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Convois de l'eau
Au kiosque de Melle, des élus solennels, et des avis tranchés

Le 12 juillet, la place Jacques Bujault de Melle (79) s'est remplie de maires venus dire non aux violences liées au sujet des réserves. Un discours a été lu à la tribune au nom des élus du territoire. Pro et anti-réserves composaient l'auditoire.

« Nous, élus de la République, de toutes sensibilités, garants de la cohésion de nos territoires, et quels que soient nos avis sur la gestion de l'eau et les réserves de substitution, affirmons haut et fort notre refus de toute forme de violence tant matérielle qu'humaine, morale ou psychologique ». Voilà la phrase qui résume le mieux le discours du président de Mellois en Poitou, Fabrice Michelet, lu au nom de tous les élus présents (près de 200) vendredi 12 juillet en début de soirée sur la place centrale de Melle. 

Le Village de l'eau, organisé du 16 au 21 juillet à Saint-Martin-lès-Melle, ravive chez chacun les traumatismes vécus lors des épisodes de Sainte- Soline. « Notre présence ce soir est un rempart que nous dressons pour protéger nos populations. C'est aussi un rempart contre la peur, qui peut conduire à des actes trop souvent dramatiques », poursuit le président de Comcom au micro.

Pro et anti s'abordent

La peur semble animer toutes les personnes réunies sur la place. « Je suis maire de Pers, et nous avons été éclaboussés par les événements de Sainte-Soline, commune voisine à la nôtre. Ce fut une déferlante, puis des déchets partout, une fontaine cassée, les gens passaient dans les jardins, ils ont saccagé les blés... Plus jamais ! », s'exprime Marie-Claire Guérin, ceinturée de son écharpe d'édile. 

Une peur différente ressort de la trentaine d'opposants aux réserves présents ce soir-là. Parmi eux, Audrey évoque la nécessité de stopper une « agriculture de fuite en avant. Les drains, les sols épuisés : il faut que la puissance publique inverse ces modèles mortifères. Cela va droit dans le mur, et nous ne voulons pas nous y fracasser ». La jeune femme salue ainsi l'initiative du Village de l'eau, pendant lequel des stands permettront de requestionner les modèles agricoles, notamment sur le foncier, l'installation, les pesticides...

Pro et anti-bassines s'apostrophent : « Le modèle bio partout, pourquoi pas, mais que faites-vous de la réalité économique ? » demande un riverain à un militant. Lequel lui tend un tract anti-bassines. « Nous sommes face à une minorité agissante de 6 000 personnes qui fantasment leur agriculture idéale. Mais qui emmerdent surtout 60 millions de Français », s'emporte un habitant de Melle. La fin de la prise de parole des élus a été marquée par de longs applaudissements, mais aussi des cris d'opposants appelant au moratoire.

« Pourquoi nous faire ça, Sylvain? »

Place Bujault, les caméras enregistrent les discussions animées, voire même des prises de bec, entre soutiens aux réserves et opposants. Sylvain Griffault, maire de Melle venu sans son écharpe, est particulièrement apostrophé.

En accueillant pour la deuxième fois un Village de l'eau sur sa commune, il est tenu pour responsable de légitimer l'arrivée sur le territoire de personnes radicales, qui mettent le tissu agricole local à cran : « Pourquoi nous faire ça, Sylvain ? On n'en peut plus, on le vit mal ! » clament des agriculteurs présents. Le fait que le Village de l'eau soit intrinsèquement lié à la lutte anti-bassines et à des mouvements comme Les soulèvements de la terre et BNM - qui appellent à la destruction des biens - écorne l'idée d'un événement dédié seulement au dialogue et à la réflexion sur l'avenir de l'agriculture.

Enlisement des positions

À l'heure où l'autorisation unique de prélèvement (AUP) est amputée de milliers de m3, aucune instance politique locale ne se manifeste pour reprendre la main sur le dossier de la gestion de l'eau agricole, pourtant cruciale. La Coop de l'eau 79 défend son projet collectif, BNM et ses partisans défendent leurs idées. Jusqu'à quand cet enlisement ?

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