jeunes agriculteurs
Améliorer l’accompagnement à l’installation : les idées de JA 49
Des propositions ont été avancées à l’AG du syndicat, le 19 mars, à Pouillé : visite d’exploitation, appui sur la réglementation, mise en valeur des sociétés...
Cinq ans après la mise en place du nouveau dispositif à l’installation, en 2009, Jeunes agriculteurs a voulu dresser un premier bilan. “Plus de 500 jeunes se sont installés depuis 2009, rappelle Antoine Lardeux, président de JA 49. Au vu du niveau actuel des taux d’intérêt, certains peuvent se poser la question de l’opportunité de s’installer avec des aides. Mais l’installation aidée ne se résume pas à la DJA* et aux prêts bonifiés, c’est aussi un accompagnement”. Un accompagnement qui convient bien aux nouveaux installés, comme le révèle une enquête réalisée avec des étudiants du groupe ésa. Le passage de 11 à 14 jours de formation, à 5 à 7 jours à présent, dans le cadre du 3P (Plan de professionnalisation personnalisé) est apprécié, notamment les modules optionnels. Mais les participants les jugent parfois trop théoriques. Ils déplorent le manque de “pratique, de concret, de terrain”.
Cette étude a servi de support à JA pour formuler des propositions d’amélioration. Parmi celles-ci, un meilleur accompagnement pour le respect de la réglementation. “Trop de jeunes se font bêtement pénaliser sur les règles environnementales, explique Sylvain Piet, secrétaire général de JA49. Ils peuvent par exemple se faire ponctionner la DJA, -12 500 euros -, parce qu’ils ont entamé des travaux trop tôt, faute d’information suffisante”.
Pour plus de concret dans la formation, la visite d’exploitation habituellement réalisée avec le conseiller Chambre d’agriculture pourrait être ouverte à deux ou trois autres jeunes et à un agriculteur référent, qui serait formé sur l’intérêt du dispositif d’accompagnement.
Mieux s’approprier le PDE
Selon l’enquête, le PDE, Plan de développement de l’exploitation, est réalisé à 62 % par un centre de gestion, à 33 % par la Chambre d’agriculture et 5 % par le candidat lui-même. “On insiste, à JA, sur l’importance pour le jeune de maîtriser son PDE, surtout dans le cadre d’installations sociétaires, poursuit Sylvain Piet. Le jeune doit s’impliquer dans son projet économique et pas seulement dans le projet technique”.
Le PDE est souvent critiqué pour sa rigidité. “Aujourd’hui, il faut quasiment faire un avenant au PDE lorsqu’on achète une brouette, illustre Jérémy Decerle, éleveur en Saône-et-Loire et élu de JA Nat’, invité à l’assemblée générale. Nous réclamons aux pouvoirs publics une simplification administrative à ce sujet. Le PDE doit être un véritable outil économique, efficace”.
Faut-il un suivi post-installation ? JA s’est également posé la question. Il n’existe pas de formation spécifique en Maine-et-Loire et les jeunes interrogés, à 70 % ne le souhaitent pas.
Une des propositions de JA porte aussi sur la promotion de l’installation en société. “Il faut dire clairement aux jeunes qu’il est possible de faire ses preuves dans une société, que l’on est chef d’entreprise lorsqu’on est associé”, souligne Antoine Lardeux. Aujourd’hui, 60 % des jeunes s’installent en société. Cette promotion passe par une meilleure communication, notamment dans les écoles d’agriculture. “Là-dessus, le travail se situe bien en amont du dispositif à l’installation”.
L’accompagnement à l’installation se raisonne à présent d’un point de vue régional, avec une harmonisation en cours, mais dans laquelle JA 49 souhaite “garder ses spécificités départementales”, complète Antoine Lardeux.
Transmission progressive
Un autre projet cher à Jeunes agriculteurs a été présenté pour répondre aux enjeux du renouvellement des actifs agricoles. à l’idée d’installation progressive, actuellement en réflexion à JA Nat’, JA 49 préfère la notion de transmission progressive. “L’installation progressive serait la porte ouverte à la pluriactivité”, estime JA 49. Tandis qu’“un tuilage sur plusieurs années, avec le cédant, lorsque c’est possible, est une idée très intéressante”.
S.H.
*Dotation jeunes agriculteurs.
Année spéciale de l’ONU
L’agriculture familiale, un concept qui reste à définir
Quoi de commun entre une exploitation française et une ferme de plusieurs milliers d’hectares en Amérique du Nord ? Une société entre tiers, est-ce encore de l’agriculture familiale ? Alors que l’Onu a décrété 2014 année de l’agriculture familiale, la définition du concept est sujette à discussions. “Ce sera le thème du congrès de Jeunes agriculteurs, en juin prochain, explique Jérémy Decerle, de JA Nat’. Nous devons d’abord nous mettre d’accord sur ce que nous souhaitons prôner comme type d’agriculture familiale”. Car il y a autant de définitions de cette agriculture que de pays. Pour JA Nat’, “le concept repose sur quelque chose de très simple : des exploitations viables, vivables et transmissibles, résume Jérémy Decerle. C’est avec ce modèle qu’on pourra renouveler les générations”. Gare “à la financiarisation de l’agriculture”, prévient le responsable national. Car même si elle est minoritaire en France, l’agriculture de firme interroge les agriculteurs. Des projets comme la ferme des 1 000 vaches inquiètent, explique Guillaume Fillaudeau (Montfaucon-sur-Moine). “Nous sommes dans un contexte en pleine évolution avec l’éclatement des modèles d’exploitations, des structures intransmissibles par leur taille...” Mais les capitaux extérieurs “ne sont pas gratuits, l’investisseur attendra un retour d’investissement”, souligne Guillaume Fillaudeau. Quel pouvoir de décision de l’agriculteur dans ce cas ?