Au musée, la fève est reine
Avec plus de 20 000 fèves de galettes des rois, le musée de Blain en
Loire-Atlantique possède une collection unique en France.
Des origines vers 1880 à nos jours, regards sur une tradition bien vivante.
La ville de Blain (Loire-Atlantique) fait la part belle à la fève de galette des rois. Dans son musée des traditions populaires, 20 000 spécimens sont conservés. Cette collection est récente : en 1990, pour une exposition sur l’histoire de la boulangerie, le musée contacte des fabricants de fèves qui envoient leurs modèles. L’exposition rencontre un bon succès public ; la collaboration avec les fabricants se poursuit, s’enrichissant, chaque année, de leurs nouveaux modèles . Les boulangers locaux, mais aussi les grands noms de la gastronomie (Fauchon, Poilâne, Hédiard…) contribuent à son développement. Enfin, des particuliers font don de leur collection.
À travers les époques
Les origines de la fève, en tant que petit objet glissé dans la galette des rois, remontent aux années 1880. Au début, elle est en porcelaine de Saxe (Allemagne), et reprend la forme de la fève-légume, ou une forme proche, celle d’un nouveau-né emmailloté ou dans un sabot. Très vite, les thèmes se diversifient : on trouve des personnages religieux, des colombes, des porte-bonheur…À partir de 1914, les boulangers français se tournent vers des fabricants de leur propre pays. Du côté de Limoges, plusieurs maisons font des fèves en porcelaine. Les thèmes foisonnent, souvent en lien avec l’actualité. Les thèmes classiques des animaux de la ferme, des lunes (pleines ou en croissant), des couronnes, des portes-bonheur continuent à être très présents. À partir des années 1950, les fèves se font en matière plastique. Avec même quelques accidents : certaines d’entre elles fondent à la cuisson ou donnent des mauvais goûts au gâteau. Dans les années 1970, certains essais sont faits avec de la pâte de verre : avec là encore quelques accidents de paillettes dans la pâte . Autre tentative qui ne durera guère : les fèves en métal doré apparaissent vers 1985. Mais avec la généralisation des micro-ondes, les risques d’accidents se font trop grands. Depuis les années 1980, et surtout les années 1990, les fabricants de fèves n’ont plus de limites dans leur créativité : provinces de France, pays d’Europe, sports, voitures, avions, phares, coquillages, chouettes, perroquets… L’époque est aussi celle de la fabrication sous licence : personnages de BD, de dessins animés, de films...
Catherine Perrot
Le musée de Blain est ouvert du mardi au samedi, de 14 h à 18 h. Renseignements : www.musee-de-blain.fr, ou au 02 40 79 98 51. Chaque année, il organise une bourse aux fèves. La prochaine aura lieu le 28 mars.