 % pour la maladie, 20 % pour les accidents) », explique l’éleveur qui n’a pas de salarié, à l’année.
Hubert Beaudouin n’est pas gêné de laisser son exploitation quelques jours : « les remplaçants doivent être polyvalents mais ils connaissent le milieu. » Quelques jours avant de partir, ils effectuent les tâches ensemble pour la transition : « Le matin, c’est préférable pour la traite ». L’agriculteur se permet de partir quand la charge de travail s’allège : « En moyenne, trois heures quotidiennes sont nécessaires pour l’alimentation, la traite et le suivi des vaches », détaille-t-il. L’année dernière, il n’est pas parti à cause des moissons tardives et l’arrivée de vêlages. « Les agriculteurs sont habitués à travailler, ce ne sont pas dans nos habitudes de prendre des vacances, c’est peut-être un état d’esprit », pense-t-il. Pour autant, Hubert Beaudouin n’est pas contre un moment de détente mais pas plus d’une semaine : « Les vêlages vont reprendre et j’aimerais bien être présent. C’est aussi une période où le jardin doit être arrosé. »

Détente en famille
Cette année, les Beaudouin partent une semaine en août chez des amis en Bretagne et à Noirmoutier. Cette semaine de vacances est « un moment privilégié en famille. On vit plus tranquillement et avec mon épouse, on ne fait rien », avoue Hubert Beaudouin. « Mon fils de 10 ans me dit toujours que je travaille tout le temps. Alors, j’en profite pour être avec lui. Même l’année dernière quand nous ne sommes pas partis, j’ai trouvé du temps pour construire une cabane avec lui, entre les tâches du matin et du soir. »

Hausse des départs l’été
Ses congés estivaux ne sont pas planifiés à l’avance. « C’est plus facile de trouver un remplaçant le reste de l’année. Nous partons un ou deux week-ends généralement. » Mais en période estivale qui concentre une part importante de départs, les Beaudouin ne peuvent pas se permettre de réserver une location et de payer des arrhes sans garantie d’avoir quelqu’un sur l’exploitation. Entre les imprévus (maladie et accident) et la recherche de remplaçants par le service, l’éleveur ne saura que quelques jours à l’avance qui lui succédera : « J’ai fait ma demande début juin et je n’ai toujours pas de confirmation », regrette-t-il. L’éleveur fait tout de même confiance au service qui lui permet, chaque été, de lever le pied.

Julien Bernier

Contact : SR Maine et Loire, au 02 41 96 76 74.

Interview

Des vacances plus courtes pour un métier dépendant du vivant
Les agriculteurs aspirent à plus de temps libre. Cependant, la différence de mode vie avec les autres catégories socioprofessionnelles demeure, selon Roger Le Guen, sociologue à l’Ésa d’Angers.


En 1936, le Front populaire vote les congés payés. Qu’en est-il pour les agriculteurs ?
Roger Le Guen : En 1936, les agriculteurs ont vécu cette décision comme une provocation, ils se sont sentis lésés. Ce n’est que dans les années 60 que les choses ont évolué pour le monde agricole. Puis l’évolution de la situation économique de la profession a accentué le phénomène vacances dans les années 80. À cela s’est ajouté un changement de mentalité souhaitant mettre fin à l’adage « Le paysan vit pauvre et meurt riche ». L’agriculteur veut avoir du temps libre, en profiter et c’est une condition sine qua non dès l’installation.

La profession s’inspirait-elle du mode de vie des autres catégories socioprofessionnelles notamment avec l’avènement des 35 heures ?
Les 35 heures ont amené les agriculteurs à poser un regard différent sur leur propre travail. Notamment avec le voisinage qui est de moins en moins composé d’agriculteurs. Voir son voisin profiter de son vendredi après-midi en terrasse fait réfléchir. Et puis, les agriculteurs ont de plus en plus fréquemment un ou une conjoint(e) qui travaille à l’extérieur avec des vacances bien calées. Certains m’ont rapporté que s’ils n’avaient pas libéré de leur temps pour les vacances, s’en seraient probablement suivis des problèmes de couple. Et outre ce phénomène de vacances, on assiste au développement d’activités en dehors du travail comme le théâtre, la vie associative ou le sport. Ce dernier leur permet de se préserver physiquement pour un métier qui reste difficile.

La multiplication des formes sociétaires telles que les Gaec a-t-elle dopé ce phénomène ?
Oui, il est plus facile de partir quand on se fait remplacer par son associé. Pour ceux qui travaillent seuls, c’est plus délicat. Tous ne peuvent pas s’offrir les prestations des services de remplacement, ils les jugent chères. Et les agriculteurs peinent à déléguer. Cette réticence est la même que l’on retrouve dans les très petites entreprises. Ils se disent :
« L’entreprise, c’est moi ». Surtout dans les domaines de l’élevage où les agriculteurs se disent que leurs animaux ne peuvent pas vivre sans eux. Par ailleurs, quand ils partent, ils peuvent se faire remplacer par des amis agriculteurs mais de moins en moins par leurs parents. Ces derniers aspirant à profiter de leur retraite et hésitant à remplacer leurs enfants durant quinze jours d’affilée.

Selon les productions et les zones géographiques, observe-t-on des différences quant à la prise de jours de congés ?
L’élevage laisse moins de temps disponible par rapport aux grandes cultures. Ceux installés à proximité des villes prennent souvent plus de vacances que ceux installés en campagne profonde. Et puis des régions comme la Bretagne où la modernisation des élevages a été importante comptent plus d’agriculteurs prenant des vacances.

Recueilli par Delphine Péronnet

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