AG FDSEA 49
« Agriculture et énergie sont le socle de la France de demain »
Philosophe, essayiste, enseignant à Sciences Po, auteur en 2019 de « Slow démocratie : comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main ? », puis plus récemment en 2021 du « Nouveau modèle français », David Djaïz interviendra à l’Assemblée Générale de la FDSEA le 18 février. Entretien avec ce grand optimiste, qui fait de l’agriculture l’un des piliers de la refondation du pacte sociétal français.
Philosophe, essayiste, enseignant à Sciences Po, auteur en 2019 de « Slow démocratie : comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main ? », puis plus récemment en 2021 du « Nouveau modèle français », David Djaïz interviendra à l’Assemblée Générale de la FDSEA le 18 février. Entretien avec ce grand optimiste, qui fait de l’agriculture l’un des piliers de la refondation du pacte sociétal français.
Quels sont vos liens avec l’agriculture ? Qu’est-ce qui nourrit votre regard et fonde votre expertise dans le domaine agricole ?
Je suis originaire d’Agen dans Lot et Garonne, donc un département agricole et rural. Et malgré cela, je me suis rendu compte que depuis mon enfance, l’agriculture avait quasiment disparu de mes yeux. Non pas qu’elle n’existe plus. Mais l’évolution du modèle de notre société et la grande modernisation de l’agriculture ont fait qu’elle est devenue plus invisible dans notre vie moderne, y compris pour des gens qui vivent à la campagne. Pour prendre un exemple, là où dans un passé pas si lointain, tuer le cochon était un vrai moment collectif, prétexte à des rassemblements, c’est devenu aujourd’hui quelque chose qu’on ne donne plus ni à voir ni à partager. En disant cela, je ne fantasme pas un passé révolu, en considérant que c’était mieux avant. Je dis par contre que c’est ce qui explique en grande partie le développement de certains discours de salon anti-agriculture, sur des sujets que les gens ne connaissent tout simplement pas, ou très mal. Voilà ce qui fonde mon lien avec ce thème si important qu’est l’agriculture.
Pourtant l’attraction de la vie à la campagne n’a semble-t-il jamais été aussi fort qu’en ce moment. Comment expliquer ce paradoxe ?
Oui c’est vrai, la ruralité est en vogue, et notoirement depuis l’émergence du Covid. Mais les gens voient dans la ruralité le bénéfice récréatif de la chose. On y vient, qui en vacances, qui dans sa résidence secondaire, qui pour faire du sport ou une activité nature. Mais on oublie facilement la dimension productive de la ruralité, pour les raisons que j’évoquais précédemment. D’où des conflits d’usage dont on entend parler de temps en temps. On aime bien les vaches, mais on ne veut pas voir un bâtiment d’élevage pousser à 500 mètres de chez soi. Du reste, on observe les mêmes conflits sur les énergies : on est pour le développement des énergies renouvelables, mais on ne veut surtout pas entendre parler d’une éolienne dans son champ de vision. En vérité, il va bien falloir que chacun comprenne que cet espace se partage. Cela passera à la fois par l’éducation, et surtout par le dialogue et le compromis.
Dans « Le nouveau modèle français », vous faites justement de nombreux parallèles entre agriculture et énergie. Qu’ont-elles en commun ?
Au delà du fait que la production d’énergie puisse être un complément de revenus pour l’agriculture, ces deux domaines ont en commun d’être dans la recherche d’une certaine forme de transition, vers une agriculture plus écologique pour l’un et vers des énergies moins carbonées pour l’autre. Mais avec toutes les interrogations que cela emporte, sur des remises en cause de modèles parfois un peu rapides et souvent idéologisées. Malgré tout, dans l’analyse que je développe dans mon livre, je décris les raisons pour lesquelles l’agriculture et l’énergie sont des domaines qui sont et resteront au cœur de notre pacte social. La principale d’entre toutes, c’est que sans ces deux composantes, c’est l’économie dans sa totalité qui est à l’arrêt. Cela devrait suffire à faire comprendre à tous qu’il n’est plus possible de demander à des agriculteurs de travailler 7 jours sur 7 et de prendre tous les risques, pour un smic et parfois moins. Lorsqu’on est au cœur du pacte sociétal, ce n’est pas acceptable. Et c’est pourquoi je fonde au contraire mes espoirs sur l’économie du bien-être, basée sur la garantie d’une triple valeur, économique, sociale et environnementale. Si l’une de ces valeurs manque à l’appel, cela ne tourne pas rond. Mais je suis persuadé que nous sommes capables de relever collectivement le défi !
9 h : accueil des adhérents.
10 h 30 : accueil des invités.
Débat : agriculture, ruralité, quel pacte avec la société demain Discours de clôture.