Agritourisme : une carte à jouer pour l’Anjou ?
Le secteur est sinistré par la crise. Cependant, les lendemains de l’agritourisme peuvent s’avérer chantants, si le tournant est pris rapidement.
Le tourisme vert est-il le tourisme de demain ? La question est légitime au vu du choc qu’a été le Covid-19, mais également des mesures nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique. Fer de lance de cette nouvelle manière de profiter de ses vacances, l’agritourisme apparaît comme le futur du développement économique de nos territoires. Et l’Anjou a son mot à dire. Cependant, le Covid-19 a eu de nombreux effets négatifs sur les entreprises de ce secteur.
La crainte d’une deuxième vague
à Valanjou, la crise fut rude pour Les cerfs de la Fardellière. Durant le confinement, l’activité restauration, visite et vente directe a enregistré une perte de chiffre d’affaires de 28 000 euros. « C’est énorme, car nous étions en plein développement, avec des investissements sur ces activités. La perte enregistrée ne pourra pas être compensée par les aides de l’état, car en 2019 ces activités étaient moins importantes, et les calculs se font sur cette base », témoigne émilie Gaschet, qui s’occupe de la restauration. « C’est une année blanche, qui va fragiliser notre trésorerie. Notre crainte, c’est qu’il y ait un retour de bâton, car nous ne tiendrons pas un 2ème épisode de ce type », s’inquiète l’agricultrice. Cependant, cette dernière tire du positif de cette expérience, et voit l’occasion de redéfinir les priorités. « Cela fait émerger des idées, on a une réflexion différente sur notre gestion ». Il faut espérerer qu’il en sera de même pour les consommateurs.
Repartir comme avant ?
La ferme-auberge de La Touche n’avait plus connu salle vide depuis de nombreuses années. En effet, l’enseigne est ouverte depuis 30 ans. Depuis 3 mois, l’activité de restauration était réduite à néant, soit une perte de 40 % du chiffre d’affaires de la ferme-auberge. Cependant, celle-ci ne représente que 20 % du chiffre d’affaires de la ferme. « On vend 20 000 volailles en direct, donc nous étions bien occupés pendant le confinement ! », témoigne Noëlle Monnier, agricultrice sur l’exploitation, située à Ombrée d’Anjou. Dans le département, l’activité de ferme-auberge se fait rare. « Quand nous avons commencé, nous étions 6. Aujourd’hui, nous sommes les seuls ayant le label Bienvenue à la Ferme ». Le Covid-19 risque de tendre encore un peu plus ce secteur. En revanche, l’agricultrice note un réel engouement pour le local, « une euphorie ». Les produits partent comme des petits pains, « grâce au télé-travail, les gens pouvaient prendre le temps de consommer local, et mieux », témoigne-t-elle.
Le tourisme à un tournant
« L’Anjou a une image agricole et naturelle. L’agritourisme y est très dynamique, et contribue à ce que l’on appelle le tourisme durable, ou le slow tourisme », détaille Sophie Yannou, directrice d’Anjou Tourisme. Découvrir des paysages enchanteurs tout en prenant son temps, s’imprégner pleinement de la nature qui nous entoure, privilégier les rencontres et savourer les plaisirs de la table, sont les principes majeurs du slow tourisme. On considère que le secteur touristique représente près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le tourisme de masse en est en grande partie responsable. Mais le Covid-19 est passé par là, et a refroidi les touristes, permettant de ne pas réchauffer davantage le climat. « Le secteur a souffert, mais va encore souffrir », prévient Sophie Yannou. En effet, en Anjou, c’est 28 % de la clientèle qui est étrangère. L’été ne sera donc pas aussi florissant pour les acteurs du tourisme départementaux. à cela, il faut rajouter l’incertitude sur les vacances des Français. Malgré ce climat morose, l’Anjou a une carte à jouer avec le tourisme durable. « Il faut que l’on prenne le tournant maintenant, et que l’on démontre que l’Anjou est un endroit unique. Les gens doivent prendre conscience de ce retour au local, à la nature, à l’agricole », témoigne la directrice. L’Anjou, c’est près de 10 millions de nuités touristiques, pour un chiffre d’affaires supérieur à 900 millions d’euros. Reste à faire reconnaître l’Anjou comme un département de séjour, et non plus une destination de passage.
Article complet dans l'Anjou Agricole du 12 juin.