Bilan de santé de la Pac : prendre plus en compte les actifs
À l’occasion du Conseil d’administration de la FRSEA, le lundi 23 mars, les responsables syndicaux de la région ont examiné les conséquences des mesures prises par le ministre de l’Agriculture et ont pris des positions sur les décisions qui restent à prendre. « Pour les responsables syndicaux, la période n’est pas simple, indique Joël Limouzin, président de la FRSEA des Pays de la Loire : les agriculteurs commencent à faire leurs comptes et constatent que très souvent, l’addition sera en fait une soustraction. Nous avons potentiel-lement tous les ingrédients pour diviser la profession entre les différentes productions ou les différents territoires. Par chance, en Pays de la Loire, nous avons toujours tenu le même cap : d’abord nous avons dit qu’il faudrait des évolutions parce qu’il y avait des injustices auparavant ; nous n’avons jamais caché aux agriculteurs que le ministre allait faire bouger les lignes et rééquilibrer les soutiens ; en clair cela voulait dire de baisser les soutiens des uns pour les donner à d’autres… Nous avons préparé les agriculteurs à ces évolutions et je pense que nous avons eu raison. Mais au-delà de ça, nous avons aussi toujours fait des propositions réalistes, acceptables par le plus grand nombre. Aujourd’hui, je sens une grande cohésion au sein de la FRSEA et une vision partagée ».
De nombreuses questions restent en suspens
Sur un plan national, un groupe de travail s’est déjà réuni pour répondre aux nombreuses questions qui restent en suspens. La première de ces questions est de connaître les montants qui vont revenir sur les hectares d’herbe, sachant que le ministre a annoncé que le retour serait plus important sur les 50 premiers hectares et que la transparence pour les Gaec était acquise. « Ces décisions du ministre répondent à notre demande de prise en compte des actifs, affirme Joël Limouzin ; pour les montants, notre position est claire : il faut une vraie différence entre les 50 premiers hectares et les suivants ; sinon l’objectif recherché, à savoir la prise en compte des actifs, ne sera pas atteint. D’une façon générale, je trouve que cette question des actifs n’est pas encore suffisamment prise en compte : si on regarde le cas des exploitations produisant des surfaces modestes de grandes cultures et des productions végétales spécialisées, par exemple, elles vont subir de forts prélèvements et n’auront aucun retour, alors qu’elles sont créatrices de très nombreux emplois ; ce n’est pas normal ».
La deuxième question urgente est de savoir ce qu’il adviendra du solde des montants provenant du découplage des aides, représentant 11 % pour la Scop et 12,5 % pour la PMTVA ; le ministre demande à la profession d’arbitrer. Joël Limouzin présente la position de la FRSEA : « pour le solde des aides Scop, notre position est très nette : le solde doit revenir à l’agriculteur dans ses DPU historiques, sinon ce sera ingérable pour tous ceux qui sont fortement prélevés, les Scopeurs, mais aussi les producteurs de porcs, les engraisseurs bovins, et les autres … Pour le solde de la PMTVA, nous sommes en train de travailler sur une proposition de retour plus fort à ceux qui font de l’engraissement, car c’est une activité qui crée de la valeur ajoutée et de l’emploi en aval ; mais il faut être conscient que ce ne sera peut-être pas la priorité des autres régions ; le plus sage sera sûrement de demander un retour dans les DPU historiques, comme pour le solde Scop ».
Enfin, Joël Limouzin résume l’avis unanime des responsables de la FRSEA : « le débat sur la répartition des soutiens est très important et nous sommes présents ; mais le plus important est ailleurs : il est dans la défense du prix de nos produits. Aucune aide ne remplacera des prix rémunérateurs. C’est la raison pour laquelle nous travaillons aussi, avec nos sections, sur l’organisation économique et la répartition des marges avec l’aval ; et là, croyez-moi, nous ne sommes pas prêts de baisser les bras ».
Jean-Paul GOUTINES
Réorientations de la Pac
La FDSEA de Maine-et-Loire mobilisée sur ce qui reste en discussion
« Il faut tout mettre en œuvre pour faire reconnaître les risques de fragilisation de certaines filières et certaines exploitations », avait conclu Christiane Lambert à l’issue du Conseil d’administration de mars où les décisions de Michel Barnier avaient été présentées. Cette détermination se traduit depuis par un travail intense en interne dans les différentes sections par production, au plan départemental et régional, et par des interpellations auprès du ministre de l’Agriculture lors de sa venue en Maine-et-Loire (cf L’Anjou agricole du 13 mars 2009), auprès du président du Conseil général, tête de liste UMP aux européennes, auprès des parlementaires qui ont tous été destinataires des analyses et des revendications avant le débat parlementaire qui se tenait jeudi après-midi à l’Assemblée nationale, et qui seront tous rencontrés par une délégation de responsables entre le 27 mars et le 3 avril.
Ce lundi 23 mars, une délégation a été reçue par Christophe Béchu. Le président de l’assemblée départementale, candidat aux européennes a reconnu que l’exercice de décorticage et d’analyse des décisions françaises lui avait permis de mieux mesurer l’impact financier global pour le département, et les spécificités de certaines exploitations ou filières pour lesquelles les risques de fragilisation sont énormes.
Le département perdrait plus de 9 millions d’euros, soit près de 7 % de ses soutiens. Des exploitations de petite taille avec des aides importantes à l’hectare en sont l’explication principale. Le président du Conseil général, très à l’écoute, a reconnu que l’explication était nécessaire et qu’il n’avait pas perçu toutes les subtilités d’un système compliqué, ni les impacts financiers importants pour certaines exploitations du département. Il s’est engagé sur deux points : - se faire le porte-parole des revendications auprès du ministre de l’Agriculture et élargir ce débat aux autres candidats engagés, - à un devoir de suite, une sorte de clause de rendez-vous au delà des élections pour mesurer le besoin de soutien aux secteurs fragilisés.
P.G.