St-Florent adopte le cépage Floréal
À Saint-Florent-le-Vieil (Mauges-sur-Loire), l'association Vigne et patrimoine du Montglonne (VEPDM) a replanté une vigne dans un clos en bord de Loire. Elle a opté pour le Floréal, un nouveau cépage tolérant aux maladies fongiques.
À Saint-Florent-le-Vieil (Mauges-sur-Loire), l'association Vigne et patrimoine du Montglonne (VEPDM) a replanté une vigne dans un clos en bord de Loire. Elle a opté pour le Floréal, un nouveau cépage tolérant aux maladies fongiques.


La première cuvée des Vignes du Montglonne vient d'être embouteillée : quelque 2450 bouteilles d'un blanc sec pas tout à fait comme les autres. Son itinéraire particulier est lié à l'histoire de Saint-Florent-le-Vieil. En effet, l'écrivain Julien Gracq, décédé en 2007, a légué sa maison et un clos à la commune. C'est dans ce clos, où la vigne avait été arrachée il y a 30 ans, que l'association VEPDM a replanté 2 500 pieds de vigne. Une souscription a mobilisé 1 700 personnes. Le projet a suscité un grand engouement : une soixantaine de bénévoles se relaient toute l'année pour effectuer les travaux de la vigne, de la taille, - effectuée en cordon de Royat - jusqu'aux vendanges. Le raisin est vinifié par le viticulteur Romain Chevalier (les Vignes de l'Alma).
Un seul passage de fongicide en 2024
Lorsque l'association a voulu replanter le clos, s'est posée la question du cépage le plus adéquat. Dans ce site bordé par la Loire d'un côté et entouré d'habitations, il était difficilement envisageable d'imposer des allées et venues fréquentes d'engins pour effectuer des traitements. "On se demandait comment faire pour ne pas gêner les voisins... La chance que nous avons eue, c'est que les viticulteurs hongrois de Tihany, la ville jumelée avec Saint-Florent, nous ont invités à les rencontrer. Nous avons constaté qu'ils avaient un peu plus d'avance sur les cépages tolérants aux maladies. C'est comme cela que nous est venue l'idée de nous intéresser à ces cépages", relate Roland Chevalier, viticulteur à la retraite et vice-président de l'association.
Avec l'aide d'une géologue-œnologue de la ferme expérimentale d'Anglard-Julliac (Cahors), originaire de Mauges sur Loire, les membres de l'association ont pu déguster des échantillons de vins issus de nouveaux cépages. Le choix s'est porté sur le Floréal, qui a été mis sur un porte-greffe 1103 Paulsen, sélectionné pour sa résistance à la sécheresse. Cépage blanc, créé par l'Inra, Floréal résulte d'un croisement entre deux variétés résistantes, Villaris et Mtp 3159-2-12. Inscrit au catalogue officiel depuis 2018, il présente, d'après l'IGP Val de Loire, "une tolérance remarquable au mildiou et à l'oïdium grâce à des résistances polygéniques. Une réduction de 80 à 90 % des traitements fongicides est possible, même si des protections minimales sont recommandées contre le black-rot." Cette tolérance s'est confirmée, puisqu'en 2024, année très pluvieuse, "nous ne sommes intervenus qu'une seule fois pour le mildiou. Nous n'avons pas vu de mildiou du tout, nous avons juste constaté quelques petites tâches de black-rot sur feuille", détaille Roland Chevalier. Les (rares) interventions sont réalisées avec un pulvérisateur muni de panneaux récupérateurs.
Ce qui a aussi étonné l'association avec ce nouveau cépage, c'est sa vigueur : "la vigne a poussé très vite, de manière un peu "sauvage", ce qui est logique puisque les nouvelles variétés résistantes sont issues de croisement de plants européens avec des vignes sauvages d'Asie et d'Amérique, elles ont gardé un côté liane, explique Roland Chevalier. On l'a plantée en mai 2022, et l'on pensait mettre les poteaux et les fils en hiver. En fait, il a fallu les installer en vitesse dès le mois de juin !". Un tunnel s'était même formé entre deux rangs. En 2023, du raisin a été récolté pour en faire du jus, et dès 2024, il a été possible de vinifier la récolte, "et cela sans épuiser la vigne". Le rendement, avec une vigne toute jeune, était de 18 hl/ha. Autre surprise, à l'automne, au lieu de se parer de teintes jaunes et rouges, la végétation est passée sans transition du vert au gris. "On était déçus car on pensait faire, avec la Loire, des photos magnifiques", confie Roland Chevalier.
En plus de l'aspect cépage, l'association a cherché à innover aussi en matière de gestion de l'eau : "au lieu d'envoyer vers la Loire les eaux pluviales du quartier, on a trouvé plus judicieux de les capter sur la parcelle et de les redistribuer en haut de la vigne, sous forme de drains inversés", explique Daniel Thibault, trésorier adjoint et responsable des travaux.
Restauration du patrimoine
"Le clos se trouve dans un lieu patrimonial, au cœur de la Petite cité de caractère de Saint-Florent le Vieil", indique André Retailleau, vice-président de l'association et ancien maire de la commune. C'est pour cette raison qu'outre la restauration de la vigne, l'association a comme mission l'entretien et la restauration du patrimoine bâti : les murs d'enceinte, les cabanes de vigne, et également la cave, qui va être remise à neuf prochainement pour accueillir plus confortablement les bénévoles, le grand public et les scolaires, très impliqués dans le projet.