Prix agricoles
Appel à la mobilisation le 18 mai
Le lait, dont les prix chutent, mais aussi le porc, la viande bovine, ou les céréales : toutes les productions souffrent. Les agriculteurs vont aller rencontrer les pouvoirs publics lundi prochain. Ils veulent que chaque maillon de la filière mette ses chiffres sur la table, en toute transparence.
Samuel Aubert, responsable JA du dossier lait
Maintenir le rôle de l’interprofession
Les laitiers ont reçu leur paie de lait. Qu’en pensez-vous ?
Samuel Aubert : La première chose que je veux dire, c’est qu’il est inadmissible qu’il ait fallu attendre quasiment la mi-mai pour savoir le prix que les producteurs de lait allaient percevoir. Et nous ne sommes pas d’accord non plus sur le fait que le prix soit imposé sans concertation. C’est une mise à mal de l’interprofession laitière.
C’est une organisation à laquelle vous tenez ?
Absolument. Notre projet JA et JA Ouest est précisément de renforcer cette interprofession laitière afin de tenir un discours commun sur les prix, les volumes… et ce, en cas de disparition des quotas. Que ce ne soit pas les entreprises qui mènent la danse sur les volumes à produire.
Les JA manifesteront lundi 18 ?
À coup sûr. Il y a déjà des blocages de camion dans toutes les régions. La tension va monter en puissance d’ici lundi. Mais si nous en sommes là, c’est parce que les pouvoirs publics ont déstructuré le travail de l’interprofession lorsque la répression des fraudes a pointé du doigt son fonctionnement. Le ministre de l’Agriculture a eu beau la réhabiliter : le ver était dans le fruit et les entreprises se sont engouffrées dans la brèche. À cela s’ajoute la dérégulation qu’impliquent les décisions des pouvoirs publics au niveau européen. Mais cette manifestation ne concerne pas que le lait. La Loi de modernisation économique est passée par là et ce sont toutes les productions agricoles qui peuvent être concernées demain. Tous les agriculteurs doivent se sentir solidaires.
Cette baisse subie du prix du lait pose-t-elle des problèmes plus aigus pour les jeunes agriculteurs ?
Les jeunes installés ont beaucoup d’investissements ; ils disposent donc d’encore moins de trésorerie que d’habitude. Ils font face à leurs
remboursements d’emprunts, ils paient leurs charges et il ne leur reste rien pour vivre. La situation est également très délicate pour les candidats à l’installation. Sur quel chiffre se baser pour réaliser une étude prévisionnelle ? Les banques commencent à être
réticentes et il est possible que des installations soient bloquées. C’est pourtant sur les jeunes que repose l’avenir de l’ensemble de la filière.
Propos recueillis par M.L.-R.