CLIMAT
13 bassins en vigilance, 2 en restriction
Avec des températures en moyenne supérieures de 3 à 5 °C et des précipitations inférieures de 70 % par rapport aux normales saisonnières d’avril, la sécheresse s’accentue.
En Maine-et-Loire, les conditions météorologiques sont restées au beau fixe et les prévisions n’annoncent pas (ou très peu) de pluie dans les jours à venir. La situation des cours d’eau s’est aggravée, conduisant à l’accentuation des mesures de restriction. Ainsi, par rapport à la semaine
dernière, 8 nouveaux bassins ont basculé en vigilance et celui de la Sèvre nantaise a directement été classé en restriction (interdiction de pompage de 10 h à 20 h). Avec un débit qui devrait basculer en dessous de 200 m3/s dans les tout prochains jours, et si la tendance actuelle se poursuit, la Loire pourrait franchir le premier seuil de restriction (150 m3/s) d’ici une dizaine de jours, synonyme d’abord d’une réduction de la réalimentation de l’Authion, avant de concerner plus directement les irrigants.
Avec plus de 10 bassins classés en vigilance et un débit de la Loire inférieur à 220 m3/s, le seuil de vigilance est atteint pour les usages non prioritaires. Chacun est donc appelé à limiter sa consommation d’eau au strict nécessaire.
Au niveau national. Un premier comité de suivi hydrologique s’est réuni sous la présidence de Nathalie Kosciusko-Morizet afin d’obtenir un bilan de la situation. L’état de sécheresse étant généralisé, ce sont maintenant 33 départements (au 19 mai) qui ont activé des procédures de restriction de prélèvement d’eau pour les adapter aux débits des cours d’eau et aux niveaux des nappes.
À l’issue de ce comité, la ministre de l’Écologie a conclu que face au risque que ces phénomènes de sécheresse se reproduisent, l’amélioration structurelle de la gestion des ressources en eau est une priorité et qu’au-delà des mesures prises dans le cadre du Grenelle de l’environnement, elle doit s’accompagner d’une diminution des consommations, fixant un objectif de réduction de 20 % de la consommation d’eau à l’horizon 2020. La ministre a également remis en cause la gestion actuelle des prélèvements agricoles avec des “autorisations accordées sans discernement par l’État”, ce qui conduirait à la gestion de crise que l’on constate actuellement, et a annoncé la présentation d’un Plan national d’adaptation au changement climatique avec, parmi les mesures à prendre, la gestion collective de l’irrigation et la définition de volumes prélevables.
Alexandre CHAIGNEAU
Chambre d'Agriculture
Solidarité
Les céréaliers appelés à ne pas broyer la paille
pour répondre aux besoins des éleveurs
Compte tenu de la situation climatique actuelle et des faibles rendements attendus en paille, la FDSEA lance un appel auprès des producteurs de grandes cultures afin de ne pas broyer la paille cette année. La solidarité céréaliers-éleveurs doit donc s’organiser dès maintenant au niveau local avec un partenariat gagnant-gagnant : d’un côté les éleveurs bénéficiant d’une paille de qualité à proximité, de l’autre des céréaliers bénéficiant d’une recette complémentaire.
Avec la hausse des coûts de transport, il est incohérent d’acheminer de la paille venant d’autres départements alors que le Maine-et-Loire dispose d’environ 90 000 hectares de céréales à paille.
La FDSEA relance une opération paille
Mais en raison de la tension sur le marché et dans un but de moraliser celui-ci, la FDSEA de Maine-et-Loire a décidé de remettre en place cette année une opération paille. Des contacts sont actuellement en cours avec des départements du Centre de la France. L’opération ne doit être que le dernier recours pour les éleveurs et les solutions de proximité doivent être privilégiées. Il est donc important que chacun prenne ses dispositions et anticipe ses besoins rapidement.
C’est ce que préconise Jean-Marc Lézé, secrétaire général de la FDSEA : “Le coût du transport représente une part importante dans le prix de la paille. Les éleveurs ont donc tout intérêt à trouver une solution de proximité même si cela devient très compliqué”.
Et la situation est effectivement compliquée : des rendements annoncés faibles, des stocks quasi-inexistants, une guerre des surfaces entre les marchands de paille, des céréaliers peu enclins à vendre la paille une deuxième année de suite… Tous les facteurs sont réunis pour que le marché soit très tendu. La solidarité et la raison doivent donc prévaloir (voir “Il a dit” p.2).
Damien Boussiron